Cryptos contre infos : piégé par le FBI, il risque la peine capitale
Un ancien employé de la célèbre agence de renseignements américaine (la NSA) risque la peine capitale pour avoir tenté de vendre des documents classés top secret contre une somme importante en cryptomonnaie.
Piégé par un agent du FBI
Jareh Sebastian Dalke, un Américain de 30 ans originaire de Colorado Springs, a été arrêté mercredi dernier par le FBI. Il s’apprêtait à vendre 3 documents sensibles provenant de la National Security Agency en échange de 85 000 $ en cryptomonnaie.
D’après le communiqué de presse du Département de la justice américain (DoJ), Dalke travaillait pour la NSA en tant que concepteur en sécurité des systèmes d’information entre le 6 juin et le 1er juillet 2022. Il aurait transmis, par le biais de courriels chiffrés, les extraits de 3 documents classés NDI (Informations sur la Défense nationale) à un individu travaillant pour une puissance étrangère.
Malheureusement pour Dalke, l’individu en question était Rebecca Shaw, un agent secret du FBI. Cette dernière a réussi à le piéger après plusieurs échanges.
C’est le 29 juillet que Dalke a commencé à échanger avec l’agent du FBI basé à Denver (Colorado). Il a utilisé une messagerie chiffrée pour appâter son supposé client. Le nom du service en question n’a pas été révélé dans la déclaration sous serment de Rebecca Shaw. Après avoir fourni des extraits des 3 documents secrets, il a demandé la somme de 85 000 dollars en échange des documents complets.
Les informations présentes dans les documents concerneraient, entre autres, les pays ciblés par le programme de cybersurveillance étasunien, et son mode opératoire.
Ce ne sont pas le genre de documents à revendre aux Russes quand on est employé par la NSA…
Des dettes à l’origine de l’échange
Les motivations de Dalke seraient financières. En effet, fortement endetté par un prêt étudiant et un solde débiteur de plus 50 000 dollars, il a profité de l’accès privilégié à ces informations pour tenter de rembourser son dû.
Le 24 août, l’agent du FBI a commencé par lui envoyer 100 dollars en crypto en guise de “test“. Dalke a confirmé la bonne réception de la somme le même jour. L’agent secret lui a ensuite promis 85 000 dollars en crypto en échange du restant des documents. Le lendemain, Shaw lui a également transféré l’équivalent de 4 818 dollars en guise de bonne foi.
Dalke a immédiatement transféré les premières cryptos reçues sur une plateforme de change. Dès réception, il les a converties en dollars et effectué un virement bancaire.
Le piège du FBI
Confiant, Dalke a commis une erreur fatale. Il a accepté de se rendre dans un endroit spécifique pour procéder à l’échange. La connexion sécurisée qu’il était censé utiliser pour envoyer les documents se trouvait dans la gare du centre de Denver. C’était un piège tendu par le FBI, qui procéda à son arrestation le 28 septembre.
Dalke est également confondu grâce aux échanges crypto-dollars, réalisés via la plateforme de change Kraken. Son compte était associé à sa véritable identité, via les processus de connaissance client (KYC) de la plateforme.
Dalke fait face à trois chefs d’accusation en violation de l’Espionage Act. Transmettre des informations classées “secret” ou “top secret” à une nation étrangère est en effet un crime. Les peines peuvent aller de la prison à vie à la peine de mort.
Une crypto anonyme ?
Le nom de la cryptomonnaie utilisée pour effectuer les paiements n’est pas mentionné dans la déclaration sous serment.
Cependant, il est précisé que le paiement de 99,90 $ correspondait à 0,64 unités le 24 août. Le paiement suivant (4 818,04 $) correspond à 30,77804805 unités le 25 août. On peut donc raisonnablement penser qu’il s’agit de Monero (XMR) en recoupant ces informations.
Monero est une cryptomonnaie supposée anonyme. Dalke a tout d’abord reçu les cryptos sur un wallet privé avant de les transférer sur son compte Kraken. Le FBI aurait donc à sa disposition une méthode permettant de tracer ces transactions.
Comme nous l’avons vu dans le cas de l’affaire Snowden, diffuser des informations au sujet de la NSA est une très mauvaise idée – lorsqu’on se fait prendre. Dans le cas de Dalke, il n’y a pas de fuite à Hong Kong ou en Russie possible. Il va probablement passer le reste de sa vie derrière les barreaux, s’il échappe à la peine capitale.