Cyberattaques de la Corée du Nord : l’ONU enquête sur le vol de 3 milliards $ de cryptos
Profession pirate. Encore récemment, les hackers du groupe Lazarus ont fait parler d’eux en effectuant une série de grosses transactions en cryptomonnaies. Avec un butin total de leur cyber-larcin estimé à 3 milliards de dollars depuis 2017, l’Organisation des Nations-Unies (ONU) a étudié les méthodes et le but de ces attaques de pirates qui proviendraient de la Corée du Nord.
58 cyberattaques présumées de la Corée du Nord
Comme le rapporte notamment Reuters, les inspecteurs des sanctions de l’ONU vont bientôt publier les détails de leur enquête sur les attaques de pirates informatiques qui seraient soutenues par la République Populaire Démocratique de Corée (RPDC).
La Corée du Nord est sous sanctions de l’organisation supranationale depuis 2006, car le Conseil de sécurité de l’ONU lui a interdit de mener des essais nucléaires et des tirs de missiles balistiques. Et il semblerait que ce soit justement dans le but de financer son programme nucléaire que les vols de cryptomonnaies seraient organisés.
« Le groupe [des inspecteurs de l’ONU] enquête sur 58 cyberattaques présumées de la RPDC contre des entreprises liées aux cryptomonnaies entre 2017 et 2023. D’une valeur totale d’environ 3 milliards de dollars, ces attaques aideraient à financer le développement d’armes de destruction massive (ADM) de la RPDC (…) qui a continué à se jouer des sanctions du Conseil de sécurité. (…) La RPDC a continué à développer des armes nucléaires et à produire des matières fissiles nucléaires, bien que son dernier essai nucléaire connu ait eu lieu en 2017. »
Les groupes de hackers comme Lazarus en service commandé ?
Selon les inspecteurs de l’ONU, les pirates informatiques comme ceux du Lazarus Group seraient ainsi des sortes d’agents de renseignement spécialisés, rattaché au Bureau général de reconnaissance de la Corée du Nord.
Les cyberattaques nord-coréennes « présumées » (car Pyongyang les a toujours niées jusqu’ici) cibleraient des « entreprises de défense et des chaînes d’approvisionnement » selon les inspecteurs aux sanctions.
Si certains membres du Conseil de sécurité de l’ONU, dont principalement les États-Unis, aimeraient renforcer ces sanctions qui semblent manquer d’efficacité, deux autres membres – la Chine et la Russie – préféreraient, au contraire, assouplir les sanctions pour tenter de normaliser les relations avec la RPDC, dans l’espoir de « reprendre les pourparlers sur la dénucléarisation ».
En somme, tenter le dialogue et la carotte plutôt que la coercition et le bâton, ces deux derniers ne marchant manifestement pas depuis près de 20 ans de sanctions – surtout que ces sanctions ont déjà été continuellement renforcées depuis 2006, sans plus d’effets. Et c’est d’ailleurs la même chose pour les produits de luxe : bien que l’ONU ait imposé des sanctions interdisant la vente d’articles de luxe à la RPDC, ces derniers sont bien présents dans le pays Kim Jong-un, selon les inspecteurs en sanctions.