Cryptomonnaies : un nouveau géant du dark web s’effondre aux USA
Uncle Sam is watching you. L’affaire ne date pas d’hier. Le vendredi 14 juin, alors que notre côté de la Terre tombait dans les bras de Morphée, Chicago a été le théâtre d’un coup de filet impressionnant. Deux hommes, Thomas Pavey et Raheim Hamilton, ont été inculpés pour avoir exploité l’une des plus grandes marketplace du dark web, « Empire Market ». Ce site, qui a permis 430 milllions de dollars de transactions anonymes, a été démantelé par les autorités américaines, il y a deux ans. Une victoire pour les forces de l’ordre, qui soulève des questions sur l’équilibre entre sécurité et liberté. Questions qui n’ont pas attendu les cryptomonnaies pour exister. Une guerre contre l’incontrôlable que les USA mènent avec ferveur.
Empire Market, la marketplace du dark web qui valait 430 millions de dollars
C’est dans un communiqué de presse du ministère de la Justice américaine (DoJ) que nous apprenons donc que les deux complices sont accusés d’avoir dirigé Empire Market depuis 2018 jusqu’à sa fermeture en 2020. Les sombres héros de notre affaire étaient déjà connus pour avoir vendu de la fausse monnaie sur AlphaBay, une autre marketplace du darkweb.
Pendant la période d’activité de la marketplace, le site aurait ainsi facilité environ quatre millions de transactions. Comment ? En vendant de tout, « de l’héroïne et de la méthamphétamine aux cartes de crédit volées et à la monnaie contrefaite.» À l’aide de logiciels d’anonymisation spécialisés, les utilisateurs accédaient à ce marché via une adresse se terminant par «.onion », symbole de son ancrage dans le réseau TOR.
Toutes les transactions sur Empire Market étaient effectuées en cryptomonnaies. D’ailleurs, au cours de l’enquête, les forces de l’ordre ont d’ailleurs saisi 75 millions de dollars en crypto.
Le dark web, la bête noire de la justice américaine
L’acte accuse donc Pavey et Hamilton de complot pour trafic de drogue, fraude informatique, fraude aux dispositifs d’accès, contrefaçon et blanchiment d’argent. Ces charges, si elles sont prouvées, pourraient conduire à une peine maximale d’emprisonnement à perpétuité. Les deux hommes sont actuellement en détention. Ils sont en attente de leur comparution devant le tribunal fédéral de Chicago.
Rien de surprenant face à une telle peine. En effet, les États-Unis ont toujours montré une aversion pour ce qu’ils ne peuvent pas maîtriser. Et, le fait que le dark web tisse sa toile a toujours agacé le pays de l’oncle Sam. Cette politique de guerre contre l’incontrôlable se reflète d’ailleurs dans les actions récentes menées contre le secteur crypto. Les autorités américaines craignent que l’usage croissant des cryptomonnaies pour des transactions illicites ne sape la confiance dans le système financier traditionnel, et surtout en leur dollar chéri.
Dark web et cryptomonnaies : un débat encore chaud
Il ne s’agit pas là de défendre les activités illégales, comprenons-nous bien. Cependant, la possibilité d’une peine de prison à vie pour de tels faits questionne. Elle fait écho à la situation de Ross Ulbricht, fondateur de Silk Road, marketplace qui fut un temps la reine du dark web. Ce dernier a écopé de deux peines de plus de 40 ans de prison. Entrepreneur passionné par le libre marché et la vie privée, il avait 26 ans lorsqu’il a créé le site. Il n’a jamais été poursuivi pour coups et blessures et aucune victime n’a été nommée au procès.
Les deux affaires soulèvent des questions sur les libertés individuelles et les idéaux fondateurs des cryptomonnaies. Satoshi Nakamoto, le créateur de Bitcoin, avait une vision d’un système financier décentralisé, libre de l’emprise des autorités centrales. Cette philosophie prône la liberté financière et la protection de la vie privée.
Cependant, l’utilisation des cryptomonnaies pour faciliter des activités illégales soulève des dilemmes moraux et juridiques complexes. D’un côté, il est essentiel de lutter contre les crimes graves tels que le trafic de drogue et le blanchiment d’argent. De l’autre, les peines sévères pour l’utilisation de plateformes décentralisées peuvent sembler en contradiction avec certains idéaux de liberté. De fait, trouver un équilibre entre sécurité et liberté reste un débat tellement vif. Même Donald Trump s’en est emparé en avançant la libération de Ross Ulbricht s’il devenait de nouveau président des USA.
Conclusion
Vous l’aurez compris. Cette arrestation s’inscrit dans un contexte plus large de la lutte des États-Unis contre tout ce qu’ils ne peuvent contrôler. Une guerre qui montre peut-être déjà ses premiers effets puisque des sociétés d’analyses comme Chainalysis constatent une baisse de la criminalité crypto. La tension entre régulation et innovation est palpable. Tellement palpable que les cryptomonnaies semblent être devenues un enjeu politique pour les futures élections présidentielles aux USA.
Magali
De simple lectrice en 2017 à rédactrice en chef depuis septembre 2023, j'allie maintenant l'écriture à mes connaissances à travers mes articles pour Le Journal du Coin. Mon seul but est celui de vous informer sur l'univers de demain : celui de la blockchain, des cryptomonnaies, des NFT et du metaverse. Persuadée que Bitcoin est une révolution, j'entends participer à la vulgarisation de notre écosystème.
