Crypto : Le fondateur de la plateforme BitClout dans le viseur de la SEC
La location d’un manoir à Beverly Hills. Qu’est-ce que vient faire la location d’un manoir de luxe dans un dossier crypto ? Si vous vous posez la question, sachez que la SEC aussi se l’est posée ! Et la réponse du juge sera probablement : rien du tout. Bienvenu dans une nouvelle affaire judiciaire liée à la plateforme crypto BitClout et plus particulièrement à son fondateur Nader Al-Naji. Le régulateur américain vient en effet de déposer un dossier auprès du procureur du District Sud de New-York dans une affaire de vente de titres non enregistrés, mais aussi de dépenses plutôt louches faites par la direction pour son propre compte. Direction la Grosse Pomme pour des détails supplémentaires.
La SEC reproche à Nader Al-Naji d’avoir vendu pour 257 millions de $ de titres non enregistrés…
Dans le dossier judiciaire de 29 pages rendu public il y a quelques jours, on apprend donc que le fondateur de BitClout aurait vendu pour 257 millions de dollars de titres financiers non enregistrés par le biais du jeton maison : le BTCLT. Le régulateur lui reproche donc ces ventes non autorisées, mais aussi des irrégularités dans le fonctionnement de l’entreprise, comme des promesses faites aux investisseurs qui n’auraient pas été respectées, voire qui auraient été mensongères.
Ainsi, Nader Al-Naji aurait affirmé à ses investisseurs, mais aussi aux cabinets juridiques qui ont supervisé les contrats que « le projet était décentralisé, sans aucune société à la gouvernance et qu’il se contentait de piloter les choses à distance ». A-t-il fait cela afin d’éviter des contrôles supplémentaires ? Pour Gurbir S. Grewal, un responsable de la SEC, la réponse est oui :
« Comme l’affirme notre plainte, M. Al-Naji a tenté d’échapper aux lois fédérales sur les valeurs mobilières et a fraudé les investisseurs en prétendant être décentralisé, manœuvre faite également afin de dissuader le régulateur de le poursuivre. »
Gurbir S. Grewal, responsable de Division à la SEC – Dossier judiciaire
… et d’avoir dépensé de 7 millions de $ qui n’étaient pas vraiment à lui pour son compte
Mais non content d’avoir vraisemblablement trompé son monde, le responsable de l’entreprise BitCloud aurait également dépensé une partie des fonds des clients et la justice cite notamment la location d’un manoir à Beverly Hills et de généreux cadeaux à sa famille. Alors quand on dit généreux, on est plutôt sur une litote, car les enquêteurs ont quand même donné le chiffre de 7 millions de dollars !
Finalement, la mère du mis en cause, sa femme et d’autres entités commerciales liées à Nader Al-Naji sont aussi citées dans la plainte comme bénéficiaires de ces fonds manifestement mal acquis. Enfin, un autre projet de M. Al-Naji appelé Decentralized Social est aussi dans le viseur de la justice, mais les choses sont moins claires puisque des investisseurs affirment toujours que tout est normal dans la trésorerie. On verra si la justice trouve des raisons d’aller plus avant dans les investigations sur ce volet du dossier.
Bien sûr, à ce stade de l’affaire, tout le monde est présumé innocent et la justice devra faire la démonstration de la culpabilité de Nader Al-Naji, même s’il va avoir bien du mal à justifier les dépenses dénoncées par les enquêteurs. Tout ceci a comme un air de déjà-vu et même un petit arrière-goût (amer) de FTX avec des propriétés aux Bahamas payées avec les fonds des clients. Affaire à suivre.