Cryptomonnaies : Les stablecoins en Europe deviennent « vulnérables » d’aprés le PDG de Circle
A jamais les premiers. Le 1er juillet en début d’après-midi, on apprenait que Jeremy Allaire, le PDG de Circle allait organiser une conférence de presse à Paris et le dirigeant promettait sur les réseaux sociaux une grande annonce. Pour les observateurs avisés, pas vraiment de suspense car l’imminence de l’application du règlement MiCA laissait évidemment penser qu’il serait question de stablecoin et de régulation…et ce fût effectivement le cas. Ainsi, aux environs de 17h, Circle et ses stablecoins USDC et EURC devenaient les premiers à être officiellement régulés en Europe et prenaient une longueur d’avance sur la concurrence. Retour sur une annonce importante qui pourrait modifier la hiérarchie des stablecoins en Europe.
Circle est le premier émetteur de stablecoins à se conformer au règlement MiCA
Le règlement Markets in Crypto-Assets, de son petit nom MiCA, entend poser un cadre règlementaire commun aux pays de l’Union Européenne afin de réguler le marché des cryptoactifs. Parmi les multiples facettes de ce texte pas toujours simple à comprendre ni à appliquer comme nous le verrons un peu plus tard, il y a un volet stablecoin que Circle est le premier à respecter à la lettre. Et c’est ainsi que Jeremy Allaire a pu faire la déclaration suivante devant un parterre de journalistes de la presse spécialisée :
« Circle est le premier émetteur mondial de stablecoins à se conformer à la MiCA à compter du 1er juillet (…) Circle pourra dorénavant émettre ses stablecoins USDC et EURC dans ce cadre réglementaire. »
Jeremy Allaire, PDG de Circle – Source : The Block daté du 1er juillet 2024
Avant d’arriver à cette annonce, Circle œuvrait depuis des mois pour se conformer aux lois européennes et la société américaine avait par exemple réussit à obtenir un enregistrement comme prestataire de services sur actifs numériques (PSAN) auprès de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF).
Dans une certaine confusion, les acteurs de la crypto mondial tentent de se conformer aux nouvelles exigences de l’UE
Et ce parcours administratif ne fut pas de tout repos pour les équipes du pôle juridique de Circle comme le montre les difficultés de la concurrence à suivre le même chemin. De nombreuses zones d’ombre demeurent quant à l’application des textes de lois et pour mieux s’en rendre compte, laissons la parole au patron de Tether, le leader mondial des stablecoins qui déplore une situation délicate depuis des semaines et qui a récemment réitéré ses difficultés :
« Le règlement MiCA contient plusieurs exigences problématiques qui pourraient non seulement rendre le travail d’un émetteur de stablecoin extrêmement complexe, mais aussi rendre les stablecoins sous licence européenne extrêmement vulnérables et plus risqués à exploiter. »
Paolo Ardoino, PDG de Tether – Source : The Block daté du 26 juin 2024
Dans cet environnement relativement incertain et plutôt confus, chacun doit se positionner et du côté des plateformes de cryptomonnaie, la prudence est de mise. Binance et son patron Richard Teng ont par exemple, déclaré « restreindre l’accès aux pièces stables non autorisées en Europe d’ici le 30 juin » mais sans forcément cité l’USDT vers lequel tous les yeux sont braqués. Le leader mondial des exchanges crypto a fini par annoncer que « des mises à jour sur les stablecoins réglementés seront bientôt partagées ».
De nombreux responsables d’entreprises du secteur reconnaissent mezzo voce que l’application du règlement MiCA pose problème, même si l’ensemble des nouvelles règles ne devraient pas s’appliquer avant le mois de décembre 2024. Mais en attendant, il se pourrait que Circle s’impose en Europe avec l’USDC, son stablecoin en dollar bien connu, mais que son petit frère en euro, l’EURC, prennent également des parts de marché importantes à la concurrence. Mais d’autres acteurs comme la filiale FORGE de la Société Générale et son EURCV entendent bien exister dans ce marché naissant des cryptomonnaies dites stables.