« La valeur du Bitcoin est très proche de zéro » : Le numéro 2 de la Banque Nationale suisse s’attaque au BTC
En bref. Lors de la conférence annuelle du Groupement patronal des gérants de patrimoines à Genève, qui s’est tenue le 7 octobre dernier, Antoine Martin, a vivement critiqué le Bitcoin. Selon lui, la valeur à long terme de la première cryptomonnaie est « très proche de zéro ». Par ailleurs, il a déclaré qu’il existe « très peu de cas d’usage où cela vaut la peine d’utiliser des cryptomonnaies ». Un propos qui peut surprendre, la Suisse étant plutôt vue comme un pays crypto-friendly.
Bitcoin ira à 0 d’après le numéro 2 de cette banque nationale
Les mots sont rudes de bons matins, alors que le cours du BTC flirte avec les 60 000 dollars.
« La valeur long terme du bitcoin est très proche de zéro »
Adoption bancaire et scepticisme réglementaire en suisse
Malgré cette prise de position de la BNS, la Suisse reste un acteur important de notre écosystème, en particulier grâce à sa régulation et son environnement favorables pour les entreprises blockchain. Le pays, via l’autorité de régulation des marchés financiers (FINMA), a même mis en place un cadre spécifique qui classe les tokens en trois catégories principales : tokens de paiement, tokens d’utilité et tokens adossés à des actifs. Ce cadre permet aux entreprises suisses de développer des projets blockchain tout en restant conformes aux lois locales.
Par ailleurs, le pays abrite la célèbre Crypto Valley dans le canton de Zoug, ou encore la célèbre ville Bitcoin de Lugano dans le canton du Tessin. Bref, c’est un petit pays où de grandes banques telles que Maerki Baumann et la Banque Cantonale de Zoug ou encore ZKB fournissent déjà des services de trading crypto pour leurs clients aisés. De plus, des banques privées comme Vontobel ou Julius Bär collaborent avec des spécialistes de la blockchain pour offrir des options de stockage et d’investissement en cryptos à leurs riches clients.
La Suisse se distingue donc par un cadre légal clair, où les cryptomonnaies sont considérées comme des actifs, ce qui permet une taxation transparente. Cet environnement a attiré plus de 1000 entreprises blockchain à s’établir dans le pays. Ces entreprises bénéficient d’une législation favorable mais isolée de l’Europe, ce qui fait de la suisse un pôle d’attraction pour les capitaux, certes, mais dont l’attraction peut potentiellement diminuer avec l’arrivée du règlement MiCA et le scepticisme du régulateur.
Vers un franc numérique ?
De fait, cet article sera aussi mince que les propos d’Antoine Martin qui expriment clairement les doutes de la BNS concernant le Bitcoin. Ce dernier semble plutôt intéressé par la création d’un « Franc numérique ».
En effet, en parallèle à son scepticisme sur le Bitcoin, la Banque Nationale Suisse (BNS) explore activement le concept de monnaie numérique de banque centrale (MNBC), avec une forte focalisation sur le développement d’un franc numérique. Contrairement aux cryptomonnaies, qui sont décentralisées et volatiles, une MNBC est une monnaie émise directement par une banque centrale, entièrement régulée et adossée à la monnaie fiduciaire du pays. Et ça, la BNS, elle aime. Nous, moins.
Le yuan numérique chinois (ou e-CNY) est l’une des MNBC les plus avancées. Il est émis par la Banque populaire de Chine (PBoC) et est utilisé dans des transactions quotidiennes via une application mobile. La Chine, elle, adore son E-CNY car il permet la surveillance des flux financiers, la réduction de la fraude et il facilite les paiements internationaux sans dépendre des intermédiaires comme les banques commerciales.
Avec un législateur parfois frileux et des banques nationales sceptiques face au bitcoin, la Suisse semble quelque peut s’essouffler dans sa course aux cryptomonnaies, alors que l’Europe semble, elle, trouver dans MiCA un terrain d’entente, critiqué et critiquable. En Suisse, l’intérêt pour un franc numérique répond à ces mêmes objectifs, en plus de renforcer la souveraineté monétaire.