Worldcoin : Le projet crypto toujours vu d’un mauvais œil
- Malgré ses promesses, Worldcoin suscite toujours des critiques et des inquiétudes en matière de respect de la vie privée et de collecte de données biométriques.
- Le projet a cependant effectué des efforts significatifs pour améliorer la transparence et la sécurité de ses 10 millions d’utilisateurs.
Comme la prunelle de mes yeux. Le respect de notre vie privée en ligne et la confidentialité de nos interactions sur internet devrait être au centre des préoccupations des entreprises du secteur numérique, mais surtout au cœur des exigences des citoyens devenus consommateurs. Or, année après année, on s’aperçoit que cette problématique ne passionne pas vraiment les foules et que le message des lanceurs d’alerte comme Edward Snowden n’a pas suffi à inquiéter le grand public de ce qui se joue derrière nos écrans. Et il en va manifestement dans le Web3 comme dans le Web2 ! Les géants de l’industrie ne sont pas tous centrés sur les valeurs originelles de liberté et de vie privée véhiculées par les tous premiers bitcoiners et les mêmes débats, les mêmes inquiétudes entendues lors des débuts d’internet ou des réseaux sociaux traversent actuellement l’écosystème crypto.
Et parmi les différents projets blockchain qui fleurissent actuellement sur le marché, s’il en est un qui cristallise une partie des angoisses et des paranoïas modernes, c’est bien le projet Worldcoin de Sam Altman. Big Brother 3.0, collecte de données biométriques illégales, identité décentralisée, fin de l’anonymat, on lit tout sur ce « projet d’identification centré sur l’IA » qui affole les défenseurs des libertés individuelles sur tous les continents. Faisons le point sur cette cryptomonnaie qui a tout de même tapé dans l’œil de plus de 10 millions de personnes.
Côté pile, le projet Worldcoin résout certains problèmes liés à l’identité en ligne
Un des premiers à avoir tiré la sonnette d’alarme publiquement fut Edward Snowden, défenseur invétéré des libertés individuelles en ligne, qui demande aux équipes de Worldcoin de cesser de stocker les données biométriques de la population contre une poignée de dollars. Les 25 WLD distribués contre le scan de chaque iris est une hérésie pour une grande partie de la cryptosphère qui voit d’un très mauvais œil cette perte de souveraineté sur ses propres données personnelles.
D’ailleurs, trouver des personnalités qui critiquent le principe même de cette collecte n’est pas compliqué et nous pourrions, par exemple, citer Vitalik Buterin qui a publié plusieurs messages à ce sujet ou plus récemment Vahan P. Roth, membre du conseil d’administration de Swissgrams AG pour qui Worldcoin « contredit de manière flagrante la philosophie centrale des cryptomonnaies comme les principes fondamentaux d’anonymat et de décentralisation sur lesquels Bitcoin et ses pairs ont été fondés ». Pour Rory Mir, directeur de Electronic Frontier Foundation, « la sécurité de ses données est essentielle ».
Côté face, Sam Altman inquiète les défenseurs de la vie privée malgré ses promesses de sécurité renforcée
Car vous n’avez « qu’un seul corps » poursuit-il, et « lorsque ces données sont collectées et utilisées pour vous suivre, vous n’avez que peu de recours ». Et ces spécialistes ont été rejoints récemment par plusieurs instances nationales de protection des usagers numériques en Inde, au Brésil, en France, en Corée du Sud, au Kenya, en Allemagne ou encore à Hong-Kong qui interdisent ou limitent la collecte, voire qui l’interdisent purement et simplement.
Face à cette levée de boucliers, la direction de Worldcoin a fait de nombreux efforts pour améliorer sa technologie et tendre vers plus de transparence et de sécurité, comme avec son logiciel Orb dorénavant disponible à la communauté en étant open source. De même, une nouvelle fonctionnalité permet désormais aux utilisateurs de conserver eux-mêmes les données biométriques collectées, enfin un audit a été mené par une société indépendante concernant la sécurisation du système.
Du bout des lèvres, certains reconnaissent finalement que Worldcoin va dans la bonne direction et que les améliorations sont notables. L’entreprise, elle, continue d’affirmer que « son processus de vérification de l’humanité et la technologie open source utilisée pour vérifier les individus sont nouveaux, complexes et donc facilement mal compris ». S’agirait-il finalement d’un simple malentendu entre une technologie trop novatrice et les esprits chagrins du Web3, comme le sous-entendent les équipes du projet ? Tout le monde n’est pas d’accord avec ça.