Cryptomonnaies : comment cette élection va changer la crypto à jamais ?
Wall Street, la Sillicon Valley, peu importe d’où l’on regarde, les États-Unis sont un pôle majeur de la finance, de la technologie et de l’économie mondiale. Les échanges internationaux s’exécutent en dollars, les institutions américaines sont omniprésentes partout et globalement, lorsque l’Oncle Sam s’exprime, le monde écoute.
Cette place hégémonique de première économie mondiale n’est pas sans conséquence pour le reste du monde, et c’est d’autant plus vrai dans l’écosystème crypto.
Les actions réglementaires américaines et leur influence sur la crypto
Un jour, le département du trésor américain tape du poing et fait fermer le mixeur de cryptomonnaies Tornado Cash. Le lendemain, c’est au tour de la SEC de faire les gros yeux et d’intenter un procès à Binance. Le jour d’après, le plus gros gestionnaire de fonds au monde passe le pied dans la porte et nous offre le premier ETF spot sur Bitcoin.
Vous l’aurez compris, lorsqu’on parle de l’écosystème crypto, les États-Unis constituent clairement un hub majeur pour cette nouvelle industrie et chaque mouvement d’orteil de l’Oncle Sam est monitoré de près par les acteurs de ce nouveau marché. Et à raison, vous vous souvenez de ce qu’on appelle aujourd’hui l’opération Chokepoint 2.0 ?
Pour rappel, c’est une initiative visant à limiter l’accès au système financier américain aux entreprises ayant un lien avec les cryptos. Son objectif principal affiché est de lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. La SEC de Gary Gensler a été un acteur majeur de cette opération, et tout ça a clairement jeté un froid sur l’écosystème ces dernières années.
Cela fait maintenant deux ans que les régulateurs américains font pression sur les banques pour qu’elles cessent de fournir des services aux entreprises crypto. On parle de fermetures de comptes, de refus de prêts et d’interdiction de transactions par exemple.
En gros, l’idée est de créer des goulots d’étranglement et d’asphyxier les entreprises qui fournissent des services liés aux actifs numériques. Ce n’est pas anodin et clairement, la présidence de Biden n’aura pas été de tout repos pour notre industrie.
Pour la petite histoire, la première opération Choke point provient du Department of Justice et a eu lieu en 2013, sous Obama, pour se terminer peu de temps après l’investiture de Donald Trump. Cette initiative visait les banques et l’opération Choke point 2.0 n’en est que la continuité, appliquée pour les cryptos, et sous le mandat de Joe Biden.
Si l’on met cela en relation avec les partis politiques des occupants du bureau ovale, on se rend compte que les deux opérations Choke point ont eu lieu sous des présidences démocrates, donc certains spéculent qu’une présidence républicaine changerait pas mal de choses à ce niveau-là. Ben oui, si l’on veut faire de gros raccourcis, les républicains sont tout de même davantage en faveur de tout ce qui touche de près ou de loin au monde financier, et les crypto ne dérogent pas à la règle.
L’effet de l’oncle Sam sur les cryptomonnaies
Cela dit, les choses bougent, et même du côté des démocrates, on commence à voir des candidats pro-crypto, à l’image du neveu du célèbre John Fitzgerald Kennedy, Robert F. Kennedy Junior. Ce dernier a plusieurs fois affiché son enthousiasme vis-à-vis de Bitcoin et est souvent désigné comme le candidat pro-crypto par excellence. C’est un fervent défenseur de l’invention de Satoshi Nakamoto et un gros critique des MNBC, les fameuses monnaies numériques de banque centrale.
Ces dernières années, les cryptos sont devenues un véritable sujet de société et ont été plusieurs fois mises au centre du débat public et pas que les crypto d’ailleurs, mais aussi les MNBC les monnaies numériques de banques centrales.
C’est en partie pour ça que les prochaines élections présidentielles américaines sont attendues de pied ferme par l’écosystème. Le 25 janvier prochain, sur les marches du Capitoles, le prochain dirigeant de la Maison Blanche prononcera ces mots.
« Je jure solennellement que j’exercerai fidèlement la fonction de président des États-Unis, et que je préserverai, protégerai et défendrai, dans toute la mesure de mes moyens, la constitution des Etats-Unis. »
Une fois élu, le 47ᵉ président des États-Unis se retrouvera à la tête de l’une des premières puissances économiques mondiales et, évidemment, héritera de toutes les implications et les responsabilités qui vont avec. Comme toujours, lors d’une nouvelle investiture, la direction du pays s’en trouve chamboulée et de gros changements sont à prévoir dans à peu près tous les domaines. Les cryptos ne font pas exception et il est normal de se demander la direction que prendra le bureau ovale pour l’avenir de notre secteur préféré.
Les candidats à la présidentielle
Dans cette vidéo, j’ai décidé de vous faire un petit tour d’horizon sur ce que l’on est en droit d’attendre de cette élection qui s’annonce historique pour l’écosystème crypto. On va un peu voir comment se positionnent les deux candidats qui vont se disputer la place à la Maison-Blanche.
Vous le savez peut-être, les élections américaines ont un fonctionnement un peu différent de ce que l’on a l’habitude de voir en France. Bon, on ne va pas détailler l’ensemble du système politique américain non plus, ce n’est vraiment pas le sujet de cette vidéo. Ce que vous devez retenir, c’est que c’est avec un système de primaires que les américains décident des prochains candidats à l’élection présidentielle.
A l’heure où j’enregistre cette vidéo, la majorité des primaires sont passées et on sait d’ores et déjà que c’est Joe Biden qui fera campagne côté démocrates et Donald Trump côté républicains. A priori donc, Kennedy, notre candidat pro-crypto, n’a plus aucune chance d’accéder à la présidence. Dommage.
La présidence américaine : un rôle clé
Pour comprendre en quoi la personne à la tête des États-Unis est importante pour les crypto, il faut revenir un peu sur les pouvoirs de celui qui siège à la Maison-Blanche. En substance, c’est lui qui promulgue les lois et qui décide de signer ou non une proposition du Congrès. En clair, si une loi ne plaît pas au président, celui-ci peut choisir de ne pas la signer et d’y apposer un veto.
Aussi, le président est chargé de nommer les têtes pensantes des différentes institutions des États-Unis, notamment la SEC ou la FED que vous connaissez bien. Vous avez pu l’observer, ces institutions ont un fort impact sur l’écosystème crypto et leur présidence est lourde de conséquences.
Gary Gensler, Jerome Powell, ou encore Michael Barr pour ne citer qu’eux ont eu un impact considérable sur l’écosystème crypto ces dernières années, et ils ont tous été nommés par la présidence des Etats-Unis.
Biden versus Trump : les scénarios potentiels
Joe Biden et Bitcoin : rencontre du 3ᵉ type
A priori, on part donc sur deux scénarios différents concernant l’avenir de notre industrie, et le premier, c’est une réélection de Joe Biden. On va voir comment ce dernier se positionne par rapport à tout ça.
Vous l’avez sans doute remarqué, l’administration de Biden ne porte pas forcément les crypto dans son cœur. Déjà, dès son investiture, Joe Biden a nommé Janet Yellen comme secrétaire du trésor américain. Cette dernière n’est autre que l’ancienne présidente de la FED, la banque centrale des Etats-Unis, et autant vous dire qu’elle est formellement opposée à l’avènement des crypto actifs.
Pour vous rafraîchir la mémoire, c’est elle et son institution qui se sont attaqués à Tornado Cash par exemple, ou bien qui ont plusieurs fois demandé aux régulateurs d’agir contre les stablecoins et l’écosystème crypto de manière générale.
C’est aussi sous sa présidence, et celle de Biden, que l’on a assisté en mars 2022 à la révélation d’un ordre exécutif sur les actifs numériques. Étrangement, ce décret appelant à un développement responsable de ces nouveaux actifs n’est pas si anti-crypto que ça. Par exemple, le texte reconnaît l’extraordinaire croissance du secteur crypto, ainsi que l’attractivité de ses technologies pour les banquiers centraux de la planète.
Dans ce décret, on retrouve aussi une volonté de développer une monnaie numérique de Banque Centrale avec la FED aux commandes. Depuis, le gouvernement de Biden est resté très évasif sur la question d’une MNBC. Une des raisons est sans doute politique, le sujet a fait couler beaucoup d’encre et bon nombre de personnes ont pointé les aspects liberticides d’une telle mesure. Même si pour le moment aucun plan n’existe pour convertir le dollars en une monnaie numérique de banque centrale, il est probable que l’idée soit sur la table.
D’ailleurs, si le sujet des MNBC vous intéresse, n’hésitez pas à m’en parler dans les commentaires, je pourrais éventuellement en faire une vidéo, car le sujet est vraiment vaste et lourd de conséquences, particulièrement pour notre écosystème.
Bref, pour le président sortant, le plan a l’air plutôt clair. Globalement, les cryptos ne sont pas la priorité et il paraît plus enclin à pousser la réglementation et le développement d’une MNBC. En gros, ce n’est pas demain la veille que l’on pourra payer ses impôts en Bitcoin aux Etats-Unis. Enfin en tout cas, au niveau national, puisque certains états ont déjà franchi le pas comme le Colorado. Là-bas, vous pouvez payer certains services publics en crypto, comme pour les permis de conduire ou bien l’enregistrement de votre véhicule auprès des autorités par exemple.
Trump, le Web3 est aussi un buisness
De l’autre côté, on a affaire à Donald Trump qui, en sa qualité d’homme d’affaires, a plutôt un gros passif dans l’écosystème crypto. Déjà en 2016, au moment de sa campagne pour les présidentielles, celui-ci appelait aux dons en crypto pour le financement des candidats.
En 2019, ce dernier déclarait ne pas être fan de Bitcoin et des autres cryptomonnaies qui, d’après lui, ne sont pas des monnaies et ne reposent sur rien. C’est la seule fois où Trump s’exprime publiquement au sujet des crypto au cours de son mandat présidentiel. Bon, on est habitué aux frasques de Donald Trump et il s’agit avant tout d’un politique et en ce sens, c’est bien de regarder ce qu’il dit, mais il faut aussi regarder ce qu’il fait.
En réalité, dès qu’il a quitté la Maison-Blanche, Trump a massivement investi dans les crypto et possède aujourd’hui un wallet conséquent. Si on se fie aux données récoltées par Arkham Intelligence, il posséderait pour environ 5 millions de dollars en crypto dont quasiment 1.5 million de dollars en Ethereum.
Il s’est aussi essayé aux NFT et en décembre 2022, on pouvait acheter des cartes à l’effigie de l’ancien président américain pour la modique somme de 99 dollars. Cette opération marketing lui aurait rapporté un petit million de dollars, rien que ça.
Ce que veut Trump, au fond, et il l’a dit plusieurs fois, c’est une hégémonie du dollar et pourtant, celui-ci est très peu optimiste sur l’avenir du billet vert. L’année dernière, il disait ceci :
“Notre monnaie s’effondre et ne sera bientôt plus l’étalon mondial, ce qui sera franchement notre plus grande défaite en 200 ans.”
Évidemment, certains voient là dedans un message caché faisant référence à l’invention de Satoshi Nakamoto, mais c’est peu probable. Trump a déjà réitéré ses opinions par rapport à Bitcoin, et pour lui, c’est plutôt clair, il s’agit d’un scam. A moins que…
Il y a quelques semaines, une nouvelle déclaration de Trump a fait du bruit puisque cette fois, il se positionne du côté de Bitcoin et du secteur crypto. Sur FoxNews, il a déclaré voir de plus en plus de gens vouloir payer en bitcoin et trouver cela intéressant. Pour lui, il s’agit d’une forme de monnaie supplémentaire qui pourrait venir en complément du dollar américain.
Il a déclaré s’être amusé avec et même avoir gagné un peu d’argent avec tout ça. Toutes ces déclarations ressemblent à s’y méprendre à un soutien à peine déguisé pour le marché crypto, pas vrai ?
Dans un contexte de course à la présidentielle et avec le récent retour d’une certaine euphorie sur le marché, Donald Trump a saisi l’occasion de se mettre dans la poche une partie de l’écosystème crypto. Et oui, il ne faut pas oublier une chose, que ce soit Trump ou Biden, ces hommes sont en campagne et cherchent à rafler du lectorat.
Considérer Bitcoin comme une forme de monnaie au royaume du billet vert n’est vraiment pas anodin pour celui qui se positionne comme le potentiel futur président des Etats-Unis, surtout quand c’est fait à une heure de grande écoute.
Il faut aussi se dire une chose, c’est que les déclarations de Trump concernant Bitcoin et le dollar sont forcément teintées d’une certaine vision du monde. Dans notre cas, il est probable que Donald Trump saisisse assez bien les enjeux de la reine des cryptos et qu’il comprenne bien à quel point elle a le potentiel de disrupter le système financier mondial. Pour lui, le doute n’est plus permis, il semble convaincu que Bitcoin a le potentiel de déranger le dollar et de remettre en cause sa place hégémonique, et il est probable qu’il ne laisse pas une telle chose se produire.
Une autre possibilité, c’est que cette compréhension des choses le conduise à faire des États-Unis le pays du Bitcoin. Si vous ne pouvez pas lutter contre, adoptez-le ! D’ailleurs, malgré ses positions sur le dollar, il a déjà tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises concernant la dangerosité des monnaies numériques de banque centrale.
Pour lui, ces nouvelles monnaies numériques sont dangereuses et sont une menace pour le peuple américain. Est-ce qu’il dit ça pour se mettre du lectorat dans la poche et être en opposition avec les positions de son adversaire démocrate ? D’un côté, on a un Bitcoin qui se positionne comme un émancipateur des peuples mais qui se trouve être une menace pour le dollar, et de l’autre, une MNBC qui s’avère être une menace pour le peuple, mais qui serait nettement bénéfique à la conservation de l’hégémonie du billet vert.
Dans ce contexte, c’est difficile de dire quel camp Donald Trump choisira, mais il ne faut pas se leurrer, il ne fait clairement pas partie des personnes qui pourrait profiter d’une montée en puissance de Bitcoin et des crypto, au contraire.
Un autre point intéressant, c’est sa holding. Je vous en ai parlé tout à l’heure, celui-ci possède un bag conséquent d’ETH, et on pourrait se demander si cela ne va pas dans le sens de ses idées finalement. Après tout, la blockchain de Vitalik Buterin n’essaye pas de concurrencer le dollar, au contraire, elle cherche plutôt à travailler avec. Trump pourrait-il devenir un ETH maxi ? Difficile à dire, mais c’est sûr que cela serait beaucoup plus en accord avec ses positions.
Alors au final à quoi est-ce qu’on peut s’attendre en réalité ? Et bien comme toujours, c’est compliqué de prédire le futur. On ne sait pas vraiment à quelle sauce le marché des crypto risque d’être mangé au niveau des États-Unis.
Les cryptomonnaies dans le temps de l’attente
Individuellement, les deux candidats à l’élection présidentielle paraissent tous deux plutôt en défaveur de l’écosystème. D’un côté on a Joe Biden, le président sortant, qui a plusieurs fois affiché son désamour pour les crypto et qui est ouvertement en faveur de la mise en place d’une monnaie numérique de Banque Centrale.
De l’autre, on a Donald Trump qui a affiché ouvertement son hostilité envers les MNBC tout en faisant des déclarations en faveur de l’invention de Satoshi Nakamoto. Au fond, tout cela n’est peut-être qu’une manœuvre politique, mais Trump semble tout de même un peu plus en accord avec les intérêts de la cryptosphère, ou tout du moins, il semble moins enclin à mener une guerre ouverte à l’écosystème, contrairement à l’administration Biden.
Du côté des citoyens américains familiers avec l’univers des crypto, il semble cependant que Trump soit favori dans cette élection, du moins, c’est ce que révèle un sondage commandité par Paradigm. Ce n’est pas difficile à comprendre. D’une part, l’ancien président milliardaire a très bien compris comment récupérer du lectorat et que ce soit pour les crypto ou d’autres sujets, il n’hésite pas à s’exprimer dessus pour attirer des électeurs. D’autres part, il y a probablement une sorte de lassitude liée à toutes les attaques qu’a essuyé notre écosystème ces dernières années. L’administration Biden n’a pas été tendre avec les crypto et probablement que cet état de fait joue en la défaveur du président sortant. Enfin, l’insatisfaction est grandissante concernant la situation économique et financière outre Atlantique. Les américains ne sont pas satisfaits des politiques menées par Biden, et probablement que du côté des investisseurs crypto, ce mécontentement résonne d’autant plus.
Peu importe qui se retrouve derrière le Bureau ovale, difficile de prédire à quoi ressemblera cette investiture pour l’écosystème. Le rôle des administrations est très important et en fonction du mandat, les pions pourraient bouger. On pourrait voir Gensler lâcher la direction de la SEC pour rejoindre les rangs du Trésor Américain à la place de Janet Yellen par exemple. A ce moment-là, il faudrait bien un remplaçant au poste de directeur de la SEC, et c’est le pari de Brian Armstrong, le CEO de Coinbase.
Pour lui, une victoire républicaine signerait probablement la fin de la SEC de Gensler et serait certainement bénéfique pour l’écosystème. Les cryptos sont devenues un vrai sujet pour la Maison-Blanche et en ce sens, il est probable que les choses bougent vraiment au cours du prochain mandat présidentiel. La course à une MNBC se fait plus intense que jamais, Bitcoin a infiltré la finance traditionnelle, les cryptos sont de plus en plus utilisées et les américains demandent globalement une législation plus claire du secteur. Le prochain président n’aura certainement pas le choix d’intégrer les actifs numériques dans son agenda, à voir ce que tout ça va donner.
En tout cas, votre avis m’intéresse et je serai curieux de voir quel candidat serait, selon vous, le plus favorable à l’écosystème crypto. N’hésitez pas à me donner votre point de vue et vos arguments en commentaire de cette vidéo, le débat est ouvert !