Financement du terrorisme et cryptomonnaie : l’OFAC veut plus de pouvoir
Liberté ou sécurité ? A l’heure où les questions relatives à la sécurité se font de plus en plus pressantes dans nos sociétés modernes, celles qui concernent nos libertés sont aussi à un tournant dans l’histoire. Terrorisme, délinquance, montée des extrémismes, guerres économiques larvées donnent à nos gouvernements des envies de contrôle sur la population qui accepte, souvent benoitement, ces nouveaux standards de surveillance à travers les réseaux sociaux, les services de messagerie et l’ensemble des applications liées à nos smartphones. Les échanges financiers sont aussi évidemment concernés par cette transparence à marche forcée qui voudrait nous faire croire que plus de contrôle est forcément gage de plus de sécurité, et dans ce registre les Etats-Unis sont très avancés sur le reste des démocraties occidentales.
Le U.S. Treasury Department veut d’ailleurs étendre son pouvoir aux transactions crypto en prenant pour prétexte le financement de l’organisation terroriste Hamas qui aurait, selon certaines sources, profité du no man’s land des blockchains pour lever des fonds et financer les opérations meurtrières du 7 octobre. Il a depuis été largement démontré que tout ceci était fortement exagéré mais qu’importe, le secrétaire adjoint au Trésor veut changer la loi pour donner plus de pouvoir à l’OFAC.
La polémique sur les millions de dollars du Hamas en crypto ressurgit…
Quelques jours seulement après les terribles attaques menées par le Hamas sur le territoire israélien, le Wall Street Journal publiait un article mentionnant des millions de dollars qui avaient été collectés via la cryptomonnaie pour financer et organiser cette opération. L’indignation fut immédiate et mondiale, de Washington à Jérusalem des voix s’élèvent alors pour dénoncer ce scandale et exiger des réponses rapides pour mettre fin à ces zones d’ombres de la finance mondiale.
Mais après le temps de la colère, vient celui de l’analyse et c’est Chainalysis qui va oser mettre les pieds dans le plat : oui les terroristes utilisent ponctuellement la cryptomonnaie mais dans des proportion bien moindre que tout un tas d’autres systèmes de transferts d’argent bien plus traditionnels. Cependant, malgré le rétablissement d’une certaine part de vérité dans les évènements, cela n’empêchera pas certaines personnalités politiques comme la sénatrice démocrate du Massachussetts Elizabeth Warren ou le sénateur républicain du Kansas Roger Marshall d’exiger de nouveaux textes de loi pour contrôler ces mouvements financiers.
…et sert d’exemple au secrétaire adjoint au Trésor qui demande plus de pouvoir pour l’OFAC
L’histoire aurait pu s’arrêter là mais dernièrement c’est le FinCEN qui a remis une pièce dans la machine. Le Financial Crimes Enforcement Network (FinCEN) dépend du Département du Trésor américain et il a pour but de collecter et d’analyser les informations sur les transactions financières afin de lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Par la voix du secrétaire adjoint au Trésor, Wally Adeyemo, c’est donc cet organisme qui dénonce aujourd’hui un manque de lois pour lutter efficacement contre le fléau qu’est justement le financement des organisations terroristes.
La FinCEN a ainsi analysé des rapports d’activités suspectes déposés entre janvier 2020 et octobre 2023 et en a déduit que les transferts en crypto à destination de l’organisation Hamas pourraient représenter 165 millions de dollars. Dans une lettre adressée aux dirigeants du Comité sénatorial des banques et des services financiers, le FinCEN précise cependant que seule une partie des fonds a probablement été réellement en possession du groupe militaire et que « les groupes terroristes ont une préférence pour l’utilisation de produits et services financiers traditionnels ».
Quoiqu’il en soit, à la lumière des données, le FinCEN demande une mise à jour règlementaire qui pourrait « clarifier et potentiellement étendre la couverture juridique des nouvelles entités que sont les actifs virtuels » en donnant au Bureau du contrôle des actifs étrangers du Trésor (OFAC) « le pouvoir de déployer des sanctions secondaires contre les sociétés d’actifs virtuels faisant affaire avec des entités sanctionnées ». il s’agit du même OFAC dont les relations avec l’USDT commence à sérieusement interroger la cryptosphère.