Opensea vs Blur : la guerre des plateformes NFT
Il n’y a pas longtemps, dans la galaxie NFT… – Dans la guerre des plateformes NFT, la nouvelle arrivée Blur pourrait bien avoir réussi une incursion profonde en territoire ennemi. Celui du géant Opensea. La guerre en question ? Celle des redevances aux artistes (royalties en anglais). Explications.
Guerre des royalties NFT, la menace Blur
Ce nouveau marché des NFT porte en lui un concept phare. Un véritable « game-changer » pour les artistes.
- Dans le monde de la peinture, lorsqu’un artiste vend un tableau, il encaisse le montant de la vente. Point final.
- Dans le monde NFT, lors de la première vente, le créateur empoche la somme totale, certes. Toutefois, il touchera également une commission sur toutes les futures reventes qui suivront. Une part pouvant aller jusqu’à 10% du montant est ainsi automatiquement envoyée aux artistes tout au long de la vie de leur NFT. Celui-ci pourra alors profiter pleinement de l’appréciation dans le temps de ses œuvres. On appelle cela les redevances, ou royalties.
Dans ce marché, la nouvelle venue, Blur, a fait une entrée remarquée en octobre 2022. En effet, ses volumes de vente ont rapidement rejoint ceux du suprême leader Opensea. Se hissant donc à la deuxième marche du podium des plateformes NFT, devant Sudoswap ou Looksrare.
Blur repose en fait sur deux concepts principaux :
- Aucuns frais de plateforme dans le trading de NFT
- Des royalties rendues optionnelles pour les artistes : en d’autres termes, c’est l’acheteur qui choisit s’il souhaite accorder ou non une redevance à l’artiste.
De son côté, le géant Opensea ne voit pas d’un très bon œil cette arrivante venant lui subtiliser ses créateurs et ses utilisateurs.
L’empire Opensea contre-attaque
Cette absence de redevance obligatoire reste controversée. Les créateurs voient à raison la manœuvre comme un moyen de les priver à terme de ce revenu aussi régulier qu’inédit. Alors que le débat fait toujours rage en novembre dernier, Opensea se place alors du côté des créateurs. Ses équipes mettent au point un outil de redevance forcée qui place sur liste noire les plateformes comme Blur.
À partir de ce moment, les collections NFT choisissant une redevance totale sur leurs NFT ne peuvent tout simplement plus être échangées sur Blur, qui ne respecte pas cet engagement. Opensea fait ainsi d’une pierre deux coups. Elle s’assure du soutien des créateurs et prive sa principale concurrente, Blur, de collections NFT. Du moins, pendant un temps.
Des collections comme le Sewer Pass du célèbre Bored Ape Yacht Club (BAYC) a ainsi été listé sur Opensea, mais n’a pas pu l’être sur Blur. En réponse, la nouvelle plateforme promet alors d’autoriser cette procédure de royalties forcée sur les futures collections listées. Ceci afin de répondre aux exigences d’Opensea. Toutefois, pour le suprême leader, ce n’est pas suffisant. Blur doit adopter cette procédure de royalties obligatoire sur toutes ses collections pour être retirée de la liste noire.
Blur, la revanche du site
La partie semble alors gagnée pour le leader du marché. Toutefois, c’était sans compter la détermination des équipes de Blur. En effet, elles sont parvenues à trouver une faille dans cette liste noire en utilisant le protocole Seaport. Il s’agit du protocole développé par les équipes d’Opensea et sur lequel de nombreuses marketplaces de NFT sont bâties. Le compte Twitter de Panda Jackson explique en détail la procédure suivie.
Blur décide simplement de créer un tout nouveau système d’échange de NFT en plein cœur de Seaport. Celui-ci n’est évidemment pas référencé sur la liste noire d’Opensea. Blur se dote donc de deux systèmes distincts :
- Le premier, historique, qui se trouve sur liste noire ;
- Le second, tout juste créé, non bloqué.
La plateforme switche ainsi de manière automatique entre les deux systèmes en fonction de la collection NFT. Si celle-ci ne bloque pas Blur avec la règle des royalties renforcée, le système historique s’applique. Si la collection a adopté l’outil de redevance forcé d’Opensea, le nouveau système intervient alors pour la proposer quand même aux acheteurs.
Cerise sur le gâteau : Opensea se trouve dans l’incapacité de bloquer cette nouvelle manœuvre de Blur. En effet, comme le géant est lui aussi construit sur le protocole Seaport, bloquer Blur reviendrait alors à se bloquer lui-même. Tels deux clones, elles sont désormais contraintes d’avancer de concert.
Plateformes NFT, un nouvel espoir
Au terme de cette guerre fratricide, le dénouement pourrait cependant être gagnant-gagnant.
D’abord, pour Blur, c’est un retour immédiat des volumes sur toutes les collections qui lui échappaient jusqu’alors.
Les créateurs, quant à eux, peuvent désormais appliquer leurs process de royalties renforcés sur Opensea, mais aussi sur Blur. Il leur suffit de bloquer Blur dès le départ dans leurs smart contracts. Cela forcera la plateforme à utiliser son second système créé sur Seaport pour les lister quand même. Cependant, cela sera avec les royalties, évidemment. Car si Blur arrive à contourner la liste noire d’Opensea, elle ne peut toutefois pas revenir en arrière si le créateur des NFT a délibérément choisi de recevoir l’entièreté des royalties de sa collection.
Pour les traders, ils peuvent désormais trader toutes les collections NFT sur Blur, sans frais de trading, contrairement à Opensea.
Quant à cette dernière, elle parvient néanmoins à tirer son épingle du jeu. En tant que développeur du protocole Seaport, voir la seconde place de marché, Blur, migrer dessus ne peut être que bénéfique pour l’avenir d’Opensea. Cela renforce l’adoption et la légitimité du protocole dont ils sont les instigateurs. Le système de royalties forcés conduira inévitablement à un afflux toujours plus grand d’artistes et créateurs attirés par la perspective de revenus réguliers.
Le monde des NFT est tumultueux, peuplé de conflits entre plateformes qui se disputent leur part du gâteau. Néanmoins, ces conflits font avancer de manière certaine la technologie vers une plus grande démocratisation. Telle la guerre des étoiles, la guerre des places de marchés NFT pourrait bien conduire à la naissance d’une toute nouvelle génération de Jedi du numérique. Des artistes et créateurs qui laissent libre cours à leur imaginaire.
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