Les GAFAM et le Bitcoin, menaces pour la monnaie ? La BCE la joue sauveteur du monde avec son crypto-euro
La BCE ne tient plus sur place – Dans son rapport intitulé « Le rôle international de l’euro, juin 2021 », la Banque centrale européenne (BCE) fait le point sur les différents usages de la monnaie européenne et l’impact de la crise de la Covid-19 sur les flux monétaires. Au-delà des usages classiques de l’euro, la BCE présente une analyse du rôle de l’euro dans le plan de relance européen, ainsi qu’un focus sur l’importance des monnaies numériques de banques centrales (MNBC). Déjà que Christine Lagarde n’apprécie guère le drôle de business de Bitcoin, il semblerait maintenant qu’elle reste mitigée concernant les MNBC.
Un euro résilient face la crise mondiale
Dans son 20ème rapport annuel sur l’euro, la BCE identifie 5 usages clés de la devise européenne au sein de l’écosystème financier mondial : la réserve de valeur, les opérations en dette, la négociation sur le marché des devises à des fins de couverture ou spéculation, l’euro comme monnaie de facturation et l’utilisation d’euros physiques sous forme de monnaie papier.
Les différents usages de l’euro se sont montrés résilients en période de pandémie, puisqu’ils n’ont reculé que de 0,7 %. La monnaie a même gagné du terrain sur le dollar qui montre quelques signes de faiblesse. En effet, l’euro reste la seconde monnaie la plus utilisée au monde et se maintient comme une devise de choix pour les différentes banques centrales, alors que le dollar est en parte de vitesse depuis quelques années comme le montre le graphique ci-dessous.
La BCE craint les GAFA et leurs monnaies numériques
Dans la troisième partie de son rapport annuel sur l’euro, la BCE se penche sur les MNBC à travers la question suivante : « Pourquoi une MNBC est-elle importante pour le statut d’une monnaie internationale ? ».
La banque évoque principalement la numérisation de l’économie et de nos sociétés en général, ainsi que l’éventuel remplacement de monnaie faible ou en proie à l’hyperinflation par des MNBC aux fondamentaux plus robuste. Mais ce qui a attiré notre attention, c’est le paragraphe de ce développement sur les MNBC.
« Il convient de prêter attention aux risques pour la stabilité, qui pourraient survenir si une banque centrale ne propose pas de monnaie numérique. L’une des préoccupations pourrait être une situation dans laquelle les paiements nationaux et transfrontaliers seraient dominés par des fournisseurs étrangers, y compris des géants technologiques étrangers susceptibles de proposer des monnaies numériques à l’avenir (…) L’émission d’une MNBC permettrait de préserver l’autonomie des systèmes de paiement nationaux et l’utilisation internationale d’une monnaie dans un monde numérique. »
Rapport de la BCE
Bien que le rapport ne cite aucun nom, la BCE pense probablement à Facebook et l’Association Libra qui ont annoncé le lancement prochain d’une version pilote de leur monnaie numérique. En réalité, la banque craint de se voir dépossédée d’une partie de ses attributs dans l’éventualité où l’Union européenne ne lancerait pas à terme sa MNBC.
La conclusion sur le thème des devises numériques de banques centrales affirme que l’Union européenne n’a pas encore tranché sur le lancement d’un crypto euro, mais il semble que la BCE veuille accélérer le processus afin de ne pas concéder une partie de ses attributions à des acteurs étrangers ou privés.