Suisse : début d’exode des sociétés crypto

Assisterait-on à un début d’exode des sociétés cryptos implantées dans la Confédération ? Même si cette question semble choquer certains, notamment nos lecteurs helvètes, il se pourrait bien que la Suisse ne soit plus le “paradis crypto” qu’elle a été ces quelques dernières années.

Ouvertures de comptes refusées… et fermetures en cours

Les régulateurs financiers suisses semblent allier leurs efforts pour endiguer l’exode d’entreprises cryptos actuellement en cours, après que deux banques – dont la banque cantonale zurichoise (ZKB) – aient décidé de rompre toute liaison avec des sociétés actives dans ce domaine l’année dernière.

Ce malheureux événement, redouté par de nombreuses startups, mais aussi par la totalité de la crypto-sphère, fait le bonheur d’autres juridictions crypto-friendly comme le Liechtenstein, Gibraltar et les îles Caïmans, où les institutions financières sont plus accueillantes.

Bien que le secteur des cryptomonnaies ne représente qu’un très faible poids comparativement aux secteurs financiers traditionnels, ce dernier a tout de même connu une forte et rapide croissance : quelques centaines de personnes sont actives dans le domaine. À titre indicatif, le canton de Zoug, hub surnommé la ‘Crypto Valley, a vu s’ouvrir entre 200 et 300 compagnies & fondations ces dernières années.
Le directeur financier cantonal, Heinz Taennler, avance que de nombreuses sociétés seraient prêtes à mettre les voiles si le gouvernement ne prenait pas les mesures nécessaires pour que celles-ci puissent opérer dans de meilleures conditions.

Lors d’un entretien avec Reuters, il souligne :

« Actuellement [ les compagnies cryptos] vont au Liechtenstein chercher de ‘meilleurs’ partenaires bancaires ; ce sont des centaines de postes qui ont été créés via cette industrie et chaque poste est important ».

[es_gmap src= »https://snazzymaps.com/embed/87429″ height= »300″]

Un membre du comité de la Banque Nationale Suisse (BNS), Thomas Moser, a récemment affirmé que certaines sociétés avaient contacté l’entité responsable de la gestion du système monétaire du pays et demandé d’intervenir.

« Elles [ les compagnies cryptos] sont venues nous voir, inquiètes de ce changement de régime, et redoutant à leur tour de voir leurs comptes fermés; j’ai rétorqué que la BNS ne peut traiter ce type de problèmes, et qu’elles devraient plutôt s’entretenir avec la FINMA. »

Vigilance des banques

Les banques de la région appellent les autorités financières à leur fournir une meilleure structure et plus de clarté sur les réglementations s’appliquant aux projets relatifs aux cryptomonnaies; elles disent être dans le flou total. Résultat, la ZKB, quatrième plus grande banque suisse (164 milliards CHF d’actifs en 2017 ~ € 141 milliards d’euros) ainsi qu’une deuxième banque, qui acceptaient auparavant d’ouvrir des comptes pour les sociétés cryptos, leur ont fermé les portes. Reuters mentionne un total de 20 sociétés qui ont vu leur comptes clôturés auprès de ces institutions.
Un représentant de ZKB a refusé de commenter les relations de la banque avec les clients actuels ou précédents, mais il a affirmé que la banque n’est plus active dans ce secteur d’industrie.

La startup dirigée par la fameuse Olga Feldmeier, Smart Valor, désireuse de créer une plateforme décentralisée et communautaire afin de promouvoir des investissements alternatifs « tokenisés », s’est faite prier de fermer ses comptes dans la deuxième banque, inconnue à ce jour.
Les banques helvètes se disent préoccupées par les startups ayant réalisé des ICOs et n’ayant pas mis en place les normes AML et KYC en vigueur. En effet, les banques disposant des fonds levés pourraient être exposées elles aussi à ce type de risque, ce qu’elles ne veulent absolument pas.

Sources : Bitcoin.com ; CCN ; ZKB || Image from Shutterstock

Jean-Armand Figeac

Jean-Armand est basé à Zürich et travaille depuis 2018 comme Consultant Blockchain pour l’entreprise phare du marché suisse des télécommunications . Son parcours dans la Fintech a débuté en 2016 comme analyste risque de crédit au sein d’une start-up Zurichoise. Il a oeuvré de nombreuses années pour diverses entreprises internationales de renom, des PME et TPME sur trois continents durant ces dix dernières années. Diplômé d’un Master en Banque et Finance de l'Université de Lucerne, Jean-Armand passe la majeure partie de son temps libre à perfectionner ses connaissances dans les langues étrangères telles que le russe, le swahili, l’arabe et l’allemand.