NFT : la 1ʳᵉ collection de National Geographic tourne à la guerre de tranchées
Du rififi autour des NFT – Le magazine National Geographic est une institution dans la presse internationale avec plus de trente éditions différentes aux quatre coins du monde. Reconnaissable entre tous avec son cadre jaune iconique et réputé pour la qualité de ses photos, le magazine a décidé récemment de basculer dans le web3 en proposant une collection de NFT autour de photographes réputés. Mais la réception du grand public ne fut clairement pas à la hauteur de ses espérances. Récit du lancement raté d’une opération pourtant bien préparée.
National Geographic fait son entrée dans le Web3…
Le National Geographic est probablement un des magazines de photographie les plus connus au monde. Lancé au 19ᵉ siècle, il compte plus de 40 millions de lecteurs dans le monde. Sa ligne éditoriale tourne autour de la nature et de sa préservation, de la découverte ou de l’histoire. Avec toujours de magnifiques photos au service de l’information.
Sur les réseaux sociaux, son audience est également très importante avec 256 millions d’abonnés sur Instagram, 49 millions sur Facebook et plus de 28,6 millions sur Twitter. Toujours à la pointe de la modernité, le magazine a décidé de lancer une collection de NFT autour de 16 photographes célèbres. Tout cela pour fêter son 135ᵉ anniversaire. Justin Aversano et ses portraits inclassables. Reuben Wu et ses paysages électriques. Cath Simard et ses montagnes chéries. Les plus grands noms font partie du casting du magazine. Tous ces artistes ont également la particularité d’avoir chacun expérimenté à leur façon la technologie des NFT dans leur travail.
…et déclenche une tempête de protestation d’une partie du public
La plateforme choisie pour lancer la collection est Snowcrash qui s’est spécialisée dans les collaborations artistiques de premier plan. On retrouve ainsi Sony Music ou le groupe Universal Music qui s’apprête à lancer des NFT de Bob Dylan et Miles Davis. Sur le papier, tout semble réuni pour une collaboration réussie. C’est ainsi que le premier message est lancé sur les réseaux sociaux le 16 janvier. Avec une star des NFT en toile de fond : un singe du Bored Ape Yacht Club ! Le tout pour expliquer ce que sont les NFT et préparer la communauté au lancement de la collection.
Mais, l’accueil du public fut catastrophique ! Les critiques ont afflué sur l’ensemble des réseaux sociaux avec pour principal grief l’utilisation de la technologie NFT. Voici un florilège des commentaires postés sous le message :
« Les NFT sont une bulle spéculative déjà explosée » ; « des outils pour blanchir de l’argent sale » ; « des arnaques pures et simples » ; « c’est utilisé pour du phishing » ; « c’est une espèce déjà éteinte ».
Même des grands noms de la photographie se sont élevés pour dénoncer l’opération. Le responsable du compte du photographe feu-Ansel Easton Adams, célèbre pour ses photos en noir et blanc du Grand Ouest américain, a répondu par un laconique « non » sous le message avec le Bored Ape. Et même l’utilisation de ce symbole « ringard et insipide » de la culture pop-NFT a été critiqué par Chuck Anderson, pourtant artiste NFT lui-même.
Mais le grand public comprend-il réellement ce que sont les NFT ?
Évidemment, la réponse est dans la question ! D’ailleurs ce n’est pas la première fois qu’un projet de collection NFT est mal accueilli par le grand public. Les critiques autour de la consommation d’énergie continuent de polluer les commentaires malgré les 100 00 likes récoltés par le message. Les équipes de National Geographic ont ainsi comptabilisé près de 3 000 commentaires sur Instagram et 200 sur Facebook, dont l’écrasante majorité sont négatifs.
Heureusement, quelques artistes sont venus soutenir le projet. Parmi eux, Ryan Hawthorne qui a ironisé sur « les gens qui détestent ce qu’ils ne comprennent pas ». Ou encore la cofondatrice anonyme du projet Ethereum NFT Deadfellaz qui a déploré le fait que « la plupart des internautes critiquent sans se renseigner ».
Si on ajoute à tout cela quelques problèmes techniques venant de la plateforme Snowcrash, nous avons tous les ingrédients d’un lancement raté ! Mais malgré l’adversité, National Geographic continue de dérouler son calendrier et 15 % des images sont déjà vendues. Les 16 photographes proposent chacun 1 photo en 118 exemplaires, soit 1888 NFT à la vente. 1888 comme un clin d’œil à la date de création du magazine. Quant aux rageux qui vocifèrent sous les messages, inutile de leur dire qu’il existe en plus un jeu autour de ces fameux singes qu’ils détestent tant.