Le paradoxe Satoshi : Bitcoin entre les mains de 6 géants du mining ?
L’un des objectifs principaux du réseau Bitcoin réside dans sa décentralisation. Ainsi, il est vital qu’un pool de minage ne dépasse pas 51 % du hashrate afin d’éviter le risque d’une attaque 51 %. Toutefois, face à l’industrialisation du mining, la puissance de calcul reste concentrée autour d’une poignée de pool de minage. Une situation qui semble empirer depuis 2017, avec une centralisation grandissante.
- Le rapport du site b10c a révélé une centralisation inquiétante du minage de Bitcoin, avec 75 % de la production de blocs contrôlée par seulement cinq pools principaux.
- L’analyse a montré que les deux plus grands pools, Foundry et AntPool, détiennent à eux seuls presque 50 % du réseau, exacerbant le risque de centralisation et de potentielle vulnérabilité.
Rapport sur la centralisation du minage sur Bitcoin
Le 15 avril, le site b10c spécialisé dans tout ce qui concerne le Bitcoin, a publié un rapport des plus intéressants sur l’état du minage sur le réseau Bitcoin. Et plus particulièrement la centralisation de celui-ci.
En pratique, il est possible de suivre la répartition du minage en regardant les transactions coinbase. Pour rappel, une transaction coinbase sur Bitcoin n’est autre que la première transaction de chaque bloc miné sur la blockchain Bitcoin.
Ainsi, les mineurs y laissent souvent un tag, qui permet d’identifier quel pool de minage a miné quel bloc. Par exemple, F2Pool utilise le tag /F2Pool/.
En se basant sur ces données, le rapport analyse la centralisation du minage autour de quelques acteurs. Dans les faits, cinq pools de minages sortent du lot du fait de leurs parts de marché élevées. Nous retrouvons ainsi Foundry (30 %), AntPool (19 %), ViaBTC (14.5 %), F2Pool (10 %) et MARA Pool (5 %).
À elles cinq, elles contrôlent 75 % de la production de blocs sur Bitcoin. Plus inquiétantes, les deux principales, Foundry et AntPool détiennent à elles deux près de 50 % du réseau.
En se basant sur ces mêmes données, le rapport propose un indice de centralisation.
« Pour mesurer la centralisation du minage de Bitcoin au fil du temps, l’indice de centralisation montre la somme des hashrates des 2 premiers, 3 premiers, 4 premiers, 5 premiers et 6 premiers pools. Des valeurs plus élevées signifient une plus grande centralisation. »
Une situation relativement inquiétante, car les deux principaux pools sont à la porte des 51 % en cumulés. Et si l’on prend les 6 plus gros pools, ce chiffre atteint 85 %, ce qui démontre une importante centralisation autour d’une poignée d’acteurs.
D’autant plus que ces données montrent clairement une tendance à la centralisation depuis 2017, qui semblent avoir été le moment le plus décentralisé depuis 2013.
AntPool et ses amis
Malheureusement, d’autres éléments rendent la situation plus alarmante. En effet, AntPool dispose d’une multitude de plus petits pools de minage qui ne lui sont pas directement rattachées.
« Les estimations de hashrate basées sur les tags et les adresses de coinbase sont donc inexactes. La part du hashrate d’AntPool est sous-estimée, car les blocs sont attribués aux plus petits mineurs. »
Ainsi, ces pools, bien qu’ils ne soient pas identifiés « AntPool » sont liés à cette dernière. Par conséquent, b10c a créé un groupe « AntPool and friends » qui détient actuellement 31 % du hashrate contre 20 % pour AntPool seule.
Une situation qui dégrade l’indice de décentralisation, car en prenant en compte ce groupe, le top 6 des pools regroupe près de 96 % de la puissance. Le top 2 quant à lui dépasse la barre des 51 % avec 63 % du hashrate.
« L’indice de centralisation minière incluant AntPool & friends montre qu’au cours des deux dernières années, AntPool & friends et Foundry ont contrôlé ensemble 60 à 70 % du hashrate. Cependant, pire encore, 96% à 99% des blocs ont été minés par seulement six pools miniers. Ces chiffres indiquent que l’exploitation minière de Bitcoin est fortement centralisée autour de quelques pools. »
Évidemment, ces entités n’auraient aucun intérêt à s’associer pour attaquer le réseau, car leur existence dépend du Bitcoin. Toutefois, les craintes d’une action gouvernementale sur ces entreprises ou bien d’une censure sur la production de bloc restent actuelles.
En décembre dernier, le pool F2Pool était justement accusé d’appliquer une censure dans sa production de blocs. Bien que cela soit difficile à prouver, plusieurs développeurs ont envisagé cette thèse.
Renaud H.
Ingénieur en software et en systèmes distribués de formation, passionné de cryptos depuis 2013. Touche à tout, entre mining et développement, je cherche toujours à en apprendre plus sur l’univers des cryptomonnaies et à partager le fruit de mes recherches à travers mes articles.
