L’« échec total du contrôle de l’entreprise » : le nouveau patron de FTX témoigne
Un portrait peu flatteur de FTX – L’étau se resserre autour de l’ancien CEO de FTX qui vient d’être arrêté aux Bahamas après une inculpation officielle venant des États-Unis. Beaucoup de monde voudrait entendre Sam Bankman-Fried (SBF) répondre à des questions précises sur sa gestion douteuse de l’entreprise, notamment sur les révélations de John Ray. Ce dernier a témoigné devant la Commission parlementaire des Finances et il fait un constat terrible sur l’état de la société qu’il vient de récupérer. Voici ce qu’il faut retenir de sa déposition.
John Ray dresse la liste des pratiques d’entreprises inacceptables trouvées chez FTX
Après les salutations d’usage et une rapide présentation de son CV, John Ray entre dans le vif du sujet en dressant une liste de ce qui relève, pour lui, de pratiques inacceptables au sein d’une entreprise. Il commence avec l’accès qu’avait les dirigeants au système de stockage des fonds des clients sans aucun contrôle. Ensuite, il décrit le manque criant de sécurité autour de certaines clés privées donnant accès à des millions de dollars.
Ensuite, vient le moment Alameda, avec le mélange des fonds du groupe FTX avec ceux du fonds d’investissement et la possibilité pour ce dernier d’emprunter ou d’utiliser à sa guise l’argent déposé sur l’exchange. Il met aussi le doigt sur près de 500 investissements réalisés avec les fonds de FTX sans aucune documentation ni archive. Enfin, il pointe un manque criant de gouvernance financière et de personnel dédié à la gestion des risques en plus de l’absence hallucinante d’audit financier de la société.
5 objectifs pour mener à bien sa mission dans le cadre du chapitre 11
Au-delà d’un état des lieux, John Ray a souhaité redéfinir, devant la Commission, les objectifs de sa mission qu’il a développée en cinq points :
- Remettre du contrôle dans l’entreprise à tous les niveaux ;
- Localiser et sécuriser les actifs de la société par tous les moyens ;
- Offrir un maximum de transparence tout au long de l’enquête ;
- Travailler en coordination et en bonne intelligence avec les différentes juridictions en charge de l’affaire ;
- Optimiser le recouvrement des dettes de l’entreprise en valorisant tous les actifs actuels.
« L’ensemble de ces objectifs nécessite un travail de fourmi au regard de la situation actuelle de la société et du manque récurrent de documents utiles à cette tâche. »
Voici en substance la conclusion du CEO par intérim qui reconnaît la difficulté de sa mission et anticipe d’éventuels écueils.
Le nouveau CEO veut rétablir la vérité après les propos douteux de SBF
Mais la partie la plus savoureuse de sa déposition concerne ses réponses directes aux diverses déclarations de son prédécesseur dans la presse et sur les réseaux sociaux. Il répond point par point aux allégations les plus douteuses d’un Sam Bankman-Fried qu’il trouve bavard et peu professionnel. Voici les vérités de John Ray !
D’abord, il réaffirme que les fonds de FTX.com ont bien été mélangés avec ceux d’Alameda Research qui a, de son côté, exposé les fonds de ces mêmes clients à des positions de trading sur marge très risquées. Ensuite, il confirme qu’entre 2021 et 2022, la société s’est livrée à une gabegie de dépenses en rachats d’entreprises et en immobilier qui valent aujourd’hui moins de deux fois leur valeur initiale. Et il rajoute que près d’1 milliard de dollars de prêts ont été accordés sur les fonds de l’entreprise à des personnes proches de FTX. Enfin, il balaie d’un revers de main l’idée que FTX.us soit différent d’autres entités et qu’il doive être traité différemment.
N’en jetez plus ! La description de l’état de l’entreprise et de sa gestion sur les dernières années est sans appel et particulièrement dure avec Bankman-Fried. Dans sa conclusion, John Ray assure qu’il fera tout ce qui est dans son pouvoir pour aider la justice à faire la lumière sur les agissements de l’équipe précédente et à faciliter les différentes procédures en cours. On attend maintenant la suite des opérations avec l’arrivée de la SEC dans la mêlée.