Blockchain, crédit carbone et écologie : les Emirats arabes unis passent au vert
Greenwashing au pays de l’or noir ? À l’occasion de la COP28 qui s’est déroulée à Dubaï, aux Émirats arabes unis, l’Institut d’innovation technologique du petit État fédéral du Moyen-Orient en a profité pour dévoiler un projet ambitieux de plateforme internationale de gestion des crédits carbone basée sur la technologie de la blockchain. Décriés par les écologistes au nom de la lutte contre le réchauffement climatique, les Émirats arabes unis ont profité de la tenue de la grand-messe mondiale de l’environnement pour verdir un peu leur discours et réaffirmer leur intention de participer aux efforts internationaux indispensables à la limitation des gaz à effet de serre.
Et de la parole aux actes, il n’y a qu’un pas qui vient d’être franchi avec le lancement prochain de ce projet qui coche toutes les cases de l’écologie actuelle : faible consommation énergétique, captage du carbone et même reboisement. Pour faire le point là-dessus, direction le plus grand des sept Émirats : Abu Dhabi.
Abu Dhabi lance une plateforme pour gérer les crédits carbone…
La COP28 a démarré le 30 novembre dernier à Dubaï et elle se terminera le 12 décembre prochain. Pendant ces deux semaines de débats, de conférences et de rencontres entre chefs d’États, il sera évidemment question de lutte contre le réchauffement climatique et de réduction des gaz à effet de serre, et c’est dans ce cadre que le Cryptography Research Center du Technology Innovation Institute (TII) d’Abu Dhabi a présenté son projet de plateforme d’échange et de suivi des crédits carbone, c’est-à-dire des droits d’émission ou autrement dit, de la tokenisation de ces droits à polluer.
L’idée est de faciliter et d’encourager le commerce de crédits carbone afin de sensibiliser les entreprises à cette problématique tout en proposant un outil facile et efficace à ces mêmes entreprises ou institutions. Le tout sera alimenté et supporté par une blockchain publique afin de garantir la sécurisation et la transparence du système et elle sera à faible consommation énergétique pour respecter les engagements environnementaux des acteurs de la COP28.
… qui sera basée sur la technologie de la blockchain
Le Docteur Ray O. Johnson, PDG du Technology Innovation Institute a fait la déclaration suivante lors de la présentation publique du projet :
« Nous sommes fiers de vous présenter cette plateforme de suivi et d’échange à la COP28 car cela représente la volonté des Émirats arabes unis de devenir une puissance technologique d’innovation et son engagement à devenir un leader mondial en matière d’actions climatiques. Les Émirats arabes unis ont fourni l’outil nécessaire pour garantir que le commerce puisse se faire en toute confiance, tout en atténuant l’empreinte écologique et en maximisant les avantages pour l’environnement. »
Docteur Ray O. Johnson, PDG du Technology Innovation Institute (TII) – Source : communiqué de presse TII
Concrètement, des tokens représentant une certaine quantité de carbone seront émis et pourront ensuite être achetés ou vendus par des entreprises qui en auraient besoin. Les sociétés plus vertueuses qui n’auraient pas consommé tous leurs crédits, pourraient par exemple les revendre à d’autres qui sont dans des secteurs plus polluants. Le principe est d’encourager les entreprises à multiplier les projets verts, comme l’expliquent les responsables du TII :
« Les jetons d’échange créeront des incitations pour stimuler les investissements dans des projets verts tels que la reforestation et le captage du carbone et permettront aux entités de compenser les activités difficiles à décarboner, ce qui encouragera davantage les investissements verts. »
Docteur Ray O. Johnson, PDG du Technology Innovation Institute (TII) – Source : communiqué de presse TII
Pour information, le principe même de création d’un marché mondial des crédits carbone a été admis lors de la COP21 à Paris en 2015, il s’agit donc d’une application pratique de ces décisions passées. Bien sûr, le fait que ce soit un des plus gros producteurs de pétrole du monde qui lance cette idée fera probablement grincer des dents et d’aucuns crieront au greenwashing. Il en reste pas moins que les États du golfe cherchent aussi à reverdir leur économie pour anticiper la fin de l’or noir, et que toute recherche en ce sens est finalement bonne à prendre pour l’avenir de la planète bleue.