Vitalik Buterin explore des solutions pour améliorer la décentralisation d’Ethereum

La décentralisation est au cœur de la philosophie fondatrice des cryptomonnaies. Toutefois, à mesure que l’écosystème se développe, de nombreux observateurs déplorent un déclin de la décentralisation. Un problème qui semble tenir à cœur à Vitalik Buterin, qui a récemment publié un article de blog revenant sur la centralisation grandissante sur Ethereum et les solutions envisageables.

Un développeur d’Ethereum jette le pavé dans la mare

Le 16 mai, Péter Szilágyi, l’un des principaux développeurs de Geth, le client le plus utilisé sur Ethereum a pointé du doigt la centralisation grandissante sur Ethereum.

Publication de Péter Szilágyi sur X

« Vous savez tous pourquoi Ethereum aura son ETF tôt ou tard ? Parce que tout le monde est constamment en train de tripoter les règles du protocole, alors il suffit d’attendre patiemment et de coopter de minuscules décisions ici et là, avant que l’ensemble puisse être capturé. Ensuite, c’est la finance traditionnelle comme d’habitude. »

Dans son thread publié sur le réseau social X, Szilágyi pointe du doigt plusieurs composantes d’Ethereum. D’une part la MEV, qui centralise le processus de validation des blocs. D’autre part, il remet en question l’intérêt pour le restaking. Enfin, il déplore l’évolution des prérequis matériels pour opérer un full node sur le réseau.

« Transactions privées. Check. Règlements propriétaires (MEV). À Check. Ether jalonné émis par une autorité centrale. Check. Les conseils de 0 mineurs locaux détruiront les stakers locaux. Des exigences matérielles de l’ordre du giga vont anéantir les nœuds locaux. Voilà, le système bancaire est recréé. Le tout détenu et exploité par le secteur privé. »

Vitalik Buterin explore les méthodes pour décentraliser Ethereum

Ces réflexions et les débats qu’ils ont engendrés sur les réseaux sociaux ont amené Vitalik Buterin à adresser ces différents problèmes sur son blog personnel.

« Ces préoccupations sont valables. Ce sont des préoccupations que de nombreuses personnes de la communauté Ethereum ont exprimées. Ce sont des inquiétudes que j’ai eues personnellement à plusieurs reprises. »

Explorons les différentes pistes présentées par le cofondateur d’Ethereum.

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Le problème de la MEV

La MEV (Maximal Extractable Value) est un concept formalisé en 2019 qui vise à manipuler l’inclusion et l’ordre des transactions pour maximiser la valeur des blocs.

Cette pratique est apparue avant le passage au Proof of Stake et s’est démocratisée depuis. Toutefois, son existence met à mal la décentralisation du réseau.

« Le problème est que cela rompt avec l’argument selon lequel le mining (ou, après 2022, la proposition de blocs) peut être “équitable” : désormais, les grands acteurs qui ont une meilleure capacité à optimiser ce type d’algorithmes d’extraction peuvent obtenir un meilleur rendement par bloc. »

Pour adresser ce problème, Buterin présente deux solutions aux approches différentes : la minimisation du MEV et la mise en quarantaine du MEV.

D’une part, la minimisation du MEV vise à créer des protocoles MEV-resistant. C’est notamment ce que propose la plateforme d’échange décentralisée CoW Swap. Toutefois, Buterin estime que cette solution, bien que nécessaire « sera probablement insuffisante ».

La mise en quarantaine de la MEV

D’autre part, Vitalik Buterin milite pour une mise en quarantaine de la MEV. Actuellement, la validation des transactions sur Ethereum, via l’usage de MEV-Boost, se base sur un concept appelé Proposer-Builder Separation (PBS). Ainsi, la proposition des blocs est assurée par deux acteurs : 

  1. Proposers (Proposants) : Des validateurs qui sont responsables de la proposition de nouveaux blocs. Ils jouent un rôle similaire à celui des mineurs dans les systèmes basés sur la preuve de travail.
  2. Builders (Constructeurs) : Entités spécialisées qui sont chargées de choisir quelles transactions sont incluses dans un bloc. Ils optimisent l’ordre des transactions pour maximiser le MEV tout en respectant certaines règles établies pour assurer l’équité et la transparence.

« Jusqu’à présent, le PBS a raisonnablement bien réussi à garantir que les petits et les grands validateurs soient sur un pied d’égalité, du moins en ce qui concerne le MEV. Cependant, il crée un autre problème : la tâche consistant à choisir les transactions à inclure devient plus concentrée. »

Ainsi, la mise en quarantaine de la MEV serait un procédé pour réduire la centralisation au niveau des Builders. Pour cela, Vitalik Buterin brandit une solution qu’il présente depuis la fin 2022 : les listes d’inclusion.

Dans ce modèle, le proposer fournit une liste de transactions qui doivent être incluses dans le bloc par le builder. Le builder quant à lui doit ajouter ses transactions dans le bloc, bien qu’il puisse choisir leur ordre et en ajouter d’autres.

« Les chercheurs d’Ethereum sont déjà bien alignés sur l’objectif de “minimiser la boîte de quarantaine”, en réduisant autant que possible les dommages que les builders peuvent causer (par exemple, en excluant ou en retardant les transactions comme moyen d’attaquer des applications spécifiques). »

Pour résumer, selon Buterin la MEV va déjà dans le bon sens en visant à renforcer le pouvoir des producteurs plutôt que celui des builders. Toutefois, il souligne que les mesures pourraient aller encore plus loin et se déclare ouvert à de telles propositions.

Le problème de Liquid Staking

Un autre problème abordé par Péter Szilágyi réside dans le Liquid Staking et son évolution vers le Liquid Restaking.

En effet, le solo staking est un phénomène très peu répandu. Ainsi, les utilisateurs préfèrent opter pour des services centralisés comme ceux proposés par les exchanges ou le liquid staking via des protocoles tels que Lido ou Rocket Pool.

Pour résoudre ce problème de centralisation, Buterin explique qu’il faudrait améliorer l’accessibilité du solo staking. Cela pourrait passer par plusieurs évolutions : 

  • La diminution du minimum de 32 ETH nécessaire pour opérer un nœud ; 
  • Diminuer les pré-requis matériels pour opérer un nœud. Notamment via l’EIP-4444 ;
  • La mise en place de procédure de retrait rapide permettant d’améliorer la liquidité des nœuds.

Le problème des prérequis matériels pour les nœuds complets

Les nœuds complets ou full node, sont centraux à la décentralisation d’un réseau. Cependant, les pré-requis matériels pour les opérer peuvent être un frein pour de nombreux utilisateurs.

Actuellement, il faut un processeur rapide (4+ coeurs), au moins 16Go de RAM, un SSD d’au moins 3 To et une bande passante de 25 Mbit/s. 

Par conséquent, cela n’est pas donné à tout le monde d’opérer un tel nœud. 

« Aujourd’hui, il est difficile de gérer un nœud. La plupart des gens ne le font pas. Sur l’ordinateur portable que j’utilise pour écrire ce billet, j’ai un nœud reth, et il occupe 2,1 téraoctets – déjà le résultat d’une ingénierie logicielle et d’une optimisation héroïques. J’ai dû acheter un disque dur supplémentaire de 4 To à placer dans mon ordinateur portable afin de stocker ce nœud. Nous voulons tous qu’il soit plus facile de gérer un nœud. Dans mon monde idéal, les gens seraient capables d’exécuter des nœuds sur leur téléphone. »

Toutefois, ce problème pourrait être mitigé par l’implémentation de l’EIP-4444 et des Arbres de Verkle. Ces derniers changent la manière dont les données historiques sont gérées et optimisent la structure des données. 

« Si les deux sont mis en œuvre, les exigences matérielles d’un nœud pourraient vraisemblablement être ramenées à moins de cent gigaoctets, voire à un niveau proche de zéro si nous éliminons complètement la responsabilité du stockage de l’historique (peut-être uniquement pour les nœuds non statiques). »

Toutefois, cela soulève des inquiétudes quant à la sauvegarde des données historiques. En effet, si les nœuds réguliers n’ont plus besoin de stocker l’historique complet, qui le fera ? Il s’agit d’un faux problème selon Buterin : 

« Il y a certainement suffisamment d’acteurs importants (par exemple, les explorateurs de blocs, les échanges, les couches 2) qui ont intérêt à conserver ces données, et comparés aux 100 pétaoctets stockés par la Wayback Machine, la chaîne Ethereum est minuscule. Il est donc ridicule de penser que l’histoire sera réellement perdue. »

Quoi qu’il en soit, le réseau Ethereum est loin de la perfection. Toutefois, les problèmes sont identifiés et les développeurs travaillent d’ores et déjà sur des solutions pour améliorer la décentralisation du réseau. En effet, ces derniers travaillent actuellement sur Prague Electra, le prochain hard fork du réseau qui devrait être déployé à la fin de l’année.

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Renaud H.

Ingénieur en software et en systèmes distribués de formation, passionné de cryptos depuis 2013. Touche à tout, entre mining et développement, je cherche toujours à en apprendre plus sur l’univers des cryptomonnaies et à partager le fruit de mes recherches à travers mes articles.