Dans cet article, nous allons résumer les enjeux et les perspectives d’évolution pour la DeFi. Certains sujets ont été partiellement évoqués dans les parties précédentes. Ainsi, nous compléterons ces tendances générales en présentant les projets à suivre en 2025.

Nous nous amusons également à projeter deux types de scénarios, afin de clore le Chapitre de notre Encyclopédie du Coin consacré à la finance décentralisée avec une touche d’humour !
Table des matières
- L'évolution technologique des protocoles DeFi
- La symbiose entre finance traditionnelle (TradFi) et DeFi
- L'intégration des stablecoins dans les systèmes de paiement traditionnels
- Les services bancaires basés sur Bitcoin et autres actifs numériques
- Le développement de plateformes DeFi institutionnelles via la DeFAI (DeFi + IA)
- La tokenisation d’actifs traditionnels
- Les projets de financement d’infrastructures avec des modèles hybrides
- Les RWA, le secteur DeFi en pleine expansion
- Les solutions d’identité décentralisée, pour une DeFi plus sûre
- L'avenir de la DeFi : observations générales
- Deux scénarios d’anticipation pour la finance décentralisée
L'évolution technologique des protocoles DeFi
Sur le plan technique, nous identifions trois axes de développement majeurs pour les protocoles DeFi : leur scalabilité, la communication inter-chaînes, et l’intégration de l’intelligence artificielle au sein des smart contracts.
La scalabilité des couches primaires
La course à la scalabilité se déroule sur deux niveaux : l’amélioration des protocoles de couche primaire et le développement des couches secondaires. Voici quelques layers 1 qui retiennent notre attention en 2025 :
- Monad : cette blockchain de dernière génération est ultra-scalable et compatible avec l'EVM. Vous pouvez consulter nos articles de présentation pour en savoir plus (1, 2 et 3) ;
- Aptos : ce layer 1 est particulièrement adapté à la finance décentralisée. Il continue d'attirer des protocoles DeFi essentiels, comme SushiSwap ou PancakeSwap ainsi que les stablecoins ;
- Zero Gravity (0G) : un système d'exploitation pour l'intelligence artificielle décentralisée (dAIOS), qui a de belles ambitions pour les années à venir ;
- Sui : la plateforme Web3 ultra-scalable de MystenLabs continue de gagner en traction.
La scalabilité d'Ethereum et des layers 2
L'écosystème d'Ethereum comporte désormais de nombreuses couches secondaires. Les solutions basés sur les rollups sont les plus prometteuses. On distingue trois grandes familles de rollups :
- Les optimistic rollups : peu onéreux en calculs, ils sont basés sur des preuves de fraude ;
- Les zkRollups : basés sur les preuves à divulgation nulle de connaissance (ZKP), ils sont rapides et très sécurisés, mais souvent coûteux en calculs ;
- Les based rollups : le séquençage des transactions est réalisé par les validateurs d'Ethereum eux-mêmes.

La DeFi, un écosystème cross-chain
Au-delà des bridges (ponts inter-chaînes), de nombreux projets DeFi sont dédiés à améliorer la communication entre différentes blockchains :
- Across Protocol : protocole d'inter-opérabilité pour Ethereum et ses L2 ;
- Axelar Network : plateforme de communication cross-chain ;
- THORChain : protocole de liquidité inter-chaînes décentralisé ;
- t3rn : plateforme d'hébergement de smart contracts multi-chaînes ;
- Qredo : transferts d'actifs inter-chaînes pour institutionnels.
Il est impossible d'établir une liste exhaustive des protocoles dédiés à l'interopérabilité cross-chain. C'est un segment de l'industrie DeFi à surveiller avec attention.
La symbiose entre finance traditionnelle (TradFi) et DeFi
En 2025, plusieurs initiatives d'envergure portées par des acteurs de la finance institutionnelle intègrent la finance décentralisée (DeFi), reflétant une convergence croissante entre la TradFi et les technologies blockchain.
L'intégration des stablecoins dans les systèmes de paiement traditionnels
Visa a déjà commencé à utiliser l’USDC sur des réseaux comme Solana, pour des paiements plus rapides et efficaces. En 2025, cette adoption devrait s’intensifier, avec une intégration plus large des stablecoins dans les infrastructures de paiements transfrontaliers.
PayPal, avec son stablecoin PUSD, et Stripe, via l’acquisition de Bridge, renforcent leurs capacités à proposer des transactions basées sur des stablecoins, visant à réduire les coûts et les délais des transferts internationaux. Ces initiatives s’appuient sur des cadres réglementaires comme MiCA (UE), qui légitiment les stablecoins régulés et encouragent leur adoption institutionnelle.
Les stablecoins, avec une capitalisation dépassant 200 milliards de dollars en 2025, devraient devenir un pilier des paiements institutionnels dans les années à venir. Avec le retour de Donald Trump, ils facilitent la préservation du dollar.

Les services bancaires basés sur Bitcoin et autres actifs numériques
Les institutions financières traditionnelles sont encouragées par une réglementation plus flexible. Plusieurs d’entre elles intègrent des services comme des prêts garantis par du bitcoin, le staking, et la garde d’actifs numériques. Elles traitent ainsi les cryptomonnaies comme des actifs traditionnels, ce qui leur permet de concurrencer les plateformes centralisées.
Environ 0,5 % de l’offre totale de Bitcoin est déjà verrouillée dans des protocoles comme Babylon pour sécuriser des réseaux Proof-of-Stake (PoS), et cette intégration devrait croître en 2025.
Cette adoption institutionnelle change la perception de Bitcoin, le positionnant comme un instrument financier légitime, attirant de nouveaux utilisateurs vers la DeFi.
Le développement de plateformes DeFi institutionnelles via la DeFAI (DeFi + IA)
La fusion de l’intelligence artificielle avec la DeFi, appelée DeFAI, connaît un essor rapide. Des plateformes comme Griffain utilisent l’IA pour simplifier les interfaces DeFi avec des commandes en langage naturel (par exemple : « échange 3 ETH pour de l'USDC ») et des agents autonomes exécutant des stratégies complexes.
Ces outils visent à rendre la DeFi accessible aux investisseurs institutionnels et novices. En 2025, le marché DeFAI pourrait dépasser les 10 milliards de dollars de capitalisation, selon certains analystes. En réduisant la complexité des protocoles DeFi, la DeFAI attire les institutions financières cherchant à exploiter les rendements élevés et l’efficacité des blockchains publiques.

La tokenisation d’actifs traditionnels
La tokenisation, soutenue par des figures comme le PDG de BlackRock, gagne du terrain. Ce processus consiste à convertir des actifs traditionnels (actions, obligations, immobilier) en jetons numériques sur des blockchains. En 2025, les institutions financières devraient lancer des projets pilotes pour tokeniser des portefeuilles d’actifs, intégrant ces jetons dans des protocoles DeFi pour des échanges ou des prêts.
On parle notamment des RWA - Real World Assets : la tokenisation permet une liquidité accrue et une accessibilité mondiale, attirant les institutions vers les écosystèmes DeFi.
Les projets de financement d’infrastructures avec des modèles hybrides
En Europe, notamment en France, des projets d’infrastructures publiques en 2025 intègrent des financements hybrides combinant des obligations vertes, des partenariats public-privé (PPP), et des technologies blockchain pour optimiser la transparence et la gestion des fonds. Bien que ces projets ne soient pas directement des applications DeFi, l’utilisation de blockchains publiques pour la traçabilité des financements s’inspire des principes de la finance décentralisée.
Dans le futur, ces initiatives pourraient servir de tremplin pour des applications DeFi plus complexes, comme des pools de liquidité pour le financement participatif d’infrastructures.
Les RWA, le secteur DeFi en pleine expansion
La tokenisation d’actifs réels a un impact sur la liquidité mondiale et la démocratisation de l’accès à des marchés autrefois réservés aux gros portefeuilles.
Le secteur des Real-World Assets (RWA), ou actifs du monde réel, dans la finance décentralisée (DeFi) connaît une croissance fulgurante en 2025, porté par la tokenisation d'actifs tangibles et financiers. Les RWA englobent des actifs physiques (immobilier, or, matières premières) ou financiers (bons du Trésor, obligations, actions) représentés sous forme de jetons sur les blockchains. Ce secteur relie donc la finance traditionnelle (TradFi) à la DeFi, et redéfinit l'accès aux investissements et la liquidité des actifs.

La croissance du secteur des RWA en 2025
Une adoption croissante
Les institutions financières traditionnelles investissent massivement dans la tokenisation des RWA. Par exemple, BlackRock a lancé des fonds tokenisés comme BUIDL, adossés à des bons du Trésor américain, et collabore avec des protocoles comme Ondo Finance. Cette adoption confère une légitimité au secteur et attire des capitaux institutionnels.
Selon des données récentes, la TVL des RWA a doublé en moins de six mois, passant de 5 à 10 milliards de dollars entre 2024 et avril 2025. Certains analystes estiment que le marché des RWA tokenisés pourrait atteindre 100 milliards de dollars d’ici la fin de 2025, porté par l’intérêt institutionnel et l’amélioration des infrastructures blockchain.
La capitalisation globale des cryptos RWA a dépassé les 41 milliards de dollars en 2024, équivalente à celle des NFT. En 2024, les RWA ont affiché une rentabilité moyenne de 214 %.
La diversification des actifs tokenisés
Les RWA couvrent une gamme variée d’actifs :
- Immobilier : tokenisation de propriétés via des plateformes comme RealT ou Propy, permettant une propriété fractionnée. RealT : guide ultime de l’investissement immobilier tokenisé 2024 ;
- Bons du Trésor : des protocoles comme Ondo Finance (USDY, OUSG) et Usual (USD0) tokenisent des obligations d’État ;
- Matières premières : PAX Gold (PAXG) adosse chaque token à une once d’or physique ;
- Actifs financiers : actions, obligations, et même des parts de startups sont tokenisées, pour une liquidité accrue.
Une réglementation en évolution
La régulation de ces marchés reste un défi majeur. En Europe, le cadre MiCA (Markets in Crypto-Assets) vise à harmoniser les règles pour les crypto-actifs, mais des incertitudes persistent, notamment sur la conformité des RWA avec les lois locales (par exemple, le principe Lex rei sitae pour l’immobilier). Aux États-Unis, un environnement plus favorable sous une administration pro-crypto en 2025 pourrait accélérer l’adoption.
Les principales tendances des RWA en 2025

La démocratisation de l’investissement
La tokenisation réduit considérablement les barrières à l’entrée pour les investisseurs individuels. Par exemple, RealT permet d’investir dans l’immobilier à partir de 50 $. Quant à Ondo Finance, la plateforme démocratise l’accès aux bons du Trésor via des tokens comme USDY, offrant des rendements stables.
Cette accessibilité attire un public plus large, notamment dans les marchés émergents (Kenya, Nigeria, Philippines) où des protocoles comme Goldfinch facilitent les prêts adossés à des RWA.
L'intégration accrue dans la DeFi
Les RWA deviennent des piliers de la DeFi en servant de collatéral pour les prêts, les pools de liquidité, et les stablecoins. Exemples :
- Centrifuge utilise son protocole Tinlake pour créer des pools de liquidité basés sur des actifs tokenisés, offrant des financements rapides aux entreprises ;
- Sky (MakerDAO) intègre désormais des RWA pour stabiliser le DAI et l’USDS ;
- Pendle Finance propose des solutions d’optimisation des rendement pour les jetons RWA.
L'amélioration des infrastructures blockchain
De nouvelles blockchains de layer 1 et layer 2 émergent pour supporter les RWA :
- Ondo Finance prévoit de lancer sa propre blockchain de layer 1 optimisée pour les RWA institutionnels ;
- Realio Network et Chromia offrent des solutions interopérables et évolutives pour la tokenisation ;
- Mantra Chain développe l’OMniverse, un écosystème incluant un DEX pour trader des RWA tokenisés. Mantra a cependant subi des déboires vis-à-vis de son jeton, l'OM.
Ces infrastructures améliorent la scalabilité, la sécurité, et la conformité réglementaire.
Les stablecoins adossés à des RWA
Les stablecoins indexés sur des RWA, comme l'USD0 d’Usual (adossé à des bons du Trésor) ou l'USDY d’Ondo, gagnent en popularité. Contrairement à l'USDT (Tether) ou l'USDC (Circle), ces stablecoins offrent une transparence accrue et redistribuent parfois les rendements aux utilisateurs. Cette tendance répond à la demande pour des actifs stables et productifs de rendement dans la DeFi.
La transparence et la conformité
Les projets RWA possèdent leurs propres mécanismes de gouvernance décentralisée et de conformité. Par exemple :
- Centrifuge utilise son token CFG pour une gouvernance transparente ;
- OriginTrail renforce la traçabilité des actifs via son Graphique de Connaissance Décentralisé (DKG) ;
- Des protocoles comme Astra et VTX se spécialisent dans la conformité réglementaire.
L'adoption par les marchés secondaires
Les plateformes d’échange décentralisées (DEX) comme Pendle ou Mantra facilitent le trading des RWA tokenisés. Cette liquidité accrue transforme des actifs traditionnellement illiquides (immobilier, startups) en véhicules d’investissement dynamiques.

Les synergies avec l’intelligence artificielle (IA)
L’IA joue un rôle croissant dans l’analyse prédictive et l’automatisation des processus pour les RWA. Des projets comme Bittensor souhaitent combiner IA et blockchain pour optimiser la gestion des actifs tokenisés.
Les projets RWA phares à suivre en 2025
- Ondo Finance (ONDO) : leader dans la tokenisation des bons du Trésor, avec une TVL de 648 millions de dollars (+237 % en 2024) ;
- Centrifuge (CFG) : spécialisé dans le financement décentralisé via des pools de liquidité. Gouvernance communautaire et interopérabilité ;
- Usual (USD0) : stablecoin transparent adossé à des bons du Trésor, soutenu par Binance et Kraken ;
- PAX Gold (PAXG) : tokenisation de l’or pour une stabilité face à la volatilité crypto ;
- RealT : immobilier fractionné accessible à tous ;
- Goldfinch (GFI) : prêts DeFi adossés à des RWA.
Les perspectives pour 2025
Le secteur des RWA est donc en passe de devenir un pilier de la finance décentralisée. Les prévisions sont optimistes : ainsi, Citibank estime que le marché atteindrait 4 000 à 5 000 milliards de dollars d’ici 2030. En 2025, ce secteur devrait bénéficier d’une adoption institutionnelle accrue. Aux États-Unis, l’environnement réglementaire y est propice.
L’intégration des RWA dans la DeFi devrait les rendre incontournables, afin de collatéraliser des prêts ou des stablecoins, et pour diversifier ses investissements. Les RWA ne sont pas une simple tendance : ils incarnent une de ces passerelles entre la finance traditionnelle et la blockchain.
Les solutions d’identité décentralisée, pour une DeFi plus sûre
Le secteur des solutions d’identité décentralisée (DID) connaît une expansion rapide en 2025. Il est porté par la nécessité de protéger la vie privée, de renforcer la souveraineté des données, mais aussi de répondre aux exigences réglementaires. Les DID permettent aux individus de contrôler leurs identifiants numériques sans dépendre d’intermédiaires centralisés.
Le chiffrement homomorphe et les preuves à divulgation nulle de connaissance (Zero-Knowledge Proofs, ZKP) jouent un rôle central pour garantir confidentialité et sécurité.
La croissance des solutions DID en 2025
L'adoption des DID dans la DeFi
Les DID gagnent du terrain dans le secteur de la finance décentralisée. Il permettent de procéder à de la vérification d’identité pour les régulations KYC et AML sans révéler de données sensibles.
Le marché global des DID était estimé à 3,6 milliards de dollars en 2024. Les investissements dans les startups DID, notamment celles utilisant les ZKP, ont explosé, avec des levées de fonds importantes pour des projets comme Worldcoin, Polygon ID, et zkSync.
Les technologies clés : le chiffrement homomorphe et les ZKP
Le chiffrement homomorphe permet de traiter des données chiffrées sans les déchiffrer, garantissant la confidentialité lors du traitement des identifiants. Par exemple, une vérification d’âge peut être effectuée sans révéler la date de naissance exacte.
Les ZKP permettent de prouver une assertion (par exemple, « je suis majeur ») sans divulguer d’informations sous-jacentes. Les ZKP, comme zk-SNARKs et zk-STARKs, sont au cœur de nombreuses solutions DID pour leur efficacité et leur scalabilité.
Les normes et l'interopérabilité
Le W3C a standardisé le modèle DID, qui repose sur trois piliers :
- DID (identifiant unique décentralisé) ;
- DID Document (métadonnées associées, comme les clés publiques) ;
- Verifiable Credentials (VC), des attestations numériques vérifiables.

Des organisations comme la Decentralized Identity Foundation (DIF) et la Trust Over IP Foundation promeuvent l’interopérabilité, essentielle pour une adoption massive.
La réglementation
Les DID doivent naviguer dans un paysage réglementaire complexe. En Europe, le GDPR impose une minimisation des données, favorisant les ZKP et le chiffrement homomorphe. Aux États-Unis, l’absence de cadre fédéral clair freine l’adoption, mais des initiatives étatiques (comme en Californie) émergent. En Asie, des pays comme Singapour et la Corée du Sud investissent dans des projets pilotes DID nationaux.
Les principales tendances des solutions DID en 2025
Les progrès en termes de scalabilité et d’efficacité
Les ZKP évoluent pour répondre aux besoins de scalabilité et d’efficacité :
- zk-SNARKs : ces preuves légères sont utilisées par des projets comme Polygon ID et zkSync pour des vérifications rapides et peu coûteuses. Par exemple, on peut prouver la solvabilité pour un prêt DeFi sans révéler le solde bancaire ;
- zk-STARKs : des preuves plus transparentes et résistantes aux attaques quantiques, adoptés par StarkWare pour des applications DID à grande échelle ;
- Bulletproofs : ces algorithmes offrent des preuves compactes sans configuration de confiance (trusted setup), idéales pour les portefeuilles mobiles.
En 2025, l’optimisation des ZKP réduit les coûts de calcul, rendant les DID accessibles à des millions d’utilisateurs.
Les progrès en termes de confidentialité avancée
Le chiffrement homomorphe gagne en maturité, bien qu’il reste coûteux en termes de calcul. Des progrès dans les algorithmes (comme CKKS ou BFV) permettent :
- Des vérifications d’identité sécurisées dans des environnements non fiables ;
- L’analyse de données sensibles (par exemple, scores de crédit) sans compromettre la vie privée.
Des projets comme Enigma et NuCypher intègrent le chiffrement homomorphe pour des DID sécurisées, notamment dans la santé et la finance. La startup française Zama propose des outils basés sur le chiffrement homomorphe, pouvant être intégrés aux smart contracts.

L'intégration avec les blockchains de layer 1 et layer 2
Les DID s’appuient sur des blockchains pour la sécurité et l’immuabilité :
- Ethereum est le leader grâce à des solutions comme Polygon ID et uPort. Les rollups ZK (zkRollup) améliorent la scalabilité ;
- Polkadot : sa parachain KILT Protocol offre un écosystème DID interopérable ;
- Cosmos : des projets comme Cheqd permettent des identités souveraines avec des paiements pour la vérification ;
- Solana est utilisée pour des DID à haute vitesse, bien que moins mature en ZKP ;
- Les layers 2, comme Arbitrum et Optimism, réduisent les coûts des transactions DID, tandis que des blockchains spécialisées (par exemple, IdentityHub) émergent.
Les portefeuilles d’identité numérique comme Microsoft ION, Dock, ou Evernym, permettent aux utilisateurs de stocker et gérer leurs identifiants. L’intégration avec des portefeuilles crypto (par exemple, MetaMask avec des extensions DID) est probablement à venir.
Les synergies avec la DeFi et les RWA
Les DID sont essentielles pour la conformité dans la DeFi et le secteur des Real-World Assets (RWA). Les ZKP permettent des KYC anonymes pour accéder à des pools de liquidité, ou à des prêts adossés à des RWA. Des projets comme Centrifuge intègrent déjà des DID pour vérifier l'identité des emprunteurs sans révéler leurs données. Les portefeuilles DID servent donc de passerelle pour interagir avec des actifs tokenisés.
L'amélioration de l’expérience utilisateur (UX)
Les startups DID cherchent à développer des interfaces intuitives. Quelques innovations en termes d'UX :
- Social Recovery - récupération des identifiants via des contacts de confiance, comme avec Lit Protocol ;
- Single Sign-On (SSO) décentralisé - connexion à des services Web3 sans mot de passe, via des DID ;
- Mobile-first - les applications comme Civic ou SelfKey simplifient la gestion des identités sur smartphone.
Les projets DID phares à suivre en 2025
- Polygon ID : solution DID basée sur Ethereum, utilisant des zk-SNARKs pour des identifiants vérifiables. Cas d’usage : KYC DeFi, certifications académiques ;
- KILT Protocol : écosystème DID sur Polkadot, axé sur l’interopérabilité et la gouvernance décentralisée ;
- zkSync : ce layer 2 d'Ethereum, basé sur les ZKP, est parfaitement adapté au développement de DID scalables et peu coûteuses ;
- Cheqd : utilisation de Cosmos et de son SDK pour des DID avec monétisation des vérifications ;
- Lit Protocol : gestion décentralisée de clés privées avec ZKP, idéale pour la récupération sociale ;
- Civic : portefeuille DID mobile pour des identités vérifiables, intégré à Solana.
Les perspectives pour 2025
Le secteur des DID est à un tournant, avec un potentiel pour transformer la gestion des identités dans le monde numérique. En 2025, les tendances suivantes devraient dominer :
- Une adoption accrue par les gouvernements et les entreprises, portée par des cadres comme eIDAS 2.0 ;
- Des avancées dans les ZKP et le chiffrement homomorphe, rendant les DID plus scalables et accessibles ;
- Une intégration poussée avec la DeFi, les RWA, et le Web3 en général, où les DID serviront de passerelle pour des interactions sécurisées ;
- Une focalisation sur la résistance quantique pour anticiper les menaces futures.
Cependant, le succès dépendra de la capacité à surmonter les défis techniques (scalabilité, UX) et réglementaires. Les DID, avec les ZKP et le chiffrement homomorphe, incarnent une vision d’un Internet où les utilisateurs contrôlent leurs données, mais leur adoption massive nécessitera des efforts concertés entre développeurs, régulateurs, et utilisateurs.
L'avenir de la DeFi : observations générales
Nous identifions trois tendances majeures pour la finance décentralisée dans les années à venir.
Tout d'abord, le besoin irrépressible des états à légiférer le secteur. Les cadres réglementaires, comme MiCA dans l’UE et les évolutions aux États-Unis sous une administration favorable aux cryptomonnaies, encouragent les institutions à explorer la DeFi.
Ensuite, des interactions croissantes entre finance traditionnelle, actifs du monde réel et blockchain. Les institutions adoptent les avantages de la décentralisation (efficacité, transparence, accessibilité) tout en respectant les exigences réglementaires. Les innovations comme les solutions « one-click » pour les transferts inter-chaînes et l’abstraction de compte simplifient l’accès à la DeFi, rendant les protocoles attractifs pour les institutions et les individus novices.
Enfin, la gestion de l’identité décentralisée, pour rendre les plateformes DeFi conformes aux futures réglementations.

Deux scénarios d’anticipation pour la finance décentralisée
Le scénario doomiste
L’économie mondiale s’effondre, un contrôle des changes et des capitaux se met en place dans la plupart des pays. Seules les CBDC sont acceptées par les institutions, le cash disparaît, les cryptos sont interdites dans la plupart des pays.
Les États choisissent de mettre en place un système de CBDC fondantes et à date de péremption. On jette les développeurs en prison, et ceux qui contreviennent aux règles financières sont sujets à de lourdes amendes : pénalités sur leur crédit social et sur la valeur de leurs CBDC.
Les citoyens sont écrasés sous l’inflation, et seule une poignée de résistants peut encore accéder aux cryptos. Seuls le top 0,01 % a pu s’enfuir vers les rares endroits de la planète où les zombies n’envahissent pas les rues, à la recherche de nourriture et de drogue. Dubaï et Singapour sont devenues des technopoles futuristes, gardées par des armées de drones, seuls endroits encore à peu près sûrs et où on peut trouver à manger.
Les chefs d’états vivent sur Elysium, une immense station orbitale, et regardent les peuples s’entre-déchirer pour des miettes de pain. De temps en temps, ils descendent sur Terre pour se fournir en produits de luxe, qui sont fabriqués par des robots dans des espaces gardés par des tourelles automatiques.
Un avenir radieux
Un cadre de régulation global permissif se met en place. La DeFi est adoptée par le mainstream et par les institutionnels. Les marchés deviennent ultra-liquides et accessibles à tous. Les banques centrales mettent en place leurs CBDC en utilisant des technologies non-invasives pour la vie privée, comme les preuves à non-divulgation de connaissance et le chiffrement homomorphe.
Tous les institutionnels offrent des solutions DeFi, mais ils sont en libre concurrence avec des entreprises privées de plus petite taille. L’absence de friction, la démocratisation de la finance permet aux pays les plus pauvres d’évoluer vers une meilleure politique économique et monétaire.
Des actifs autrefois réservés aux fonds d’investissement sont désormais fragmentés en tokens et détenus par des citoyens du monde entier. Des entreprises en difficulté financière sont sauvées par des petits investisseurs, et l’économie mondiale se redresse.
De plus en plus d’États acceptent Bitcoin et Ethereum comme monnaies de réserve. Les citoyens peuvent payer leurs impôts en tous types de cryptos. Les audits des ministères des finances sont gérés on-chain par des IA, qui envoient directement les fonctionnaires corrompus au placard ou en prison.
Peu à peu, l’économie mondiale devient saine, les nouvelles technologies permettant à tous d’accéder à la prospérité et au confort.
Vous l'aurez compris, ces deux scénarios sont évidemment deux extrêmes, et il y a fort à parier que le futur s'écrira bien différemment ! C'est en tout cas la fin de ce Chapitre de notre Encyclopédie du Coin dédié à la finance décentralisée. Nous espérons qu'il vous aura été instructif. Accrochez-vous, car la suite arrive très bientôt... !
