Guerre anti-dollar : Les pays du BRICS et leurs alliés lancent une nouvelle offensive !
Le Sud Global s’organise. L’utilisation de ce terme revient de plus en plus dans le débat public et montre la montée en puissance des grandes nations jadis émergentes qui sont maintenant des acteurs importants de l’économie mondiale. Bien que cette notion de Sud Global désigne des réalités très hétérogènes et des pays très différents dans leur fonctionnement et même dans leurs objectifs, on peut tout de même leur trouver un point commun important : leur volonté de s’émanciper de la coupe de l’Occident, de ses instances internationales et de son système économique basé, entre autres, sur le dollar américain. Ces pays sont de plus en plus nombreux à vouloir rejoindre l’alliance qui mène cette fronde diplomatique depuis des années : les BRICS. Retour aujourd’hui sur les velléités d’autonomie de ces pays qui représentent à eux seuls presque la moitié de l’humanité.
Le Forum des Parlements des BRICS s’est tenu à Saint-Pétersbourg les 11 et 12 juillet derniers
Tout d’abord quatre avec le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, les BRIC ont accueilli en 2011 l’Afrique du Sud pour devenir les BRICS (avec un S pour South Africa). Mais le 1er janvier 2024, cette organisation a changé de politique générale et a décidé de s’ouvrir largement et c’est ainsi que l’Arabie saoudite, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie et l’Iran ont rejoint les rangs de l’organisation qui compte maintenant 10 pays, mais qui ne va pas s’arrêter en si bon chemin. On sait en effet que des pays expriment régulièrement leur volonté de joindre cette alliance, à la recherche de partenariats économiques pour stimuler leur économie.
Paul Frimpong, fondateur et le directeur exécutif du Centre de Politiques et de Conseils Afrique-Chine, nous rappelle les objectifs de ces pays qui souhaitent adhérer aux BRICS :
« Les BRICS attirent un groupe diversifié de membres potentiels en raison de leur désir commun de créer un paysage mondial plus équitable et plus équilibré que de nombreux pays estiment actuellement biaisé en leur défaveur. »
Paul Frimpong, fondateur et le directeur exécutif du Centre Afrique-Chine pour les Politiques et les Conseils – Source : Watcher.Guru
4 pays, puis 5, puis 10, où s’arrêteront les BRICS et surtout que vont-ils faire ?
Faire partie des BRCIS redonnerait ainsi à ces pays marginalisés sur la scène internationale une nouvelle importance, un nouveau rôle à jouer et une voix dans le concert des Nations, loin des influences des pays du Nord. Basé sur un certain ressentiment anti occident, ce mouvement international touche des pays aussi varié que le Zimbabwe, le Soudan, le Bahreïn, l’Indonésie et bien d’autres (car on parle de plus de 40 pays) mais la plupart du temps les prétendants restent discrets pour ne pas froisser leurs partenaires économiques du nord. Car au-delà de la volonté de créer un modèle économique alternatif à celui qui est actuellement dominé par le G7, il y a le projet non dissimulé de fonctionner sans le dollar américain, et ça, ce serait un sacré changement.
Le Forum des Parlements organisé à Saint-Pétersbourg les 11 et 12 juillet dernier est une étape de plus vers une certaine autonomie de ce groupe de pays. Comme on peut le lire sur le communiqué de presse :
« Les chefs de délégation ont discuté du rôle des parlements pour garantir l’efficacité et le caractère démocratique des relations internationales, pour lutter contre la fragmentation du système commercial multilatéral et pour surmonter les menaces résultant des crises mondiales, ainsi que pour la coopération humanitaire et culturelle ».
Il existe d’ores et déjà de nombreux projets bilatéraux souhaitant mettre en place des alternatives au dollar et même si rien de concret n’existe encore, l’idée même que certains y pensent est une petite révolution.
Le conflit en Ukraine et le soutien (jusqu’ici) indéfectible de l’OTAN et du G7 au Président Zelensky ont accéléré l’émancipation des BRICS qui refusent de s’aligner sur des positions anti russe et les mois qui viennent seront décisifs, avec l’élection présidentielle américaine en toile de fond. Car il faut bien se le dire, l’avènement du Sud Global et son expansion économique passera d’une façon ou d’une autre par un affaiblissement diplomatique, économique et finalement politique des pays du Nord qui tentent désespérément de l’empêcher avec, par exemple, la création en 1999 du G20, qui reste pour l’instant incapable de contrer la montée en puissance inexorable de ces pays du Sud. Enfin, comment ne pas rappeler que la blockchain et les cryptomonnaies pourraient être le chainon manquant vers cet objectif avec la création d’un stablecoin commun ou d’un système de paiement transfrontalier basé sur ces nouvelles technologies.