La livre sterling numérique entre en phase de design. Les MNBC (Monnaies Numériques de Banques Centrales) font leur chemin à travers le monde, sous l’impulsion de nombreux gouvernements. La régulation, en phase de construction dans chaque pays, aura-t-elle pour but d’étouffer les stablecoins et autres cryptos afin de laisser la place aux monnaies numériques d’états ? L’Angleterre, elle, semble peu à peu faire son choix. Décryptage.
La crypto et les stablecoins, menaces pour le système financier ?
Nous le savons, l’Angleterre et sa banque centrale ne portent pas les cryptomonnaies dans leur cœur. Il y a quelques mois, celle-ci s’inquiétait même de l’émergence des fameux stablecoins. Jon Cunliffe, vice-gouverneur de la Bank of England (BoE) les décrivait même comme une « menace » pour la stabilité financière de l’économie britannique. On peut mieux faire comme première approche.
« Nous devons nous prémunir contre des changements rapides et perturbateurs qui ne laissent pas le temps au système financier de s’adapter et menacer sa stabilité. »
Jon Cunliffe souhaite faire avancer rapidement le projet de MNBC afin de ne pas se laisser dépasser par l’adoption de ces stablecoins jugés si dangereux. Pour tenter de réguler tout cela, nous apprenions fin juin que le roi Charles venait de signer le projet de loi sur les services et marchés financier. Ainsi, les régulateurs britanniques peuvent désormais réguler les cryptomonnaies et les stablecoins comme n’importe quelle activité financière.
Dans la continuité, le dernier rapport publié le 8 août par le Trésor britannique laisse planer peu de doutes. L’entité en charge de superviser la réglementation du secteur ne serait nulle autre que la BoE. Quand on voit leur désamour pour les cryptomonnaies et leur méfiance envers les stablecoins, on peut s’attendre à tout sauf à une régulation raisonnée permettant au secteur de se développer.
Mais les MNBC vont nous sauver…
En parallèle, l’Angleterre s’active afin de préparer le terrain pour sa MNBC. De là à croire qu’ils iront jusqu’à étouffer les initiatives crypto et stablecoins à grand renfort de réglementations pour gagner du temps jusqu’à l’émergence de leur propre MNBC, il n’y a qu’un pas que nous refuserons bien évidemment de franchir.
En attendant, la BoE renforce ses effectifs afin d’initier la phase de design de sa future MNBC. Elle vient de mettre sur pied le CBDC Academic Advisory Group (AAG). Son objectif est de lancer un appel aux académiciens et chercheurs. Ils souhaitent requérir leurs aides et leurs conseils dans le but de développer cette fameuse MNBC.
Les domaines d’études pour établir cette livre numérique sont variés : politique monétaire, finance, économie de la concurrence, organisation industrielle, science comportementale, législation, théorie de l’innovation ou encore marketing. Et oui, il va bien falloir la vendre au grand public cette fameuse monnaie, vue par certains comme une étoile de la mort monétaire, et dont on ne voit pas très bien le but. Si ce n’est de renforcer le contrôle de l’état sur la monnaie et de mettre aux oubliettes notre vie privée. Même ces instances bancaires ne savent pas justifier avec conviction la véritable nécessité de créer une telle monnaie :
« (…) la livre numérique a des chances d’être nécessaire dans le futur, donc notre travail va désormais évoluer vers une phase de design. »
L’AAG va joindre ses efforts avec la BoE et le Trésor britannique dans la conception de cette MNBC. Avec des experts de tous secteurs, ils vont collaborer sur cette phase de preuve de concept censée préparer à une « accélération » le moment venu. L’appui de chercheurs pourrait également être utilisé comme justification auprès du grand public. Ceci afin d’appuyer la nécessité d’une MNBC, puisque de toute façon, selon les propres mots du responsable FinTech de la BoE, « Bitcoin n’est pas une monnaie ».
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