Restaking : comprendre les narratifs du prochain bullrun crypto !

Collectionnez les articles du JDC en NFT

Collecter cet article

L’année dernière, dans un article sobrement intitulé « Don’t Overload Ethereum’s Consensus », Vitalik Buterin exprimait ses inquiétudes concernant les nouvelles façons d’étendre le consensus d’Ethereum au-delà de ses fonctions principales de validation des blocs. Dans cet article, il revient sur les risques systémiques que ces nouveaux usages font peser sur l’ensemble de l’écosystème, et il en pointe du doigt principalement trois.

  • Le premier, l’oracle ultime, qui fait référence à une proposition de Martin Köppelmann, CEO et co-fondateur de Gnosis. On ne va pas trop rentrer dans le détail ici, mais il s’agit, en gros, d’un oracle dont la fonction serait d’être l’arbitre final sur la blockchain Gnosis.
  • Le deuxième, c’est ce qu’on appelle la L1-driven recovery, qui s’applique pour les blockchain de couche 2. L’idée, c’est que si un layer 2 présente un bug, la couche principale a le pouvoir de récupérer tout ça.
  • Et enfin le dernier, celui qui va être au coeur de cette vidéo, le restaking.

J’ai décidé que j’allais vous produire une petite série de vidéos sur les prochaines grosses narratives qui commencent à se profiler pour le prochain bull market.
Aujourd’hui, c’est le restaking et vous allez voir, il y a vraiment de quoi faire. D’ailleurs, si vous avez envie que j’aborde une narrative en particulier, n’hésitez pas à laisser un commentaire sous cette vidéo, ça me donnera des idées pour la suite.

Cet article contient des liens d’affiliation vous permettant de soutenir le travail quotidien des équipes du Journal Du Coin.

Du staking au restaking, posons les bases

On entend de plus en plus parler d’un protocole un peu particulier ces derniers temps, EigenLayer. Pour ceux qui s’en souviennent, je vous en ai déjà parlé dans ma vidéo sur les altcoins à surveiller pour le prochain bullrun.
EigenLayer introduit pour la première fois ce fameux principe de “restaking”, il est donc difficile de passer à côté si l’on veut parler de cette nouvelle narrative qui pourrait bien être une sacrée
innovation pour le futur d’Ethereum
et de l’écosystème crypto de manière générale. Oui parce que malgré les inquiétudes de Vitalik et les risques associés à cette pratique que l’on verra plus
tard dans cette vidéo, le marché a l’air de se ranger du côté du protocole. Gardez à l’esprit qu’EigenLayer est très jeune et qu’à l’heure de l’écriture de cette vidéo, il s’est déjà hissé à la deuxième place des protocoles sur Ethereum en termes de valeur totale bloquée, juste derrière Lido.
Sa TVL a grimpé de plus de 300 % rien qu’au cours du dernier mois et s’établit aujourd’hui à plus de 7 milliards de dollars, c’est plutôt pas mal pour un protocole si récent.
Bon EigenLayer n’est pas vraiment le sujet de cette vidéo, mais étant donné qu’ils ont été les premiers sur ce segment particulier, on va s’appuyer sur ce protocole pour comprendre la narrative qui est en train de se construire autour du restaking.

Avant de parler de restaking, on va faire un petit rappel sur ce qu’est le staking.

Une question de consensus

Vous le savez sans doute, il existe plusieurs moyens d’arriver au consensus sur une blockchain, c’est-à-dire de moyens de faire fonctionner toute la machinerie. Le plus connu, c’est évidemment la preuve de travail de Bitcoin, et anciennement d’Ethereum.
En substance, la preuve de travail demande aux mineurs d’exécuter des algorithmes de hachage et de produire un grand nombre de calculs pour valider les transactions. En gros, on se base sur la consommation d’énergie pour produire un consensus.

Pour la preuve d’enjeu, c’est un peu différent. Dans la preuve d’enjeu, on demande à l’utilisateur de prouver la possession d’une certaine quantité de cryptomonnaies pour pouvoir valider les blocs et toucher les récompenses associées. C’est cette preuve d’enjeu qui est au coeur d’Ethereum aujourd’hui, et de nombreuses autres blockchains utilisent aussi ce mécanisme avec des variantes plus ou moins intéressantes. Mais le principe reste le même, à la place de dépenser de l’énergie, vous mettez en jeu votre argent pour valider des blocs.

Pour ce service rendu à la blockchain, les stakers reçoivent des récompenses et sur Ethereum, ça correspond à environ 4 % de rendement annualisé. Bon, ça c’est le staking dans un monde idéal. En réalité, il faut 32 ETH minimum pour devenir un validateur du réseau, soit environ 110 000 dollars au cours actuel.
Vous vous en doutez, tout le monde n’a pas cette somme, et donc d’autres façons de pouvoir profiter du staking ont été mises au point. C’est ce qu’il se passe avec Lido par exemple, qui est le premier protocole en termes de valeur totale verrouillée sur Ethereum.

Dans les grandes lignes, vous pouvez prêter vos ETH à Lido, et ceux-ci vont monter des validateurs puis redistribuer les récompenses aux personnes qui leur ont délégué leurs tokens, le tout en fonction du nombre de tokens que vous leur avez confiés. En résumé, ça vous permet de profiter du staking sans avoir à posséder 32 ETH et sans avoir à gérer un noeud.
Un autre point fondamental, c’est le fait que Lido soit un protocole de Liquid staking. L’idée, c’est que quand vous déposez des ETH sur Lido, la plateforme vous les échange contre un nombre équivalent de stETH, un token qui est rattaché à la valeur de l’ETH et qui possède la même liquidité. C’est une façon de pouvoir staker vos ETH mais de quand même pouvoir les utiliser.

Ce stETH est plutôt pratique en réalité, parce que vous pouvez à la fois le vendre et l’utiliser, le tout en gardant vos ETH stakés. Si on résume, le stETH est un ETH mais avec un rendement de staking d’environ 4% avec lequel vous pouvez à peu près faire la même chose qu’avec de l’ETH classique, que ce soit de la DeFi, ou du trading par exemple.

C’est plutôt intéressant, mais bon, la plateforme est aussi pas mal critiquée pour la centralisation des ETH que ça entraîne. Et oui, environ un tiers de tous les ETH stakés le sont sur Lido, et si la plateforme venait à avoir un problème, ça risque de faire mal.

Ça c’était pour le staking, mais en ce moment on parle beaucoup de restaking. Il s’agit d’un nouveau concept introduit par les équipes d’EigenLabs, à l’origine d’EigenLayer, dont je vous parlais un peu en début de vidéo.

Toutes les crypto à portée de clic
<strong>Ouvrez votre compte sur eToro</strong>
Ouvrez votre compte sur eToro

Multipliez les rendements avec le restaking

Si on doit résumer, le restaking proposé par EigenLayer permet aux utilisateurs de réutiliser leurs tokens stakés pour gagner des récompenses en plus. En gros, jusqu’ici staker vos ETH sur Lido vous donnait des stETH pouvant être utilisés comme des ETH, mais il n’était pas possible de les restaker pour gagner un plus gros rendement.

C’est ce que promet EigenLayer, donner la possibilité aux utilisateurs de re-staker leurs tokens liquides comme le stETH de Lido pour aider à sécuriser d’autres protocoles et ainsi multiplier les récompenses. On parle du token de Lido, mais ça marche pour pas mal d’autres protocoles de Liquid Staking en réalité.

Pour le moment, EigenLayer en supporte 12 différents et la liste va probablement s’allonger dans un futur proche au fur et à mesure que de nouveaux protocoles de liquid staking font leur apparition.

Bon là comme ça, ça paraît un peu bancal, presque trop beau, mais pour comprendre les implications qu’un tel protocole va avoir sur le visage de l’écosystème, il faut se poser la question des problèmes auxquels ça tente de répondre.
Lorsque vous êtes un protocole qui gravite autour d’Ethereum, que ce soit un Layer 2 comme Optimism ou Arbitrum par exemple, ou bien des applications comme des bridges, des oracles, des protocoles de DeFi, et bien vous avez besoin de validateurs pour fonctionner correctement de manière décentralisée. Pour Aave par exemple, mais c’est évidemment le cas pour bon nombre d’autres projets, la gouvernance du protocole se fait directement par les personnes qui bloquent des tokens Aave.

Dans un écosystème proof-of-stake, ces validateurs sont des entités qui vont venir apporter du capital, dans le but de gagner des récompenses. Sauf que ces validateurs n’ont pas un nombre infini de tokens, et la plupart d’entre-eux entreprennent de sécuriser la couche 1 d’Ethereum, plutôt que d’autres protocoles qui seraient bien plus risqués.
C’est un calcul risque-bénéfice classique où la majorité des investisseurs préfèrent devenir validateur de la grosse blockchain qui a 10 ans d’existence plutôt que du petit protocole obscure que l’on connaît depuis à peine deux mois.

Pourtant, ces petits projets ont besoin d’attirer des capitaux pour sécuriser leurs réseaux, monter leur gouvernance, bref, être décentralisés. Pour ça, ils utilisent pas mal de subterfuges.
Promesses d’airdrop, rendements colossaux, avantages en tout genre, tous les moyens sont bons pour attirer les utilisateurs et, surtout, les validateurs sur ces nouveaux protocoles.

Alors je dis nouveau, mais ça marche aussi pour les anciens projets, je pense par exemple à Chainlink, un oracle décentralisé dont le bon fonctionnement dépend de la présence de validateurs qui viennent staker du token $LINK. Toutes les tokenomics et le fonctionnement des protocoles sont nécessairement calqués autour de cette problématique, il faut des gens pour venir sécuriser tout ça, et donc il faut créer des incitations.

C’est là qu’EigenLayer tente d’apporter une réponse à ce problème. En clair, ils défont les chaînes des validateurs d’Ethereum et leur permettent de re-staker leurs tokens pour aller sécuriser d’autres protocoles.

Pour résumer, un ETH déposé en staking pour sécuriser la blockchain Ethereum peut maintenant être réutilisé sur d’autres protocoles pour gagner d’autres récompenses et aider à la décentralisation et la sécurité de ces derniers.

Pour vous donner un exemple concret, imaginez que vous ayez des ETH et que vous vouliez les staker pour gagner des récompenses. Vous décidez de passer par Lido et vous déposez vos ETH sur la plateforme. En échange, vous recevez des stETH dans votre wallet que vous pouvez maintenant utiliser comme des ETH normaux. Grâce au restaking, vous allez pouvoir utiliser ces stETH, qui sont déjà adossés à un rendement de 4% environ, pour sécuriser d’autres protocoles et donc multiplier le rendement.
Pour résumer, les validateurs gagnent les récompenses de plusieurs protocoles, le tout avec le même capital investi.

Les risques du restaking

Dans l’idée, tout le monde est gagnant. Les petits projets se retrouvent avec un potentiel raz-de-marée de capitaux venant tout droit de la cinquantaine de milliards de $ actuellement stakés sur la blockchain Ethereum, et les validateurs, eux, peuvent multiplier leurs rendements.
Bon il y a quand même des risques qui viennent avec cette nouvelle innovation, et il faut l’avouer, le protocole soulève pas mal d’inquiétudes.

Le premier, c’est le risque lié à la réutilisation d’actifs stakés. Ça augmente drastiquement l’effet de levier sur la blockchain et du coup, ça augmente le risque d’effet domino. Si un protocole a un problème, on risque de voir beaucoup de gens perdre de l’argent, y comprit des personnes qui n’auront pas mal agi. Quelque part, cette superposition des récompenses sur Ethereum se calque sur un modèle de surendettement qu’on ne connaît que trop bien, et il va falloir trouver un équilibre pour s’assurer de la solidité de tout ça.

Aussi, et c’est ce que j’évoquais en début de vidéo, Vitalik Buterin est inquiet pour les conséquences que pourraient avoir ce genre de pratiques. Pour lui, il risque d’exister des conflits d’intérêts qui pourraient diviser le consensus du réseau Ethereum. De plus, cela risque de créer un effet de surcharge du consensus, et il l’a dit lui même, « Don’t overload Ethereum consensus ».

Aussi, les protocoles de restaking comme EigenLayer pourraient attirer les validateurs d’ETH en leur promettant des rendements élevés, ce qui pourrait entraîner une augmentation de la centralisation du réseau au détriment des validateurs individuels. Et oui, parce que les personnes qui stakent eux-même leurs ETH dans leurs propres noeuds n’ont pas accès à des tokens liquides comme le stETH, et par conséquent, aux possibilités du restaking.

Est-ce que ces validateurs qui possèdent 32 ETH en propre vont préférer la décentralisation du réseau à des rendements plus élevés ? Rien n’est moins sûr.

Enfin, on peut évoquer le risque de slashing lié à la multiplication des protocoles qui ont tous leurs règles en la matière. Pour expliquer rapidement, quand vous avez un mauvais comportement sur la blockchain en tant que validateur, vous êtes pénalisé et une partie de vos tokens stakés vous sont retirés. C’est ça qu’on appelle le slashing.
Pour ne pas se faire slasher, il faut suivre les règles, et c’est plutôt simple de le faire quand on stake ses tokens sur un protocole unique. Mais quand on commence à les multiplier, alors on multiplie ces règles, et ça devient mécaniquement plus probable de se faire slasher.

Oui car les validateurs devront se conformer à la fois aux règles en vigueur sur la blockchain principale, mais aussi aux règles des protocoles dans lesquels ils vont restaker leurs tokens.
Donc forcément, il faudra vraiment faire attention.

En tout cas, si vous voulez vous intéresser au restaking et commencer dès à présent à en profiter, vous pouvez passer par les multiples protocoles de liquid staking qui ont vu le jour comme Kelp, EtherFi ou encore Swell par exemple, qui proposent tous les deux la fonction de restaking compatible avec EigenLayer. On a écrit plusieurs articles sur le Journal Du Coin sur ces protocoles et les meilleures façons pour se positionner et en profiter, n’hésitez pas à aller jeter un oeil. Je vous mets également en description de la vidéo les liens d’affiliations du JDC pour tester ces protocoles tout en soutenant notre travail.

Enfin bref, le restaking est une nouvelle façon d’inciter économiquement les acteurs à participer au réseau, et bien que très jeune, tout ça s’annonce prometteur, particulièrement pour les projets qui gravitent autour d’Ethereum.

C’est une véritable aubaine pour tous ces petits protocoles qui ont besoin de validateurs pour fonctionner et qui, d’un coup, se retrouvent avec une grande partie des validateurs Ethereum qui pourront venir y injecter leurs capitaux.

Il faudra cependant être vigilant, ne serait-ce que par rapport au bon fonctionnement de ces solutions. EigenLayer est le premier protocole du genre, et il est encore très jeune et n’a pas encore été éprouvé. De plus, au-delà du risque de bug, il faut aussi garder à l’esprit que les smart-contracts derrière EigenLayer sont toujours modifiables. En gros, les fondateurs ont encore accès à ce qu’il y a sous le capot, alors prudence.

En tout cas, le débat fait encore rage au sein de la communauté et on espère que toutes les précautions seront prises pour éviter la catastrophe.

Grâce à eToro, vous pouvez investir sereinement dans les cryptos comme dans les actions ou même sur les ETF, en bénéficiant de la sécurité d'une plateforme auditée et régulée en France
<strong>Ouvrez votre compte sur eToro</strong>
Ouvrez votre compte sur eToro

Romain

Cofondateur du Journal du Coin et crypto-addict depuis de nombreuses années. J'aime partager ma passion et aider les nouveaux arrivants à évoluer dans cet univers.

Recevez un condensé d'information chaque jour