MasterCard dépose un nouveau brevet : interopérabilité fiat/crypto
La blockchain tentait de contrecarrer le système de réserves fractionnaires, ce dernier revient par la fenêtre. Le 17 juillet 2018, le Bureau américain des brevets et des marques de commerce (USPTO) a mis à disposition du public un brevet validé, déposé par MasterCard, qui souhaite s’implanter durablement dans le paysage des cryptomonnaies et de la blockchain.
Le brevet en question n’est pas tout neuf, puisqu’il a initialement été déposé le 21 mai 2015, avant sa validation effective et sa publication le 17 juillet 2018. Ce délai s’explique par le dépôt et la validation concomitante d’autres brevets secondaires liés à la technologie blockchain.
Le brevet en question détaille un système permettant d’établir des réserves fractionnaires de cryptomonnaies, dans le but ultime de permettre à un tiers de gérer tout ce qui constitue à l’heure actuelle l’univers des cryptomonnaies. Le brevet détaille comment un organisme, une banque par exemple, pourrait centraliser la tenue de comptes liés, dont les soldes sont à la fois en monnaie fiduciaire et en cryptomonnaie; le tout en permettant d’établir un système monétaire de réserves fractionnaires, qui n’impliquerait pas la possession pleine et entière des unités de la cryptomonnaie en question.
En somme, il s’agit d’un système comme celui que nous connaissons aujourd’hui, avec nos soldes libellés en euros. Son fonctionnement sous-jacent serait cependant assuré par une blockchain, sans que l’utilisateur ait à changer ses habitudes ou à “devenir sa propre banque”.
La cryptomonnaie en question n’est pas nommée au cours de l’article, seulement désignée comme “blockchain currency”. La référence au temps de validation des transactions blockchain est par contre explicitement de 10 minutes, ce qui pourrait laisser supposer que Bitcoin a été particulièrement exploré lors du travail de R&D de MasterCard.
L’intérêt d’un tel système est défendu bec et ongles dans le texte du brevet comme une solution de protection du consommateur face aux différentes arnaques, pertes de clés privées, oublis ou vols divers qui sont plus ou moins monnaie courante dans l’univers crypto.
Dans ce contexte, MasterCard cherche donc à définir des “améliorations” possibles pour permettre le même degré de malléabilité sur les transactions blockchains que sur les transactions fiduciaires actuelles.
La façon d’y arriver est donc d’introduire à nouveau un tiers de confiance, lequel sera chargé de gérer les avoirs des ses clients, sur un modèle très proche de l’actuel : cet intermédiaire tiendrait les comptes, autoriserait les transactions ou pourrait intervenir en concertation avec d’autres tiers de confiance.
La seule différence dans ce système nouveau serait donc que lorsque vous paierez un commerçant, la transaction fiat sera convertie depuis votre solde fiat en unités blockchain dans un premier temps. Ensuite ces unités blockchain seront versées au tiers de confiance du commerçant, lequel convertira enfin ces unités blockchain en solde fiat pour le commerçant.
Mais, et c’est là toute la différence, ni vous ni le marchand ne verrez rien de ce qui se trame en coulisses. Cette “re-centralisation” est censée régler le “problème” du temps de validation définitive de la transaction blockchain : puisque deux tiers de confiance interfaceraient la transaction et se porteraient garant l’un envers l’autre de sa validité, il n’y aurait pas besoin d’attendre dix minutes pour procéder à une vente physique.
Il est également à noter que ce système requiert un nombre certain d’informations personnelles, qui pourraient être incluses dans la gestion de compte, rendant les procédures KYC presque accueillantes en comparaison.
Le progrès est en marche, sans doute.
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