La guerre froide des monnaies continue – Pourquoi le Trésor Américain envisage un crypto-dollar

Un billet vert numérique ? – La course aux monnaies numériques de banques centrales (MNBC) bat son plein. Alors que la Chine vient d’annoncer des résultats spectaculaires pour son système DC/EP, les États-Unis en sont encore au stade de la réflexion.

L’e-dollar ne sera pas pour tout de suite

Avec l’appui de la Réserve fédérale (Fed), le Trésor américain étudie de près la possibilité pour les États-Unis de se doter d’un dollar numérique.

Lors d’une conférence en ligne organisée par l’Atlantic Council sur les relations économiques transatlantiques, Justin Muzinich, secrétaire adjoint au Trésor américain, a fait le point sur les avancées d’une éventuelle MNBC libellée en dollar :

« C’est quelque chose que nous étudions (…). C’est vraiment une décision qui relève autant de la Fed que du Trésor (…). L’utilisation de la technologie des registres distribués (DLT) présente clairement des avantages en termes d’efficacité et de coût (…). Et je pense aussi, plus largement, qu’il est important pour le gouvernement d’adopter les innovations plutôt que d’en être effrayé. »

Le secrétaire adjoint au Trésor explique que la succursale de Boston de la Fed s’est ainsi associée au Massachusetts Institute of Technology (MIT) pour effectuer de premières recherches techniques pour mettre au point une monnaie numérique.

Les USA hésitent entre avantages et inconvénients d’une MNBC

En plus des qualités de la technologie blockchain citées ci-dessus, émettre leur propre « cryptomonnaie » permettrait aux États-Unis de ne pas se laisser dépasser par les autres cryptomonnaies. Cela vaut aussi bien, qu’elles soient décentralisées, dirigées par un autre pays (la Chine) ou par le secteur privé (le stablecoin Libra de Facebook).

« Les cryptomonnaies peuvent s’avérer être bien plus qu’un simple moyen de paiement. Elles peuvent provoquer le transfert de certaines fonctions habituellement assurées par les gouvernements vers le secteur privé. »

Mais Justin Muzinich s’est toutefois montré préoccupé par les risques qu’une monnaie numérique puisse faciliter les activités illicites, notamment pour échapper aux règles de lutte contre le blanchiment d’argent. Dans ce cadre, l’adjoint au Trésor se demande, par exemple :

« (…) quelle part des transactions quotidiennes d’un particulier le gouvernement devrait-il voir, dans un tel monde numérique ? Il y a toute une série de facteurs auxquels nous devons réfléchir. »

C’est là où l’on voit l’énorme décalage entre la Chine et les États-Unis sur le sujet des monnaies numériques de banques centrales. L’Union européenne semble, elle aussi, bien plus avancée, au moins dans sa volonté, pour émettre rapidement un euro numérique. Même si les Américains ont toujours une bonne force de frappe en réserve, ils accusent un retard certain sur leurs concurrents.

Rémy R.

Issu d’une formation universitaire en Sciences, je m’intéresse aux blockchains et à Bitcoin depuis 2013 et en ai même miné à l’époque. La bulle qui s'en est suivie m'en a détourné, mais je m'y suis replongé depuis 2017 et les étudie depuis avec passion.