Tim Draper : « La position anti-crypto de l’Inde est une grosse erreur qui va provoquer une fuite des cerveaux »
Le milliardaire, investisseur et Bitcoin evangelist américain Tim Draper a accordé une interview à l’Economic Times of India dans lequel il parle de l’Inde. Il revient sur la récente répression entamée par l’administration Narenda Modi – chef d’État indien – contre la corruption, ou de la prise de position du gouvernement contre les cryptomonnaies. Selon le milliardaire, Bitcoin et la technologie blockchain ne vont pas seulement améliorer des industries telles que les banques, les soins médicaux et l’immobilier, mais aussi permettre aux gouvernements de devenir plus transparents et plus efficaces.
Pour Draper, l’un des premiers investisseurs de Skype, décourager les entrepreneurs de la blockchain entraînera inévitablement une fuite des cerveaux, et transférerait l’avantage à d’autres pays plus favorables aux nouvelles technologies.
Voici un extrait du script récupéré de l’interview de Tim Draper pour l’ETI :
Que pensez-vous du fait que le gouvernement indien considère les cryptomonnaies comme n’ayant pas cours légal ?
« C’est une déclaration stupide. Quand la Chine a déclaré le bitcoin illégal, tous les entrepreneurs et ingénieurs travaillant sur cette nouvelle technologie sont allés au Japon, qui est ouvert aux cryptomonnaies. Bitcoin et la blockchain sont les meilleures choses qui soient arrivées pour les affaires. Tous les pays les ayant acceptés sont devenus d’énormes bénéficiaires. Si l’Inde envisage de rendre les cryptomonnaies illégales, d’autres pays lèveront la main pour accueillir tous les entrepreneurs [indiens, dans la blockchain]. Si j’avais eu l’occasion de parler avec Modi, je lui aurais fait savoir qu’il fait une énorme erreur. Bitcoin devrait être la monnaie nationale. Les gens disent des cryptos qu’elles sont volatiles, mais le bitcoin est stable. Les autres devises tombent contre lui… Bitcoin est mondial et peut stocker de la valeur. D’ici 2 à 3 ans, je pense qu’il sera acceptable partout pour les transactions. »
Plusieurs sociétés blockchain en Inde cherchent à se déplacer vers des pays où les ICOs sont autorisées. De plus, plusieurs sociétés de capital-risque indiennes sont intéressées par l’investissement dans des cryptos/ICO, mais sont préoccupées par les incertitudes réglementaires. Que leur conseillez-vous ?
« Si les autorités locales interdisent les cryptomonnaies, les entreprises locales devraient déménager ailleurs. Le gouvernement doit se rendre compte qu’il étouffe l’innovation et qu’il devrait plutôt créer un environnement où ces idées peuvent être mises à l’essai et encouragées. Ils ont le choix d’être des pionniers et d’attirer les meilleurs ingénieurs et codeurs du monde, ou de perdre leurs meilleurs et leurs plus brillants éléments au profit d’autres régions. Des pays comme l’Inde, où des milliards de roupies sont gaspillés à cause de l’inefficacité et de la paperasserie inutile, bénéficieront le plus de la facilité et de la sécurité de la blockchain. »
Les ICO sont-elles levées par des entreprises qui ne sont pas en mesure d’attirer du capital-risque ?
« Les ICOs sont des moyens pour les entrepreneurs d’obtenir de l’argent pour leur vision. Les entrepreneurs disent : « Voici ma vision, si vous y croyez, achetez mon token ». Si la distribution du token s’accroît dans le réseau, sa valeur augmentera. Je recommanderais aux gens qui veulent investir dans les ICOs d’acheter les tokens qui, selon vous, sont un mouvement dont vous voulez faire partie. Vous aidez quelqu’un à pousser une transformation sociétale, alors assurez-vous que ce soit celle que vous vouliez. »
« Nous en faisons une sur 95 (ICO). Ceux que nous soutenons, c’est quand l’entrepreneur a compris la transformation de la société. Y a-t-il une raison pour que quelqu’un utilise ce token ? Vous devez créer une économie autour du « jeton de valeur ». Si l’ICO ne le fait pas, vous devez rester à l’écart. Pour qu’une ICO soit un succès, il faut qu’après, le token soit échangeable. Ce doit être quelque chose de sécable et que les gens peuvent utiliser pour acheter ou vendre quelque chose. »
« La blockchain va être utilisée pour les droits d’auteur, pour garder la trace des données. Cela changera l’industrie des médias. Un autre secteur qui peut le plus changer est celui des soins de santé. Il y aura beaucoup de deep learning et les réseaux neuronaux vont faire des choses extraordinaires avec ces données. Nous aurons de bien meilleurs soins de santé avec ou sans médecin. »
« Les gouvernements changeront toutes les choses qui peuvent être faites plus efficacement avec la blockchain. L’assurance, l’immobilier et les services bancaires changeront également. La banque n’est plus là. Un Ledger (portefeuille matériel) peut être une banque. C’est un tiers de confiance. La chaîne de blocs de Bitcoin a des centaines de milliers de mineurs qui surveillent chaque bloc, et s’assurent que chaque transaction est bien réelle et n’est pas piratée.
La blockchain perturbera-t-elle le marché du capital-risque ?
« Une grande partie de l’argent recueilli par les entreprises en démarrage proviendra des ICOs. Cela signifie que notre marché est de plus en plus petit. Nous devons être plus flexibles et réinventer. Les sociétés de capital-risque qui font cela auront beaucoup de succès. Il s’agit d’une nouvelle technologie et nous devons monter à bord. Cette technologie est une occasion de transformer l’industrie. »
« Les industries qui sont le plus facilement impactées sont celles qui fournissent un mauvais service à un coût élevé. Le capital-risque, les banques commerciales, les banques d’investissement, les soins médicaux, les gouvernements fournissent des services de mauvaise qualité à des coûts élevés. Ils seront maintenant tous en compétition les uns avec les autres. En bout de ligne, vous n’aurez pas à quitter physiquement un endroit pour choisir un meilleur gouvernement. D’où que je sois, je pourrais obtenir la sécurité sociale du Chili, l’assurance-maladie du Canada, l’éducation de la Russie. L’ensemble du système sera beaucoup plus virtuel. »
Sources : EconomicTimes || image from Shutterstock.com