La SEC exige 14 millions $ d’ICOBox pour ventes frauduleuses
La Security Exchange Commission (SEC) américaine vient de faire savoir qu’elle engageait des poursuites contre ICOBox et son fondateur, Nikolay Evdokimov dans le cadre de la vente jugée frauduleuse du jeton ICOS. Ce sont pas moins de 14 millions de dollars qui sont réclamés par la SEC, dans le cadre de cette procédure.
Pour important que soit ce montant, il ne s’agit probablement que du shitcoin qui cache la forêt. C’est en effet pas loin d’un demi-milliard de dollars que ICOBox a permis par ailleurs à ses clients de lever dans le cadre d’ICO plus douteuses les unes que les autres, promues par la société présentée comme spécialisée en « évaluation » de projets crypto.
Arnaques, crimes et ICO
Les ICO auront marqué l’histoire crypto en lettres de sang. Après l’hystérie collective de 2017 et la gueule de bois générale de 2018, l’heure de rendre des comptes est venue, en tout cas pour ceux qui ne sont pas égayés dans un paradis fiscal quelconque, ou ont malencontreusement terminé au fond d’un lac, un gros caillou attaché aux pieds.
Au rang des catalyseurs ayant permis à la mode des ICO de connaitre des milliers d’itérations souvent fantaisistes, et de faire magiquement disparaître des milliards de dollars des mains fébriles des investisseurs, une place de choix est réservée en enfer aux sites de notations d’ICO.
En effet, ces acteurs supposés attester de la solidité des projets d’émissions de tokens ont pour une large part failli, se contentant en réalité de commercialiser à prix d’or de supposées « évaluations objectives », se révélant au final de vulgaires communications commerciales, forcément élogieuses pour quiconque pouvait y mettre le prix.
Je me permets à cet égard de vous renvoyer à cet article que j’ai à l’époque mis à disposition sur le forum Bitcointalk, qui vous fera prendre conscience de l’ampleur du phénomène : « Vous pensiez les sites de notations d’ICO peu fiables ? C’est encore pire que ça ».
Les meilleures choses ayant toujours une fin, c’est maintenant au tour d’un des leaders du secteur de faire l’objet d’une évaluation par la SEC, et visiblement le gendarme boursier américain n’est pas parti pour accorder 5 étoiles à ICOBox.
ICOBox, au régime SEC
Une fois remis de ce titre percutant, vous serez heureux d’apprendre que la SEC américaine, si elle peut parfois se montrer pénible pour tout ce qui touche aux cryptomonnaies, joue pleinement son rôle de garde-fous fiscal en décidant de mettre ICOBox face à ses responsabilités, notamment s’agissant de sa propre ICO du token… ICOS.
En l’occurrence, le gendarme boursier ne s’encombre pas de débattre sans fin sur la pertinence du modèle économique ou l’intérêt de la notion de tokenisation des actifs et autres broutilles. Non, ce que dit la SEC c’est que cette vente, qui rapportera – quand même – 14 millions de dollars à ICOBox, n’était pas réglementairement encadrée et, conformément au test des critères d’Howey, devait ainsi être considérée comme frauduleuse, ICOBox faisant office de courtier, sans en avoir la qualité.
Pointant quand même du doigt les allégations fantaisistes mises en avant par le projet, à grand coup de promesses de valorisation AU-TO-MA-TI-QUE du prix du token et autres garanties sur l’énorme future liquidité dudit token, les réquisitions de la SEC sont implacables : le coin n’a aucune valeur intrinsèque et ICOBox a délibérément exposé ses investisseurs à de nécessaires déconvenues. Pire, les activités d’ICOBox ont permis à des centaines de projets d’ICO, plus vaseux les uns que les autres, de lever un total de plus d’un demi-milliard de dollars.
Le fondateur d’ICOBox, Nikolay Evdokimov est ainsi dorénavant sommé de rendre des comptes, et de proposer un accord amiable de réparation du préjudice, avant même la tenue d’un éventuel procès. La SEC continue ainsi tranquillement son ménage du secteur, après avoir déjà accroché à son tableau de chasse ICORating, il y a quelques semaines.