Face à la menace Bitcoin, le dollar US en pleine crise d’identité

Le Financial Times a publié un article dont se délecteront les partisans du dollar, même si la thèse défendue fera sourire les économistes un peu aguerris, autant que les défenseurs de la proposition de valeur de Bitcoin. Véritable exercice de style relevant de l’équilibrisme, cette tribune a pour mission apparente de créer un contre-feu efficace, apte à endiguer le flot continu de questions de ceux qui s’inquiètent de la production apparemment infinie de dollars, ne reposant plus sur la moindre mécanique réelle.

Les lignes suivantes en analysent le fonds en 3 actes. Et si après tout, les détenteurs du billet vert n’avaient en réalité aucune raison de s’en détourner et d’acheter du Bitcoin (BTC) pour se couvrir d’une inflation qui s’avèrerait donc…fictive ? L’occasion est bonne pour se poser sincèrement la question et laisser la parole aux défenseurs du roi-dollar.

Acte 1 : le contexte d’une interview de 2009

Il y a un peu plus d’une décennie, la Réserve fédérale américaine (FED) devait jouer aux pompiers pour éteindre les nombreux incendies de la crise financière de la fin des années 2010. La FED voulait alors empêcher la propagation d’une crise systémique, à travers des actions qui consistaient en grande partie à renflouer en liquidité des banques primaires en péril. Cette mission s’apparentera finalement au remplissage d’un puits sans fond.

Qui avait-t-on alors placé sur le banc des accusés ? La bulle immobilière partageait ce dernier avec les banquiers irresponsables accordant des crédits à taux classique à des bénéficiaires insolvables, un « geste de bonté » pour satisfaire sur le court terme des actionnaires voraces et insatiables. Tout le monde a bien entendu parler du rôle des subprimes dans cette crise, sans forcément comprendre le pourquoi du comment de la chaîne des responsabilités.

Et cette fameuse crise systémique a-t-elle réellement été évitée ou n’a-t-on réussi qu’à cacher sous le tapis, les détritus gênants ? Certains auront jugés l’intervention des banques centrales efficaces pour endiguer cette crise. Et les autres ? Peu importe ?

Le système monétaire et plus précisément le dollar et sa régulation ont encore triomphé. Le billet vert et ses défenseurs ont sauvé les marchés financiers et l’économie US, et par extension le monde. L’histoire s’arrête là… ou pas.

La crise de 2008 a tout de même ouvert, temporairement ou durablement, les yeux de certains citoyens, posant des questions gênantes sur le dollar et sur sa « bonne » gestion par les organisations concernées. Depuis cette période en particulier, le citoyen lambda veut de manière plus pressante savoir si et comment les banques centrales impriment effectivement des billets de banque, au risque de dévaluer leur argent.

Le président de la FED de l’époque, Ben Bernanke, fut interrogée sur le sujet lors d’une interview de 2009 dans l’émission 60 Minutes. Pour le journaliste économique du Financial Times, Brendan Greeley, ses réponses vont alors favoriser la diffusion du mythe selon lequel la FED crée de l’argent magique.

La Une du Time, qui consacre Ben Bernanke
Fin 2009, Ben Bernanke est consacré par le Time

Plus d’une décennie plus tard, dans son article du 3 juillet 2021 intitulé « Let’s all please stop calling dollars ‘fiat money’ », Brendan Greeley, rédacteur économique du Financial Times basé à Washington, veut démontrer d’une part que la FED ne crée pas de l’argent ex-nihilo. Il souhaite également prouver d’autre part que le terme « fiat »,  qui comme il le précise est d’origine italienne et signifie « décret » ou « édit », est inapproprié pour qualifier le dollar. Un exercice de haute voltige.

Acte 2 : la création du dollar sous un angle « positif »

Greeley revient dans un premier temps sur la réponse de Bernanke à la question de l’animateur de 60 Minutes, qui demandait alors si la FED dépensait l’argent des contribuables.

Bernanke avait alors rétorqué qu’il ne s’agissait pas d’un « impôt ». Il précisait sa pensée :

« Les banques ont des comptes auprès de la Fed, de la même manière que vous avez un compte dans une banque commerciale. Donc, pour prêter à une banque, nous utilisons simplement l’ordinateur pour augmenter la taille du compte qu’elle a à la Fed. »

Bernanke va ensuite répondre par l’affirmative à la question de l’animateur de savoir si la FED imprimait des billets de banque.

Pour Greeley, l’explication simplifiée fournie par Bernanke sur les actions de la FED, confirmait maladroitement chez de nombreuses personnes l’idée erronée selon laquelle la FED créait de l’argent magique et, qu’il suffisait ainsi que le gouvernement décrète que cet argent ait de la valeur pour qu’il en ait effectivement.

Brendan Greeley
Brendan Greeley, source Bloomberg

Greeley en profite au passage pour attaquer assez frontalement le co-fondateur de l’exchange crypto Gemini, qui avait déclaré sur Twitter que « toutes les monnaies fiat sont des mèmes » (un mème étant une petite illustration simpliste propre à la culture Internet et qui incarne également ces derniers mois toute une génération de nouvelles cryptomonnaies, souvent crées à la va-vite).

A l’appui de sa démonstration, le journaliste du Financial Times explique que l’argent est créé par les banques primaires lorsqu’elles accordent un crédit et qu’elles déposent alors cet argent dans le compte du bénéficiaire.

Les régulateurs surveillent les comptes des banques, la solvabilité des prêts qu’elle accorde, s’assurent que ces prêts aient un « rendement décent ». Et la banque paie des primes à la FED pour garantir les dépôts de ses clients en cas de faillite. Greeley souligne alors que « si les dollars des banques ne sont qu’une convention sociale – un mème – alors votre hypothèque n’est qu’un mème aussi ».

Greeley poursuit ensuite sur l’explication de Bernanke quant à l’octroi de crédit aux banques primaires. Il explique que l’ancien président de la FED a omis de préciser qu’en leur prêtant ces dollars – qualifiés dans ce contexte de réservesla FED reçoit en contrepartie des actifs d’une valeur équivalente. La FED acquiert généralement des bons du Trésor ou parfois des « actifs plus douteux » en cas d’urgence. Greeley conclut par un axiome simple :

« pour croire que ces réserves sont juste un mythe, vous devez croire que les actifs sont juste un mythe. Mais ils ne le sont pas. ».

Greeley termine sa démonstration en se penchant sur le cas du département du Trésor américain qui a un compte à la FED. Le Trésor peut y déposer ses impôts ou les revenus issus des ventes des bons du Trésor. Mais il ne peut retirer par magie, des dollars qu’il ne posséderait pas. « Ce ne sont que des transactions sur un bilan, des actifs pour des passifs ».

Le dollar n’est donc pas le fruit d’un décret d’une autorité de confiance, mais est basée sur les mécanismes de crédit décrits précédemment.

Au final, pour Greeley, le dollar ne saurait alors être considéré comme un fiat, mais un « credit money » ou une monnaie de crédit.

Acte 3 : contexte actuel et non-dits

Hasard des calendriers ou excellente gestion du timing, il y a un peu plus d’une décennie, naissait également Bitcoin des codes de Satoshi Nakamoto, alors que le monde était en proie à la crise financière. Ce projet fou dans ses premiers âges était alors encore trop faible pour faire trembler la FED, ou remettre en cause la solidité du dollar.

Or, l’article de Greeley lui est publié dans un contexte où l’économie américaine est mise à mal par la pandémie, et Bitcoin, bénéficiant notamment de son caractère déflationniste, a acquis le statut d’actif de couverture contre l’inflation des fiats. Bitcoin est certes pour le moment toléré aux Etats-Unis, défendu par des personnalités politiques comme la sénatrice Cynthia Lummis. La FED et la secrétaire au Trésor US, Janet Yellen, sont cependant loin de porter Bitcoin dans leur cœur.

Difficile de ne pas le constater, la thèse de Greeley est de détruire, de sapper l’idée d’une création monétaire “magique”, à partir de rien par la FED. L’inflation du dollar (résultante logique de cette génération spontanée d’argent) serait-elle également un mythe ? Qui en sont les responsables le cas échéant ?

La FED ne finance-t-elle pas, même en partie, le déficit public par le fameux recours à la planche à billets ? Un plan de relance de 900 milliards de dollars a été voté en décembre 2020. L’administration Biden a mis sur la table un deuxième plan de 1 900 milliards de dollars en mars 2021. Peut-on alors faire confiance en la capacité du Trésor à rembourser toute avance consentie par la FED pour éviter toute tension inflationniste ? Si les remboursements ont effectivement lieu, se feront-ils à un rythme et dans les délais adéquats pour empêcher une dévaluation du dollar ?

Et qu’en est-il des programmes d’assouplissement quantitatif (quantitative easing) ? La FED achète les titres représentatifs de la dette publique sur les marchés primaires. Elle achète ces titres avec des liquidités qu’elle crée ex-nihilo. Les rachats des titres rétabliront-ils l’équilibre monétaire ? Dans quelles conditions se feront effectivement ces remboursements, notamment dans un contexte de crise ?

Quelle conclusion donner à un tel article ? Que la FED ne crée aucunement de l’argent magique et que les citoyens ont tout simplement tort de s’inquiéter d’une dévaluation mécanique de leurs avoirs en « monnaie de crédit » ? Les théories décrivent des mécanismes qui permettent de préserver l’équilibre monétaire. Mais l’inflation est une réalité, même pour des économies aussi « fortes » que celles des Etats-Unis. La FED n’en est peut-être point l’acteur principal, mais fait partie intégrante de ce système par nature inflationniste. N’est-ce point l’essentiel à retenir ?

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Le Journal Du Coin

Un article de la rédaction. Le Journal du Coin, premier média d’actualités francophone sur la cryptomonnaie, Bitcoin, et les protocoles blockchain.