Donald Trump peut-il rendre le Bitcoin (in)utile ? Le Financial Times s’interroge
Il est utile d’utiliser. À peine élu, le président Donald Trump a promis de faire des cryptomonnaies une « priorité nationale ». Et ce simple espoir a permis de propulser le prix du Bitcoin vers de nouveaux sommets à six chiffres. Mais alors que certains investisseurs espèrent voir le BTC devenir un actif financier grand public, des questions persistent sur cette logique gouvernementale. Car est-ce bien la place de cette cryptomonnaie historiquement créée pour échapper à tout ce qui est en train de la rattraper ? L’occasion pour le Financial Times de se demander si Trump peut véritablement rendre le Bitcoin utile. Et il n’est jamais inutile de prendre un peu de recul pour s’interroger…
- Donald Trump a promis de faire des cryptomonnaies, en particulier le Bitcoin, une priorité nationale, provoquant une flambée des prix.
- Le Bitcoin, initialement créé pour échapper au contrôle des gouvernements, se trouve paradoxalement intégré aux institutions financières sous l’impulsion de l’administration Trump.
De monnaie alternative à actif boursier
À l’origine, le Bitcoin a été conçu comme une monnaie alternative peer-to-peer. C’est-à-dire un moyen de paiement décentralisé loin du contrôle des gouvernements et des grandes entreprises. Avec une volonté évidente de permettre à ses détenteurs d’échapper aux aléas spéculatifs de la finance traditionnelle.
Car le BTC est né suite à la crise des subprimes débutée en 2007. Et son modèle de développement s’est tout d’abord mis en place contre le système bancaire et les institutions monétaires, comme les banques centrales.
Pourtant, cette réalité semble aujourd’hui bien lointaine. En particulier depuis l’approbation des ETF Bitcoin au comptant par la SEC des États-Unis, qui a fait du BTC un actif boursier comme les autres. Mais avec cette petite touche de rareté qui lui permet de revendiquer un statut particulier d’or numérique.
Les amateurs de cryptomonnaies pensaient – non sans une certaines fierté – que la finance traditionnelle était en train de basculer dans le terrier du Bitcoin. Mais ne serait-ce pas exactement l’inverse qui est en train de se produire ? Et pourtant, une majorité des bitcoiners applaudit !
Trump et sa réserve stratégique de BTC
Car après l’approbation des ETF Bitcoin au comptant, c’est au tour de Donald Trump de faire son entrée dans cette équation. Avec comme principale conséquence de transformer la vision idéologique Cypherpunk du BTC en une sorte de revendication gouvernementale.
Il est toutefois impossible d’ignorer à quel point l’administration Trump joue actuellement un rôle clé dans la reconnaissance du Bitcoin comme actif financier. Cela au point de le rendre légitime auprès des investisseurs institutionnels, tels que les fonds de pension et les gestionnaires d’actifs.
« C’était fondamentalement inconcevable il y a deux ans. (…) Le prix du bitcoin était porté par la nouveauté, par l’enthousiasme et cette fois-ci, il existe un véritable soutien institutionnel »
Yesha Yadav, doyenne associée de la faculté de droit de l’université Vanderbilt
Une situation essentiellement soutenue par une promesse de campagne du candidat Républicain : créer une réserve stratégique en Bitcoin. Est-ce compatible avec la vocation initiale du BTC d’échapper aux gouvernements ? Finalement peu importe, car seules les perspectives haussières semblent désormais peser dans la balance.
Pourtant, de nombreuses interrogations restent sans réponse. Avec le Financial Times en train de s’interroger sur le fonctionnement effectif de cette réserve, ou le fait de savoir si ce sont les contribuables américains qui devront payer la facture en cas de chute du BTC. Et finalement, « qu’est-ce que tout cela signifierait pour le Bitcoin ? »
Débat sur l'(in)utilité du Bitcoin
Une question qui semble un peu trop reléguée au second plan, face à la perspective d’un BTC estimé à plusieurs millions de dollars l’unité. Mais certains ne digèrent pas du tout ce glissement du Bitcoin dans le giron des géants de la finance. D’autant plus lorsque leur haine s’exprimait déjà bien avant cet état de fait.
« Les colporteurs de Bitcoin ne connaissent pas la honte. Les mêmes qui ont juré de faire tomber les banques centrales et Wall Street supplient désormais les banques centrales et les financiers d’acheter d’énormes quantités de Bitcoin pour les enrichir. Ils méritent notre mépris implacable »
Yanis Varoufakis
Pourtant, certains défenseurs du Bitcoin reconnaissent un fond de vérité dans cette déclaration difficile à entendre. Comme par exemple la journaliste indépendante Lola Leetz qui n’hésite pas à engager la responsabilité de Yanis Varoufakis, « qui a systématiquement choisi d’attaquer la seule monnaie mondiale, sans État, au lieu de la considérer comme une alternative plus équitable. »
Car le Bitcoin est utile, lorsqu’il s’écarte des seuls jeux spéculatifs menés par les habitants des zones stables aux monnaies solides. En effet, il permet de contourner les blocages bancaires, d’échapper aux interdictions locales liberticides ou de protéger son épargne contre les effondrements monétaires. Mais pour combien de temps encore ?
« Une réserve stratégique ne rend pas le bitcoin utile. L’adoption institutionnelle ne rend pas le bitcoin utile. Ce qui rend le bitcoin utile, c’est son utilisation, et par conception littérale : plus vous participez au réseau, plus vous avez d’influence. »
Lola Leetz
Alors, quelle peut être l’utilité d’un Bitcoin intégré à la finance traditionnelle et au gouvernement des États-Unis ? La question reste complexe, face à des réponses largement inscrites dans des visions idéologiques divergentes. Mais peut-être que cet apparent grand-écart est la seule véritable solution à ce problème : le BTC n’est pas ce que l’on pense de lui, mais ce que l’on en fait. Car la liberté et l’absence de contrôle ne sont valables que si elles s’appliquent à tout le monde !
Hugh B.
Passionné depuis de nombreuses années par l’univers décentralisé des cryptomonnaies et le développement du Web3 j’attache une grande importance à la vulgarisation pour rendre les choses compréhensibles et accessibles à tous. Je suis également un auteur publié.
