Deribit quitte l’UE pour le Panama à cause de la nouvelle directive européenne AMLD5
A tchao bonsoir – La nouvelle directive européenne anti-blanchiment d’argent (5AMLD) continue de faire des victimes. Après la fermeture (préventive) de BottlePay en décembre, c’est un nouveau service crypto qui fuit la pression administrative de l’UE : l’exchange néerlandais Deribit va même partir jusqu’au Panama. Une destination qui pourra faire sourire.
Deribit veut se libérer de l’hypersurveillance de l’UE
Sur son blog, l’exchange Deribit, spécialisé dans les produits dérivés de cryptoactifs, explique devoir déménager sa société depuis les Pays-Bas vers le Panama. La raison ?
L’entrée en vigueur de la directive européenne 5AMLD ce 10 janvier 2020. Une directive qui déjà tué dans l’œuf de jeunes projets cryptos avant même sa mise en application, et qui pousse maintenant d’autres à s’enfuir loin, très loin.
Comme le précise Deribit dans son annonce :
« Nous souhaitons continuer à offrir une plateforme de négociation facilement accessible à des coûts très bas. (…) Cependant, une mise en œuvre très stricte de la réglementation 5AMLD aux cryptomonnaies impliquerait [de récolter] beaucoup d’informations sur nos clients actuels et futurs, (…) mettant des barrières trop élevées pour la majorité des traders. »
Quitter l’UE pour « préserver la confidentialité » de ses utilisateurs
Pour ces raisons, dès le 10 février prochain, les serveurs de Deribit seront déplacés à Londres (le Royaume-Uni étant bientôt hors UE grâce au Brexit), et tous les services de trading de la plateforme seront fournies par une filiale panaméenne de Deribit (DRB Panama Inc.). L’expérience utilisateur devrait toutefois rester la même pour les clients.
Deribit va toutefois implémenter une procédure KYC (de vérification d’identité des clients) qui sera obligatoire pour ses utilisateurs souhaitant retirer plus d’un bitcoin (BTC) ou plus de 50 ethers (ETH) par 24h. Une limitation pour le moins flexible, d’autant plus alors que la société s’installera dans une contrée sans doute sympathique… mais par exemple récemment labellisée paradis fiscal par la France du fait d’une « coopération fiscale [insuffisante]« .
La question de la directive 5AMLD va également rapidement se poser pour des crypto-exchanges de premier plan. En effet Binance et OKEx sont – pour l’instant – installés principalement à Malte. Or la petite île fait bien partie de l’UE, et elle devra tôt ou tard appliquer elle aussi cette nouvelle réglementation.
Si les exchanges de la cryptosphère sont les premiers à appeler de leurs vœux une auto-régulation du secteur lorsqu’ils discutent avec les divers régulateurs mondiaux, le ton est souvent moins cordial lorsque les ordres viennent d’en haut. Les prochains mois pourraient bien être tendus pour certains de ces mastodontes… encore européens pour l’heure.