Confusion autour du « raid » sur Binance, répression des cryptos en Chine
C’était une des news sulfureuses de la fin de semaine dernière : selon une rumeur rapportée par le crypto-média The Block, des locaux de Binance à Shanghai auraient été fermés par un raid de la police. Entre réelles pressions des autorités chinoises et exagération sensationnaliste de The Block, il a été difficile sur le moment de faire la part des choses. Désormais, nous pouvons prendre un peu de recul sur l’affaire…
Une fermeture administrative d’une filiale de Binance ?
L’étincelle qui a enflammé les débats entre soutiens et adversaires du crypto-exchange Binance est un article de The Block en date du 21 novembre, article qui a depuis nécessité un explicatif au vu de la déferlante de termes comme « fake news » ou « FUD » auxquels la publication a eu droit.
Comme toutes les nouvelles qui viennent de Chine, les dernières explications en date sur cette affaire sont à prendre avec des pincettes, mais il semblerait que les autorités chinoises aient elles même expliquées le déroulement des faits à la télévision. Selon Dovey Wan, de Primitive Ventures, qui a traduit les propos rapportés :
« (…) le bureau de Shanghai [attribué par The Block] à Binance serait une équipe externe de relation clientèle du crypto-exchange, appartenant à Babi Finance (une société achetée par Binance) ».
https://twitter.com/DoveyWan/status/1198940939898642433
Babi Finance étant un investissement de Binance, cela serait à l’origine de la confusion, même s’il existerait donc bel et bien un lien indirect.
Quant au terme « raid de la police » qu’utilisait l’article initial de The Block, ces derniers admettent qu’il était peut-être un peu exagéré :
« (…) une autre source [anonyme également] a affirmé que des fonctionnaires d’État s’étaient rendus dans l’un des bureaux avant sa fermeture. Néanmoins, après la publication, d’autres sources vérifiées ont remis en question la véracité du mot « raid », tel qu’il est utilisé dans notre rapport. Nous avons mis à jour notre article précédent – et son titre – pour refléter cette ambiguïté », Frank Chaparro, rédacteur en chef de The Block
La réalité d’une répression autoritaire contre les cryptos en Chine
Nous passerons rapidement sur les menaces de porter plainte de Binance contre The Block, formulées par un tweet de son CEO et fondateur – Changpeng Zhao – le 23 novembre (qui accuse au passage l’article du média de « pur FUD »), avant de dire finalement qu’il passait à autre chose le lendemain, dans un autre tweet.
Le vrai problème de cette histoire est que les autorités chinoises ont officiellement annoncé une répression contre les services liés aux cryptomonnaies ces dernières semaines.
Selon Cryptoslate, la succursale de Shanghaï de la Banque populaire de Chine (PBoC) aurait expliqué, pas plus tard que ce 22 novembre, qu’elle surveillera de près dans sa juridiction « les activités commerciales liées aux cryptoactifs » jugées illégales, et qu’elles seront « éliminées immédiatement ».
Avec son trouble bipolaire pro-blockchains/anti-cryptos, la Chine est une source permanente de confusion et d’incertitude dans la cryptosphère. Aujourd’hui encore, il est difficile de tirer le vrai du faux dans l’affaire du « raid » sur un éventuel bureau de Binance, mais une chose est sûre : le crypto-climat semble bel et bien délétère en Chine.