Bitcoin, une bulle en formation ou une bombe sociale ? Les 5 raisons qui contre-disent la BCE
- Les économistes de la Banque Centrale Européenne ont critiqué le Bitcoin, le qualifiant d’actif spéculatif provoquant une redistribution massive des richesses.
- Selon leur analyse, les premiers investisseurs en Bitcoin s’enrichissent au détriment des derniers arrivants et des non-détenteurs, menaçant ainsi la cohésion sociale et économique.
Mais pourquoi sont-ils si méchants ? Les économistes de la Banque Centrale Européenne, Ulrich Bindseil et Jürgen Schaaf, n’ont pas mâché leurs mots dans leur rapport « Les conséquences distributives du Bitcoin » concernant l’impact potentiel du Bitcoin sur la société. Bien loin d’une simple « monnaie numérique », le Bitcoin est désormais perçu comme un actif spéculatif, mais ses effets économiques, selon eux, pourraient provoquer des effets redistributifs massifs qui minent la cohésion sociale. Voici comment et pourquoi cette redistribution fonctionne, au bénéfice des « Early Birds » (les premiers investisseurs) et au détriment des « Latecomers » (ceux qui arrivent tardivement) et des non-détenteurs.
Bitcoin, enrichit-il les uns et appauvrit-il les autres ?
C’est ce que semblent soutenir les deux analystes. Selon Bindseil et Schaaf, le Bitcoin, initialement imaginé comme un moyen de paiement décentralisé, s’est transformé en actif d’investissement spéculatif, largement motivé par les croyances collectives d’une valorisation sans fin.
Cette croyance repose sur une « exubérance de prix » : le Bitcoin n’a pas d’utilité économique sous-jacente ou de flux de trésorerie comme les actions ou l’immobilier, ce qui rend tout modèle de valorisation complexe.
Dans ce contexte, l’économie globale devient un jeu à somme nulle où l’enrichissement des uns mène à l’appauvrissement des autres. Le rapport met en évidence que lorsque les « Early Birds » utilisent leurs gains pour augmenter leur consommation, cet excès est compensé par une diminution des investissements ou de la consommation des non-détenteurs.
« La promesse initiale de Nakamoto (2008) de fournir au monde un meilleur moyen de paiement mondial ne s’est pas concrétisée. Au lieu de cela, l’accent s’est de plus en plus déplacé vers le Bitcoin en tant qu’actif d’investissement promettant des gains en capital élevés. Les promoteurs de cette vision d’investissement ont fait peu d’efforts pour relier Bitcoin à une fonction économique qui justifierait son évaluation. »
Bitcoin ou la redistribution perpétuelle !
Les économistes de la BCE analysent un scénario où la valeur du Bitcoin continuerait d’augmenter, entraînant une redistribution significative des richesses. La richesse accumulée par les premiers détenteurs de Bitcoin (ou « Early Birds ») se traduit par une consommation accrue, qui serait financée indirectement par une réduction de la consommation ou des investissements des « Latecomers » et des non-détenteurs. Plus que des pertes d’investissement mal programmées, cette redistribution opère de façon structurelle : les gains des premiers arrivants sont financés par l’appauvrissement progressif des derniers arrivants.
Bindseil et Schaaf illustrent cet effet avec un modèle simplifié où, chaque année, une partie des Bitcoins détenus par les Early Birds est transférée aux Latecomers, ces derniers devant financer cet achat soit par la liquidation d’autres actifs, soit en réduisant leur consommation.
Une croissance non-productive
Selon les chercheurs, le Bitcoin, contrairement à d’autres investissements comme les actions ou les obligations, n’apporte aucune contribution à la productivité économique. Par conséquent, la consommation financée par les gains en Bitcoin provient de ressources qui seraient autrement disponibles pour la consommation ou l’investissement d’autres individus. En termes simples, le coût social de l’« enrichissement en Bitcoin » repose sur un appauvrissement relatif des autres segments de la société.
Le rapport souligne également que, dans une économie où la banque centrale resserre sa politique monétaire pour compenser les dépenses excessives, les intérêts augmenteraient, réduisant encore la capacité d’investissement. Cet appauvrissement n’est pas seulement une perte relative, mais un réel affaiblissement économique pour ceux qui ne participent pas ou qui arrivent trop tard dans l’investissement en Bitcoin.
Les conséquences politiques et sociales : menace pour la cohésion et la démocratie
Le rapport va jusqu’à émettre des avertissements politiques. Dans une société où la richesse est massivement redistribuée en faveur des premiers détenteurs de Bitcoin, les non-détenteurs et les retardataires risquent de perdre leur pouvoir d’achat de manière durable, ce qui peut engendrer frustration et mécontentement social. Bindseil et Schaaf considèrent même que cette répartition inégale des richesses pourrait déstabiliser la démocratie, en favorisant des politiques populistes ou radicales pour contrer ce déséquilibre économique.
Pour les économistes de la BCE, le Bitcoin pourrait engendrer une redistribution des richesses qui dépasse la simple dynamique spéculative. En effet, même dans un scénario où sa valeur continue d’augmenter, ses effets sociaux restent problématiques : les premiers détenteurs de Bitcoin accumulent des richesses qui, en réalité, réduisent la capacité de consommation et d’investissement des autres membres de la société. Cette situation crée un appauvrissement progressif qui, bien loin de stimuler l’économie, pourrait engendrer des divisions socio-économiques majeures.
Ainsi, la vision du Bitcoin comme un instrument de liberté financière pourrait bien s’avérer être un outil de redistribution au coût social élevé.
Si la Banque Centrale Européenne voit dans le Bitcoin un « instrument de redistribution pernicieuse », elle omet d’aborder l’essence même de ce qui le rend si révolutionnaire. Créé en réponse aux dérives des institutions financières centralisées, Bitcoin n’est pas seulement un actif spéculatif, mais un instrument puissant de liberté financière et d’indépendance économique. Au-delà des fluctuations de prix et des cycles de marché, Bitcoin représente avant tout une philosophie et une technologie conçues pour redonner le contrôle aux individus, en les libérant des contraintes et de la surveillance imposées par les systèmes financiers traditionnels.
« Ce qui semble intuitivement prometteur ou du moins non nuisible reste problématique : Étant donné que Bitcoin n’augmente pas le potentiel productif de l’économie, les conséquences de l’augmentation continue supposée de sa valeur sont essentiellement redistributives. C’est-à-dire que les effets de la richesse sur la consommation des premiers détenteurs de Bitcoin se fait au détriment de la consommation du reste de la société. »
Les 5 raisons qui donnent tort à la BCE
1. Bitcoin : Une technologie incensurable et décentralisée
Il faut comprendre que Bitcoin repose sur la blockchain, une technologie décentralisée qui fonctionne sans autorité centrale. Contrairement aux monnaies émises par les banques centrales, contrôlées et manipulées au gré des politiques économiques, et adorées par la BCE, Bitcoin est inaccessible aux manipulations.
Ce caractère incensurable est une révolution dans le monde de la finance : aucune entité, qu’il s’agisse d’un gouvernement ou d’une banque centrale, ne peut en interdire l’utilisation ou en bloquer les transactions. Pour des millions de personnes vivant sous des régimes autoritaires ou dans des économies instables, Bitcoin est une porte de sortie qui leur permet de stocker et de transférer de la valeur sans craindre une confiscation ou des restrictions arbitraires.
2. Un système de valeur fondé sur la rareté et la transparence
Contrairement à l’euro ou au dollar, dont l’offre peut être ajustée à volonté, le Bitcoin est limité par un code : seulement 21 millions de BTC existeront un jour. Cette rareté programmée confère au Bitcoin une résistance à l’inflation qui manque cruellement aux monnaies fiduciaires, dont l’émission excessive peut entraîner des crises de confiance et la perte de pouvoir d’achat des citoyens. En offrant une alternative transparente et prévisible, Bitcoin donne aux individus un refuge contre les politiques monétaires inflationnistes et les risques de dévaluation.
3. La liberté de transférer de la valeur sans intermédiaires
L’une des plus grandes promesses de Bitcoin réside dans sa capacité à permettre des transactions pair-à-pair (P2P) sans intermédiaires. En éliminant les banques et autres institutions du processus de transfert de valeur, Bitcoin devient un outil puissant pour les populations sous-bancarisées. Des millions de personnes dans le monde n’ont pas accès aux services bancaires traditionnels ; Bitcoin leur permet de participer pleinement à l’économie mondiale, sans se soucier des frontières ni des contrôles de capitaux.
4. Un contre-pouvoir aux institutions financières
L’existence de Bitcoin et d’autres cryptomonnaies est une réponse directe aux crises financières et aux abus de pouvoir des institutions centralisées. En 2008, les citoyens ont été témoins des effets dévastateurs des décisions irresponsables des banques, soutenues par les gouvernements et les banques centrales. Le Bitcoin, créé dans ce contexte, représente un contre-pouvoir face à ces acteurs. Il est conçu pour rendre le pouvoir monétaire aux individus, et non aux institutions. Si la BCE perçoit Bitcoin comme une menace pour l’ordre financier, c’est précisément parce que ce dernier repose sur un modèle de contrôle centralisé.
5. Au-delà du profit : une nouvelle vision de l’économie et de la société
Bitcoin incarne une nouvelle forme d’économie, où les règles sont inscrites dans le code et où la confiance réside non pas dans des institutions mais dans la technologie elle-même. Il s’agit d’une vision de société où chacun peut être son propre banquier, responsable de ses fonds et capable de participer à un système financier transparent et sécurisé. Bien que certaines personnes spéculent sur le Bitcoin pour ses gains potentiels, des millions d’autres y voient un espoir pour une économie plus juste, où la monnaie ne peut être manipulée à des fins politiques ou économiques.
Bitcoin, un outil pour l’individu et la liberté économique
Loin d’être un simple actif de spéculation, Bitcoin est un outil d’émancipation, une réponse à un système financier de plus en plus opaque et inégalitaire. Alors que la BCE souligne les risques d’une redistribution de richesse, elle néglige la possibilité qu’offre Bitcoin de créer un système où la finance est ouverte, transparente et accessible à tous. Pour ceux qui vivent dans des économies fragiles ou qui ont perdu foi dans les monnaies traditionnelles, Bitcoin offre une alternative précieuse. Au lieu de voir Bitcoin uniquement comme une menace, il est temps de le comprendre comme un vecteur de liberté économique pour une génération qui aspire à un contrôle personnel et à une indépendance financière véritable.