Bitcoin : Phoenix Wallet, le futur des wallets Lightning Network ?

Acinq étoffe sa gamme de portefeuilles avec son dernier-né, le Phoenix Wallet. Ce nouveau wallet mobile Bitcoin rend accessible les paiements Lightning au plus grand nombre. Simplicité et efficience sont donc les mots d’ordre de la startup française pour ce projet. Explications.

Phoenix : un wallet Lightning grand public

Le Lightning Network est un axe d’amélioration fondamental pour Bitcoin. Ce réseau en seconde couche construit par dessus la blockchain Bitcoin historique a pour vocation de simplifier et accélérer les transactions Bitcoin. Mais il comporte encore de nombreuses limitations. Par ailleurs, il convient de rappeler que le Lightning Network est encore quelque peu instable, et qu’il convient de rester prudent en l’utilisant seulement des sommes raisonnables de bitcoins.

Avec le LN, vous devez habituellement gérer vos canaux de paiements, vos soldes on-chain et off-chain. La plupart des wallets LN vous imposent de gérer ces paramètres vous-même avant de réaliser des transactions. Le premier-né d’ACINQ, Eclair Mobile, fait par exemple partie de cette catégorie. Avec Phoenix, ACINQ entend proposer une expérience utilisateur Lightning entièrement différente, et pour cela ils sont repartis de zéro – d’où le nom Phoenix, l’application qui renaît de ses cendres. Pour simplifier l’expérience utilisateur, ACINQ a dû se livrer à quelques compromis, notamment sur la confiance à lui accorder ainsi que sur le degré de confidentialité que peut offrir l’application. En effet, l’application est forcément liée à un nœud géré par ACINQ, lequel se chargera de l’ouverture et de la gestion des canaux pour vous. Notons pour autant que l’équipe est tout à fait transparente vis-à-vis de ces compromis et des questions qu’ils posent.

Une véritable renaissance, puisque Phoenix embarque avec lui plusieurs innovations liées au LN :

  • Pay-to-open : Phoenix crée automatiquement des canaux pour vous, si vous n’avez pas les liquidités suffisantes pour recevoir un paiement.
  • Spend-unconfirmed : qui permet d’utiliser un canal dès sa création, sans avoir à attendre les quelques confirmations habituellement nécessaires.
  • Peer back-up : Plus de problème de sauvegarde des canaux, il vous suffit d’installer l’application et d’entrer votre phrase de sauvegarde pour avoir accès à vos fonds. Vous avez ici l’un des compromis qu’a été forcé de faire ACINQ : un de vos pairs assurera au final la sauvegarde de vos canaux, et donc de vos fonds. Mais dans un but de sécurité, ce pair sera toujours la startup française, vu que Phoenix ne se connecte qu’aux nœuds de son éditeur.
  • Zero reserve : Vous pourrez dépenser tous vos fonds en une seule fois, même s’ils sont répartis entre plusieurs soldes. Les transferts internes seront gérés exclusivement au niveau de votre portefeuille.
  • Trampoline Payments : cette technologie encore en développement permet de déléguer le calcul des routes de paiements LN, évitant ainsi à votre mobile et à l’application d’avoir à effectuer de nombreuses opérations.
  • Swaps : Permet l’intégration quasi native à la chaîne Bitcoin principale, que vous receviez vos fonds depuis un wallet classique ou d’une transaction LN vous ne verrez donc aucune différence puisque l’application se charge de tout pour vous.

Installation & fonctionnement du Phoenix Wallet

Pour le moment, Phoenix n’est disponible que sur Android, mais le portage vers IOS est prévu pour le premier semestre 2020.

Pour ce qui est de l’installation, rendez-vous sur le Play Store avec votre appareil mobile préféré, téléchargez et installez l’application.
Cette dernière va vous demander de sécuriser votre compte en deux étapes. Tout d’abord avec un code à 6 chiffres que vous choisirez, puis avec une phrase mnémonique de 12 mots. Cette seed vous permettra de récupérer vos fonds sur n’importe quel appareil mobile.

Vous gardez donc le contrôle sur vos fonds, mais sans avoir à gérer vos canaux de paiements. Phoenix se situe donc entre Éclair Mobile, entièrement décentralisé où toute la gestion repose sur l’utilisateur, et ses concurrents qui reposent sur un tiers de confiance – par exemple le Zap Wallet.

Recevoir envoyer

Une fois de plus, pour l’utilisateur tout fonctionne comme sur un wallet classique. Vous envoyez et recevez vos fonds soit en entrant une adresse Bitcoince qui engendre des frais supplémentaires -, soit en flashant un QR code.

Si vous choisissez l’option « Show a bitcoin address » alors l’application vous avertira que les fonds vous seront transférés après une confirmation et avec des frais de 0.5 %.

Si l’on regarde sous le capot de l’application, on observe plusieurs choses intéressantes, derrière cette apparente simplicité. L’utilisation des trampolines payments permet d’améliorer l’expérience utilisateur et l’efficience d’un wallet Lightning mobile.

Cette technologie permet à votre portefeuille de ne pas avoir à calculer le chemin de vos transactions, ce qui accélère sensiblement vos paiements. L’application n’a qu’à se connecter à un nœud trampoline, qui se charge du calcul de la route pour vous.

C’est ici un autre des compromis relatifs à la confidentialité qu’a dû accepter de faire ACINQ. En l’état actuel de la technologie desdits trampolines, la startup aura toujours connaissance du destinataire et du montant des transactions réalisées depuis un portefeuille Phoenix. Mais cette situation qui les rapproche des wallets custodials classiques ne leur convient pas, et devrait être temporaire, du moins jusqu’à la démocratisation des nœuds trampoline. En ce qui concerne les frais de transactions, ceux-ci sont affichés sur le site de Phoenix :

  • Transaction Lightning : 10 satoshis + 0,1 % du montant envoyé.
  • Swap-in, soit une transaction « on-chain » vers Phoenix : 0,5 % du montant reçu. Cela couvre le coût de l’ouverture d’un canal et l’allocation de liquidités du côté d’Acinq. Ce sont les frais évoqués plus haut liés à l’option de réception de fonds sur une adresse Bitcoin classique.
  • Swap-out, soit l’envoi depuis Phoenix vers une adresse bitcoin : ici, le coût est variable en fonction des frais de transaction payés aux mineurs.

Conclusion

Il faut se le dire, le Lightning Network reste une grande expérimentation en développement, pour l’heure difficilement utilisable par le grand public. Les wallets Bitcoin ont beaucoup progressé, mais le réseau en lui-même peut sembler à certains plus lent à évoluer. L’une des clefs de cette modernisation est le Lightning Network, qui comme nous venons de le dire n’est pas simple d’utilisation avec sa gestion des soldes et des canaux.

L’initiative d’ACINQ est donc en parfaite corrélation avec les attentes du marché concernant l’usage quotidien des cryptomonnaies : simplification et efficacité. La récente participation de BpiFrance dans la levée de fonds d’ACINQ montre bien cette adéquation avec une attente du public.

Comme l’évoque ACINQ, Phoenix n’a pas vocation à remplacer Eclair Mobile. Ces deux applications ont deux publics cibles différents. Eclair donne tout pouvoir à ses utilisateurs sur leur transaction LN, ce qui implique beaucoup de liberté… mais aussi un certain degré de technicité et plus de responsabilités. Pour sa part, Phoenix vise un public plus large souhaitant profiter des avantages du LN sans l’explorer en profondeur : un premier pas bienvenu vers une plus grande démocratisation ?

Thomas G.

Financier et juriste, je suis passionné par les cryptomonnaies depuis leur apparition sur le Deepweb. Fervent supporter du Bitcoin, je suis convaincu que les devises numériques joueront un rôle déterminant dans l'avenir de nos sociétés. Je m'intéresse tout particulièrement aux aspects financiers et législatifs des cryptomonnaies.