Bitcoin, future colonne vertébrale d’une révolution monétaire – Le protocole RGB, une renaissance ?

L’histoire des fameux jetons cryptographiques est une vraie montagne russe depuis que leur concept a été énoncé pour la première fois, quelque années seulement après l’invention du Bitcoin. Aujourd’hui, nous allons rapidement explorer ensemble le passé de la folie de l’émission de tokens sur Bitcoin, puis nous intéresser à son futur possible. C’est parti !

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La genèse de jetons cryptographiques, les “Colored Coins”

Dès 2012, nombreux ont été les curieux à vouloir exploiter les propriétés de la blockchain du Bitcoin au-delà du simple pouvoir du transfert de la pièce native du protocole. Grâce à la structure des UTXO’s (Unspent Transaction Outputs) du Bitcoin, il est possible de distinguer des pièces individuelles en les marquants avec de l’information additionnelle.

Exemple colored coins pièces colorées
Exemple d’émission de pièces colorées (Colored coins) sur Bitcoin.

Le procédé en question se nomme “Colored Coins”, simplement car les données supplémentaires qui sont rajoutées dans une transaction pour marquer un UTXO Bitcoin particulier suivent le standard RGB (“Red, Green, Blue”). Ce standard est utilisé pour définir une couleur en chiffre.

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Ce concept se heurta cependant à de nombreux problèmes de scalabilité et de programmabilité rapidement, bien qu’il fût prometteur au niveau de son ingéniosité permettant de se reposer sur une base protocolaire déjà établie et aussi sécuritaire qu’est celle du Bitcoin.

S’en suivit la création de nombreuses plateformes, telle que l’Ethereum, explicitement conçues pour une création facile de jetons cryptographiques.

Les fonctionnalités recherchées des jetons cryptographiques

De nombreuses raisons expliquent l’excitation et l’empressement des développeurs et investisseurs confondus au sujet des jetons cryptographiques.

La possibilité de procéder à des levées de fonds en cryptomonnaies ad-hoc, d’émettre des jetons adossés à des monnaies fiduciaires (stablecoins) ou encore des jetons non-fongibles représentants des biens purement numériques ne cesse de pousser notre imagination.

Bitcoin BTC Gold Or

Par leur nature numérique, ainsi que leur grande flexibilité au niveau de leur programmation, les jetons nous poussent à révolutionner la notion d’avoir en tant que telle.

Pourtant, malgré l’énorme capital et ressources humaines déployés depuis des années pour arriver à une plateforme qui marierait scalabilité à la programmabilité, nous sommes loin d’une solution idéale.

Ethereum, qui se voulait la solution pour résoudre les problèmes de scalabilité du Bitcoin, est également confronté à des frais de transactions exorbitants.

Les conclusions semblent se diriger vers la même direction toutes plateformes confondues. La solution consiste à éviter d’inscrire des données inutilement dans la blockchain et ramener le plus possible la logique de contrats intelligents dans des réseaux parallèles de seconde couche pour éviter de congestionner la blockchain. Pourtant, cette méthode n’est pas que salvatrice pour la blockchain utilisée en question, mais apporte également de nombreux avantages supplémentaires pour les utilisateurs qui décident de procéder ainsi.

RGB, un retour aux sources

Bien qu’une majorité des efforts déployés pour la création d’une plateforme parfaite servant à l’émission de jetons se concentrent sur des réseaux hors Bitcoin, certains n’ont pas oublié l’ambition de réaliser celle-ci sur la première et principale crypto-monnaie.

Le protocole RGB est une de ces initiatives et un projet lancé et maintenu par des vétérans de l’industrie. Initialement conceptualisé par Giacomo Zucco et Peter Todd, RGB a avancé à grand pas une fois que la maintenance du projet a été entreprise par le Dr. Maxim Orlovsky et Pandora Core AG à la mi-2019.

Le projet est maintenu selon une liste de standards publiée par l’association BP/LNP, qui rassemble un ensemble de propositions et de librairies de développement pour tous les projets ne touchant pas directement la première et deuxième couche du Bitcoin.

RGB est supporté également sous forme de financement par des firmes telles que Tether, Bitfinex et Bitrefill.

Le fonctionnement de RGB

Le protocole RGB se définie comme une troisième couche du Bitcoin, car elle utilise non seulement la première couche, mais peut également utiliser le Lightning Network pour son fonctionnement.

En tant que plateforme de contrats intelligents, le protocole RGB se distingue fortement de tous les projets antérieurs basés sur le Bitcoin et des plateformes hors Bitcoin.

Le protocole RGB se vante de pouvoir régler les problèmes suivants :

  • L’inévitable goulot au niveau de la scalabilité d’une structure de donnée Blockchain qui rend difficile l’utilisation de jetons numériques à grande échelle.
  • La confidentialité en défaut de la plupart des plateformes blockchains puisque l’ensemble des transactions et bien numériques conçus par-dessus celles-ci sont sujets à de l’analyse et surveillance.
  • L’inefficience des contrats intelligents actuels, souvent dûe à des langages de programmation non-audités et à des problèmes de gouvernance des plateformes.

Pour ce faire, la création de jetons sur le protocole RGB se déroule selon une méthode particulière.

Premièrement, l’ensemble de la logique de contrat intelligent et de la création de jetons se fait hors de la première couche au travers de schémas inhérents au langage Simplicity. Ce langage permet la création de contrats complexes sécuritaires. Il faut voir cette étape comme la création des règles que les jetons devront suivre par la suite.

Tout récemment, la compagnie Blockstream a fait mention de ces avancements et a lancé le code source de Simplicity, qui sera bientôt disponible sur la plateforme Liquid, qui est une sidechain du Bitcoin.

Pour illustrer l’unicité d’un jeton digital particulier ainsi que sa possession, le protocole RGB fait usage de sceau cryptographique à usage unique (Single Use Seal), représentant l’état d’un contrat intelligent, qui est ensuite inséré dans un UTXO Bitcoin particulier. Les UTXO’s sont les monnaies distinctes sur le réseau Bitcoin et sont uniques, donc en liant un jeton ou un ensemble de jetons à un UTXO, on le rend clairement unique.

Par contre, tous traitements de l’état d’un contrat intelligent ou changement de possession d’un jeton se fait au niveau local par le détenteur des jetons ou du contrat intelligent en question. Le détenteur peut procéder à des changements de l’état du contrat intelligent au travers d’un état de transition et en dépensant l’UTXO contenant le sceau à usage unique.

Lorsque le prochain utilisateur reçoit les jetons, il doit valider le DAG (Directed Acyclic Graph) où sont marquées toutes les données de changement d’état du contrat et de changement de possession du jeton, en regardant s’il correspond bien aux règles définis par le contrat intelligent en Simplicity, aussi appelé Schéma.

Graphe Orienté Acyclique DAG
Un exemple de graphe orienté acyclique, ou DAG (Wikipédia).

Il n’existe donc pas de blockchain dans RGB, seulement des nœuds qui permettent aux usagers de valider que les règles locales du jeton ou du contrat intelligent ont été respectées. Chaque transaction est alors un nœud (sommet) du graphe. L’avantage, par rapport à la structure en arbre des blockchains, est qu’il est beaucoup plus rapide de parcourir et de traiter les données. Le problème des plus courts chemins – trouver le chemin le plus court entre deux sommets – est ainsi résolu de façon linéaire.

Il existe évidemment les concepts de clés privées et de Script (le langage du réseau Bitcoin) pour prouver l’authenticité de la possession des actifs cryptographiques en question.

Finalement, RGB peut se jumeler au réseau Lightning grâce au protocole Spectrum de Pandora Core AG, afin de permettre une coordination par multiples parties sur le changement d’état et de possession sur des jetons ou des contrats intelligents RGB. Cela permettra aux usagers de créer des plateformes d’échanges décentralisées (DEX) par-dessus Lightning avec des jetons RGB !

Conclusion

L’internet ne s’est pas construit en une année, il a fallu plusieurs décennies pour compléter les plusieurs couches qui font maintenant partie du protocole TCP/IP. Certains sont prêt à faire le pari que le modèle de l’internet par couche se reproduira également sur le Bitcoin. L’équipe du protocole RBG sont déjà en train de construire la troisième couche alors que le Lightning Network, n’est pas encore finie.
La plateforme de choix pour la création de bien numérique n’est pas encore garantie. Dans bien des cas, il y a plusieurs questions scientifiques auxquelles il faudra encore répondre. Mais en observant ce renouveau à retourner sur Bitcoin pour la création de bien numériques, c’est à se questionner si la réponse ne se trouvait pas droit devant nos yeux… depuis le tout début !

Maciej Cepnik

Chargé du marketing et des ventes chez Veriphi, société de conseil qui oeuvre chaque jour à faire de Bitcoin la monnaie de demain.