Bitcoin et le Corona-Crash
Mon Ledger réfrigérateur est-il plein ? L’une des leçons que nous avons certainement tous vécus avec cette crise du coronavirus est la vitesse à laquelle nous sommes capables de nous concentrer sur nos besoins vitaux, dès que ceux-ci se trouvent menacés.
Premier réflexe : comment ne pas attraper la maladie ou la transmettre à nos proches ?
Second réflexe : si l’organisation de la société est complètement chamboulée, comment vais-je manger et faire manger ma famille tant que dure cette épidémie ?
Troisième réflexe : où sont mes économies, et comment se comportent-elles par rapport à la crise ?
Tout le monde est sain et sauf ?
Il est intéressant de constater que pour ceux qui ont la chance d’avoir un compte d’épargne, même modeste, ces deux première questions n’impliquent en aucun cas la richesse, l’argent ou l’économie.
Quelle est l’utilité d’un compte en banque plein à craquer si les magasins sont de toutes façons vides et si aller acheter des nouilles représente un risque bactériologique mortel ?
Heureusement, les magasins restent pleins et le désormais très populaire rayon du papier toilette est réapprovisionné en permanence. Cette crise n’a pas eu pour conséquence la rupture des chaines d’approvisionnement, fort heureusement.
Les besoins immédiats étant satisfaits pour la plupart d’entre nous, à l’exception malheureuse de ceux qui souffrent de complications, nous nous tournons vers notre troisième réflexe : l’avenir.
Et l’avenir, c’est essentiellement l’état de notre compte en banque.
Pour ceux d’entre nous qui avaient diversifié leur épargne, la crise du coronavirus a été catastrophique, terrifiante. Aucun secteur n’a été épargné : les actions, les cryptomonnaies et même l’or ont subit un crash historique.
Comment va mon épargne ? (spoiler : mal)
Ce crash a été une surprise pour la majorité. L’or était la valeur refuge ultime et l’annonce d’une crise devait le faire bondir, principe par exemple utilisé comme élément narratif majeur dans la bande dessinée « Le Janitor ». Les cryptomonnaies, elles, étaient perçues comme la valeur anti-état par excellence, celles qui exploseraient en cas de crise et remplaceraient l’or. La décorrélation des cryptomonnaies et des marchés en faisait d’ailleurs l’instrument de diversification idéal.
Le principe même des marchés est de surprendre la majorité. De réagir de la manière à laquelle on s’attend le moins. Ou de le faire d’une manière étonnante.
Peut-être faut-il voir dans ce crash un repli vers la monnaie fiat. Un aveu de la toute-puissance des états qui se révèlent, du plus autoritaire au plus démocratique, capables d’enfermer chaque citoyen dans un confinement inégal. Les uns jouissants de leur parc et de leur personnel à domicile tandis que les autres se voient obligés de s’entasser dans des petits appartements exigus.
Un repli vers le cash… l’or, et les cryptomonnaies ?
Si l’or semble rebondir et repartir vers des nouveaux sommets, le cas des cryptomonnaies est lui encore très indécis. Ce crash permet de rappeler que décorrélation ne signifie pas corrélation inverse : les cryptomonnaies ne sont pas un simple miroir inversé du marché, si les marchés traditionnels s’effondrent, il n’existe pas de réponse magico-mécanique inverse où les cryptomonnaies jaillissent.
Alors que les marchés semblent se relever, que ce soit durablement ou par simple effet rebond, le marché des cryptomonnaies se rallie, comme toujours, derrière Bitcoin et semble hésiter, tergiverser.
Les ardeurs ont été refroidies, le marché mûrit, engrange de l’expérience. Le bitcoin nous rappelle que son prix, comme celui de n’importe quel actif sur un marché ouvert, ne dépend que d’une seule et unique chose : la volonté d’acheter ou de vendre des êtres humains qui composent le marché.
Les crashs de 1929, 87, 2000, 2008 ou 2020 ont tous une explication très simple : les humains ont préféré vendre qu’acheter. Bitcoin nous rappelle qu’il n’est pas une exception, qu’il a besoin des humains pour exister, pour s’améliorer, pour s’échanger.
S’il y’a une leçon à tirer de cette crise c’est que notre santé, socle fondateur de notre productivité, est l’investissement fondamental qui permet à notre société de progresser. La santé n’est pas un marché, elle est la fondation nécessaire à l’existence des marchés. Et les cryptomonnaies ne sont pas (encore ?) la valeur refuge idéale en temps de crise.