Bitcoin, l’arme fatale qui fait douter les banques centrales !
Banque versus Bitcoin La méfiance de l’establishment monétaire envers Bitcoin n’est pas nouvelle. Mais, elle semble prendre de l’ampleur. En effet, les banques centrales, traditionnellement réservées sur les cryptomonnaies, intensifient leurs études sur l’impact potentiel de Bitcoin sur la politique monétaire et l’économie. Même la banque des banques y va de son avis. Dernièrement, plusieurs rapports de poids émanant de la Banque centrale européenne (BCE), de la Réserve fédérale de Minneapolis et du Fonds Monétaire International (FMI) mettent en lumière les risques de ce que certains décrivent comme un « expérience monétaire » incontrôlable.
Bitcoin : Un outil de redistribution des richesses ?
La BCE a publié récemment une analyse au goût amer pour les investisseurs. Son constat ? La hausse de Bitcoin enrichit principalement les premiers investisseurs, laissant une grande partie de la société « plus pauvre en termes relatifs ». En effet, toujours d’après l’institution européenne, Bitcoin ne crée aucune production ni valeur économique ajoutée, ce qui signifie que chaque dollar investi n’est qu’un simple transfert de pouvoir d’achat des non-détenteurs vers les « hodlers » historiques. Ce mécanisme, dépeint comme une pure redistribution de richesse, peut sembler aussi inéquitable que certains mécanismes de création monétaire traditionnels.
Ce phénomène fait écho à un concept économique bien connu, l’effet Cantillon : cet effet souligne que ceux qui reçoivent les nouveaux fonds monétaires en premier (souvent les banques et les élites financières) profitent d’un pouvoir d’achat accru, tandis que les autres, plus éloignés de la « source », subissent la hausse des prix. La BCE, dans une ironie sans doute involontaire, se retrouve face à sa propre version de l’effet Cantillon, mais cette fois, c’est Bitcoin qui en serait la cause.
Bitcoin : Une menace pour l’efficacité de la politique monétaire ?
Plus qu’une simple question de distribution de la richesse, Bitcoin pourrait, selon certains économistes, menacer la capacité des gouvernements à conduire des politiques budgétaires efficaces. Et dans ce sens, la BCE n’est pas la seule à tomber de chaise lorsqu’il s’agit d’aborder le sujet de la reine des cryptomonnaies. Souvenez-vous la semaine dernière.
La Réserve fédérale de Minneapolis, et non la FeD américaine fédérale comme certains de nos confrères ont pu titrer avec erreur, annonçait elle aussi sa méfiance envers Bitcoin. Toutefois, l’effet est moins puissant que ce que l’on a voulu nous faire croire car il s’agit d’une filiale de la FeD. En effet, la Réserve fédérale des États-Unis (Fed) est la banque centrale nationale des États-Unis. Elle est responsable de la politique monétaire pour l’ensemble du pays. Elle est constituée d’un Conseil des gouverneurs à Washington D.C. et de 12 banques de réserve régionales réparties dans différentes grandes villes américaines. La Fed a pour missions principales de gérer l’inflation, favoriser l’emploi et stabiliser le système financier national. Minneapolis est l’une d’elle.
Donc, la Réserve fédérale de Minneapolis a publié un rapport alarmant : tant que des alternatives comme Bitcoin existent, les gouvernements pourraient avoir du mal à maintenir des déficits budgétaires soutenables, car les citoyens se tournent de plus en plus vers des actifs numériques en lieu et place des obligations d’État. Ce phénomène affaiblit la demande pour la dette publique et limite la capacité du gouvernement à financer ses dépenses par l’emprunt.
« Cependant, ce résultat échoue si des morceaux de papier inutiles (en bref, Bitcoin) peuvent également être échangés. En cas d’échanges de Bitcoin, il n’existe plus de stratégie continue de Markov permettant une implémentation unique pour le gouvernement. (….) Une interdiction légale du Bitcoin peut restaurer l’implémentation unique des déficits primaires permanents (…) »
Pour les banques centrales, deux solutions s’offrent alors : bannir Bitcoin ou imposer une taxe spécifique sur sa détention. Une perspective peu réaliste pour l’instant, mais qui souligne l’inconfort croissant des institutions face à cet actif décentralisé et global.
Bitcoin, un trop beau tremplin pour les pays émergents ?
Le Fonds monétaire international (FMI), de son côté, s’inquiète surtout pour les marchés émergents, là où les monnaies locales sont souvent moins stables. Dans un récent rapport, le FMI avertit que l’essor des cryptomonnaies et des stablecoins pourrait réduire encore plus la souveraineté monétaire de ces pays. La “cryptoisation”, un phénomène où les habitants adoptent des cryptomonnaies plutôt que la devise nationale, menace de déstabiliser les économies aux structures monétaires fragiles.
Pour éviter une telle dépendance aux actifs numériques, le FMI recommande aux banques centrales de renforcer leurs institutions monétaires. Contrairement à la BCE ou à la Réserve fédérale de Minneapolis, le FMI ne plaide pas pour des restrictions directes sur Bitcoin, mais appelle à des politiques macroéconomiques robustes et crédibles afin de limiter l’attrait des crypto-actifs.
L’adoption du Bitcoin : un cauchemar pour les banques centrales ?
Ces analyses montrent que les banques centrales, longtemps réticentes, commencent à prendre Bitcoin au sérieux. Bien que ces rapports n’aient pas encore d’incidence directe sur les politiques monétaires, ils marquent une évolution importante dans la perception institutionnelle de la cryptomonnaie. Pour les partisans de Bitcoin, ce n’est qu’un accomplissement des objectifs initiaux du projet : offrir une alternative aux systèmes monétaires centralisés.
La réaction des institutions est finalement une reconnaissance indirecte du pouvoir que Bitcoin pourrait exercer sur le long terme. Si ce phénomène se poursuit, les banques centrales pourraient se retrouver en difficulté, entre un contrôle renforcé de la politique monétaire et l’autonomie financière croissante des utilisateurs de cryptomonnaies.