KYVE, l’AWS des blockchains ? Tout ce que vous devez savoir sur l’archivage décentralisé des cryptomonnaies
Kyve Network est l’un de ces protocoles Web3 novateurs qui réinventent l’utilisation des données “on-chain” : si les nouveaux investisseurs et autres builders attirés par l’eldorado des cryptomonnaies se prennent à rêver d’un Internet réinventé grâce aux technologies blockchain, il y a encore du chemin pour parvenir à décentraliser réellement les flux de données qui les font fonctionner et sont pourtant si importants. En effet, à quoi bon promettre une révolution si elle doit tout stocker sur Amazon Web Service ? Après le Google des Blockchains The Graph qui réinventait l’indexation décentralisée, découvrez Kyve, l’AWS du futur multichaines !
Table des matières
Le projet KYVE : ses objectifs et ses soutiens
Archiver le web des blockchains et offrir un vrai Web3
KYVE propose une solution d’archivage et de mise en cache décentralisée, qui permet aux blockchains modernes et aux applications décentralisées (dApps) de stocker et de partager leurs données de façon pérenne, solide et évidemment décentralisée. L’ambition pourrait paraître assez démesurée, mais il n’empêche qu’elle se justifie sans mal : pourquoi diable s’intéresser à un hypothétique Web3 si celui-ci devait fatalement se retrouver à terme autant centralisé que le Web2, mais en ayant seulement permis de remplacer les intermédiaires mastodontes actuels par de nouveaux acteurs qui ne feraient que de prendre leur place ?
C’est donc là qu’intervient KYVE, avec une vision du stockage de données décentralisé et incitatif, pour tenter de permettre aux plus grands projets de la cryptosphère d’atteindre leur pleine scalabilité, tout en stockant leurs données de manière fiable et permanente.
Le problème de la data blockchain
Il n’aura échappé à personne au sein de l’industrie qu’une blockchain, si ça pèse de plus en plus dans le game monétaire et financier mondial, ça pèse surtout… très lourd. Alors, pour imaginer un futur multichaines qui ne se transforme pas en immense gâchis et en cauchemar peuplé d’intenses migraines, KYVE se veut une solution pour toutes les parties prenantes de l’écosystème qui souhaitent interagir et stocker leurs données si précieuses.
En effet, qu’il s’agisse de la récupération initiale des données d’une blockchain (avez-vous déjà essayé de monter un archival node sur Ethereum ? Non ? Tant mieux pour vous, les amis), ou des échanges de données entre les différents protocoles qui émergent et peuplent progressivement l’écosystème naissant de la nouvelle finance décentralisée, les limites évidentes à une véritable scalabilité et à la naissance d’un Internet des blockchains souvent fantasmé sont nombreuses.
Vous voulez vous impliquer dans le projet Kyve ? Rendez-vous sur leur Telegram ! >>
KYVE développe ainsi une solution qui à terme sera prête à l’emploi, pour résoudre ces problèmes dans leur globalité et de façon unifiée, et ce même si les données sont un élément crucial de tout projet. L’objectif est clair : proposer un environnement accessible, flexible et structuré pour stocker ces données critiques et y accéder au besoin, et ce sur les principales blockchains de notre nouveau crypto-monde, sans effort.
Mais comment KYVE peut-il espérer devenir la colonne vertébrale de l’interconnexion entre les blockchains qui feront l’univers crypto de demain ? Voyons cela ensemble !
La tech derrière KYVE
L’archivage de données, sans tiers de confiance
KYVE veut développer une infrastructure d’archivage décentralisé, proposant ainsi une solution unifiée pour tous les besoins en matière de données blockchain. La technique doit permettre de normaliser, valider et stocker de manière permanente tout flux de données blockchain utile, à la volée. Pour réussir ce qui n’est rien de moins qu’un sacré défi, KYVE se repose sur les outils techniques d’Arweave. Rappelons qu’Arweave s’est spécialisé dans la fourniture de stockage de données décentralisé, à la manière de son concurrent Filecoin (FIL).
Les fournisseurs de données blockchain peuvent stocker et vérifier leurs flux de données en créant leur pool d’archivage. Chaque pool prend en définitive la forme d’une organisation autonome décentralisée (DAO) alimentée par SmartWeave, le langage de contrats intelligents d’Arweave.
Différents rôles existent donc au sein du réseau. Mais lesquels ?
Fournisseurs de données ou validateurs : quand il faut choisir son camp
Les fournisseurs de données et les validateurs garantissent la validité des données dans chaque pool, mais chaque rôle vient avec son lot de spécificités.
- Les fournisseurs de données récupèrent les données d’une source (par exemple, une blockchain en particulier) puis les stockent sur Arweave.
- Les validateurs vérifient la validité et l’intégrité des données en question, et ont la possibilité de se coordonner pour pénaliser les fournisseurs de données qui seraient malhonnêtes.
Une fois les données stockées, elles peuvent être facilement récupérées en utilisant l’interface de KYVE, ou en y accédant directement dans Arweave. En combinant le mécanisme de validation de KYVE et l’immuabilité certifiée par Arweave, KYVE garantit l’intégrité des données en jeu et vous les offre ensuite sur un plateau. A l’heure actuelle, le testnet du projet vous permet de tester les pools d’archivage des données liées aux blockchains d’Avalanche (AVAX), Moonriver et Cosmos (ATOM).
Comme vous allez le voir, c’est maintenant qu’entre en jeu les tokenomics du projet : pour inciter les utilisateurs à rejoindre son réseau de validateurs et à le fortifier, KYVE se repose sur son propre token, le $KYVE. Cette cryptomonnaie a donc trois rôles principaux :
- Permettre une gouvernance décentralisée du protocole : en stakant à terme leurs $KYVE auprès du protocole, les utilisateurs auront leur mot à dire sur son avenir. Au quotidien, des récompenses au prorata des sommes mises sous séquestre seront également reversées aux participants.
- Alimenter un véritable trésor de guerre communautaire : ce treasury sera automatiquement alimenté au gré du temps, à l’aide d’une simili-taxe sur les récompenses versées par les pools d’archivage, gravée dans le code. Les hodlers du $KYVE auront leur mot à dire sur l’utilisation de ce crypto-fonds amené à grossir au fil du temps.
- Inciter à contribuer aux pools d’archivage, avec du staking de $KYVE et la rémunération des fournisseurs de données et des validateurs par des récompenses adaptées et évolutives. Les validateurs ont de plus le pouvoir de slasher et confisquer les fonds mis sous séquestre par les fournisseurs de données, dans l’hypothèse où ces derniers seraient malhonnêtes, comme nous le verrons plus loin.
Maintenant que vous avez une vue technique claire et dégagée sur les différents sous-jacents de KYVE, plongeons complètement dans le consensus Arweave, la pierre angulaire du stockage décentralisé proposé par le projet.
Le consensus Arweave, le coeur nucléaire de KYVE
Pour permettre à KYVE de fonctionner de la plus parfaite des manières, Arweave propose sa propre solution de stockage de données décentralisée, reposant sur un partage de bande passante entre les différents hébergeurs et participants du réseau : ce partage se fait grâce à un système de réputation à double niveau, sobrement intitulé karma.
En résumé et pour tâcher de rester synthétique, retenez qu’un utilisateur du réseau Arweave qui veut échanger de la donnée avec un autre doit aussi échanger de la valeur (sous la forme tokénisée qu’on lui connait désormais bien) et de la réputation. Les différents utilisateurs du réseau ont donc chacun un score et un solde réputationnel à entretenir, mais ils sont aussi regroupées dans des simili-banques blockchains servant de gardiennes à leurs avoirs cryptos (en $AR) : par exemple, si un utilisateur A fait un échange de fichier avec l’utilisateur B – les banques A et B servent d’intermédiaires on-chain de conciliation.
Si l’échange s’est fait proprement, A envoie le fichier à B, les fonds on-chain sont échangés, et un échange de karma positif intervient de B à A – dans le cas contraire, les points de karma sont rendus à B.
Au final, vous l’aurez compris, sur la couche KYVE définitive, un fournisseur de données malhonnête se retrouverait slashé, et ses fonds mis sous séquestre dans la pool d’archivage seraient soumis au risque d’une confiscation. Les validateurs qui étudient et valident à la volée que tout se passe correctement sur le réseau ont donc ce rôle d‘arbitre précieux.
Désormais que nous avons pu détailler par le menu les interactions entre Kyve et Arweave, que diriez-vous de passer à la pratique ?
Contribuer au réseau KYVE
Tester l’EMV de KYVE en quelques clics
Si le projet de Kyve vous parle et que vous souhaitez contribuer, n’hésitez pas à vous référer au tuto officiel sur leur site… ou à vous retrousser les manches et me suivre, puisque nous allons rapidement et en quelques clics construire ensemble un noeud validateur pour Kyve, mais aussi staker quelques jetons testnet pour tester la bête ! Prêts ? C’est parti !
Rendez-vous donc sur la documentation technique de KYVE, et choisissez comment déployer votre propre instance de la machine virtuelle de KYVE, son fameux EVM. Notons que le projet est en développement, et que des nouveautés s’ajoutent régulièrement : il est désormais aussi possible de déployer l’instance KYVE dédiée au réseau Cosmos, pour les curieux, même si nous n’en parlerons pas dans cet article.
Pour les plus affutés d’entre vous, vous pouvez accéder directement aux binaries du projet pour les compiler et les utiliser par vous-même.
Pour les autres qui sont moins à l’aise, vous pouvez vous servir de Docker pour automatiser une partie du processus et vous faciliter la tâche. Téléchargez Docker pour votre distribution depuis le site officiel Docker et installez-le,
Ceci fait, lancez-le, et attaquons le vif du sujet !
Ouvrez un terminal et lancez la commande de démarrage de votre instance Docker :
docker un -d -p 80:80 docker/getting-started
Ensuite, téléchargez l’image pré-compilée du node Kyve :
docker pull kyve/evm:latest
Une fois le téléchargement terminé dans le terminal, vous retrouverez l’instance de votre nouveau noeud Kyve dans Docker. Cliquez sur “Run”, en conservant le terminal ouvert.
Maintenant, munissez-vous d’un wallet Metamask, et rendez-vous sur le site officiel de Kyve pour tester l’application en testnet. De là, connectez votre wallet Metamask, puis rendez-vous dans l’onglet Faucet pour réclamer quelques tokens gratuitement pour démarrer votre noeud validateur et pour pouvoir participer au réseau émergent. Il faudra pour cela cliquer pour partager un tweet automatique, puis copier-coller le lien dudit tweet sur le site de Kyve, qui vous envoie ensuite vos jetons $KYVE (et $DEV pour payer les frais de transaction testnet).
Une fois la transaction validée, rendez-vous sur votre MetaMask car il faudra récupérer quelques informations pour lancer votre noeud validateur, notamment votre clé privée exportée (on le rappelle donc : utilisez un wallet uniquement dédié à ce test, nouvellement généré pour l’occasion, et qui ne vous servira qu’à vous amuser sur ce testnet d’un nouveau genre).
Pour ce faire, ouvrez MetaMask, cliquez sur votre compte, ouvrez les détails du compte, puis exportez la clé privée.
Revenez dans le terminal, et lancez la commande suivante, en adaptant les paramètres à la pool à laquelle vous voulez contribuer, et en renseignant votre clé privée exportée :
docker run --name kyve-evm-node kyve/evm:latest --pool POOL_ADDRESS --private-key PRIVATE_KEY --stake 100
Dans mon cas, j’ai décidé de tester la contribution à la pool Moonriver, en copiant donc le Pool ID :
De là, une fois la commande précédente correctement adaptée et validée, votre noeud validateur va se lancer sous vos yeux ébahis. Deux transactions seront progressivement soumises, directement dans le terminal : une transaction pour approuver la dépense de 100 $KYVE, puis une transaction pour staker ces 100 $KYVE dans la pool de votre choix.
Laissez tourner votre noeud validateur, et rendez-vous sur l’interface graphique offerte par Kyve :
Libre à vous de contribuer dans différentes pools (mais il faudra alors faire tourner plusieurs instances Kyve, chacune avec des commandes adaptées pour les différentes pools que vous souhaitez abonder). Vous pourrez ensuite gérer ces fonds sous séquestre directement depuis l’app Kyve.
Vous voici membre de la petite coalition de crypto-explorateurs qui contribuent actuellement au testnet de Kyve ! Votre noeud validateur participe à la sécurisation du réseau et contribue à le fortifier, bloc après bloc !
L’équipe de Kyve s’est donc alliée aux autres pontes du secteur de la data blockchain, pour tenter d’offrir une petite révolution qui cherche à secouer le microcosme du stockage de données, grâce à la combinaison de mécanismes d’authentification, d’échange de données et de réputation qui intéresseront certainement les développeurs avisés. Son modèle économique reste naturellement à éprouver, puisque son produit ne se teste pour l’instant qu’en testnet, mais au global les aficionados techniques de la blockchain pourront sans mal percevoir les horizons novateurs offerts par cette architecture solide et originale. Alors, Kyve montrera-t-il le chemin aux développeurs les plus affutés désireux de contribuer à la naissance d’un Web3 réellement libéré des chaines qui entravent l’Internet actuel ?
Vous voilà désormais un peu mieux armé pour vous lancer et aider Kyve à décentraliser la façon dont les flux de données circulent sur un Net de plus en plus centralisé, aux mains de puissances de plus en plus monolithiques. Pour participer à la riposte, rendez-vous sur le Telegram de Kyve !