Bienvenue au Liberland, la micronation libertaire
Le monde des cryptomonnaies est plein de projets ambitieux, et d’individus excentriques. Mais à ces jeux-là, Vít Jedlička pourrait bien tenir le haut du tableau tant son projet paraît démesuré. L’homme a en effet créé son pays : le Liberland, l’utopie libertaire. Petit tour du propriétaire de la micro-nation autoproclamée.
« Vivre et laisser vivre »
Premièrement, sachez que le Liberland n’est reconnu par aucun État, même des officiels de certains gouvernements ont apporté leur soutien. Son existence tient à un différend frontalier entre la Croatie et la Serbie et un flou sur les frontières qui persiste depuis les guerres de Yougoslavie.
« Cette zone le long de l’ouest de la rivière Danube n’est revendiquée ni par la Croatie, ni par la Serbie. Il s’agissait donc d’une terra nullius, d’un no man’s land, jusqu’à ce que Vít Jedlička se saisisse de l’opportunité et, le 13 avril 2015, forme un nouvel État sur ce territoire ; Liberland » Extrait du site officiel de Liberland
C’est donc là qu’intervient Vít Jedlička. Membre du Strana svobodných občanů, Svobodní (Parti des Citoyens Libres, un parti politique tchèque libertarien), l’homme se décide en 2015 et proclame la naissance de sa propre micro-nation. Ainsi, Vít hisse pour la première fois le drapeau du Liberland.
Le fond jaune représente le libertarianisme et le trait noir représente l’anarchie, la rébellion. Son design n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui des AnCaps (anarchos-capitalistes), même si l’aspect libertaire est davantage mis en avant.
Vous vous en doutez bien, Liberland prône la libre entreprise et l’intervention la plus minimum (voire inexistante) de l’État possible. Le pays possède déjà sa constitution, son ensemble de lois ainsi que sa devise : « Vivre et laisser vivre »
Liberland & cryptomonnaies
Si on aborde le sujet de cette micro-nation, c’est parce que, assez logiquement d’ailleurs, Vít Jedlička est l’un des plus fervents défenseurs des cryptomonnaies, qu’il veut intégrer à tous les niveaux de son pays.
En premier lieu, le Liberland est le premier pays du monde à stocker du bitcoin en tant que réserve de valeur officielle.
« Même les banques centrales finiront par acheter du bitcoin en tant que réserve de valeur, c’est une bonne chose que nous soyons les premiers à le faire » Vít Jedlička
Sur place, toutes les devises sont acceptées, mais l’arrivée d’une crypto-nationale est prévue pour l’année. Ce token sera baptisé « Merit » et, comme son nom le laisse entendre, reflétera les ambitions de méritocratie portées par Liberland.
Au delà de l’aspect économique, le pays devrait également avoir un « système de justice totalement décentralisé, ainsi qu’un gouvernement autonome ». L’idée serait que les prélèvements d’impôts se fassent sur la base du volontariat. Pour faire simple, plus vous acceptez de payer d’impôts et taxes – et donc plus vous contribuez au développement du pays – plus vous accumulerez de pouvoir décisionnel, qui se reflétera sur votre pouvoir de vote, et s’apparentera à des « points de fidélité ». Les avis des plus gros contributeurs pèseront donc plus lourd dans la balance.
« Avec [ce système], vous pourrez participer au processus de prise de décision du pays. Plus vous accumulerez de [points], plus votre vote sera important. Je pense que c’est juste, parce que ceux qui ont davantage contribué à la création du pays devraient être ceux qui ont le plus leur mot à dire. » Vít Jedlička
Jedlička a cependant précisé que la population peut utiliser d’un droit de veto si elle est majoritaire, afin de bloquer des décisions trop unilatérales qu’un citoyen fortuné pourrait appuyer.
Pour l’instant, ce sont plus de 500 000 individus qui cherchent à obtenir la citoyenneté au Liberland. Les applications se font en ligne, et ne sont acceptées que ceux qui acceptent les codes du pays, et souhaitent participer à son développement.
Cette nation n’est pas sans rappeler le fantasme de Roger Ver, qui parlait il y a peu de créer sa FreeSociety, qui vise à racheter la souveraineté d’un territoire à un gouvernement afin d’y créer une autre utopie libertaire. Marchés libres, droit au port d’armes, aucun stupéfiant illégal, libre entreprise à son paroxysme… Les cryptomonnaies réussiront-elles à réaliser le rêve des AnCaps ? Ce système, est-il viable ? On espère que ces projets plus qu’ambitieux tiendront le coup, ne serai-ce que pour l’expérience sociale et politique qu’ils représentent.
Il ne s’agit pas de faire l’apologie du libertarisme cela dit. La rédaction du Journal du Coin elle-même est composée de multiples courants de pensée, l’existence du Liberland apporte simplement un peu plus de matière dans les longs débats qui nous égayent lorsque nous ne sommes pas plongés dans les cryptos !
Source : Cryptovest || Image from Shutterstock