Trafic d’êtres humains, tortures et arnaques forcées : Chainalysis enquête sur la terrible face cachée de la crypto
Un insoutenable trafic d’êtres humains. Dans son dernier rapport en deux parties publié il y a quelques jours, Chainalysis fait le point sur les arnaques et les escroqueries qui gravitent autour de la cryptomonnaie et pointe un mode opératoire particulièrement en hausse : le Pig Butchering. Cette pratique existe déjà depuis quelques années mais des mafieux chinois alliés à des trafiquants Birmans l’ont poussé au comble de l’horreur et en ont fait une activité aussi inhumaine que lucrative. Plongée vertigineuse dans le pire de la crypto où des hommes deviennent esclaves pour voler vos cryptomonnaies !
Chainalysis lève le voile sur les nouveaux modes opératoires des escrocs en 2024
Le premier enseignement du rapport de Chainalysis est que les escrocs ont décidé de simplifier leurs opérations et qu’ils sont passés de long et coûteux systèmes de Ponzi à des arnaques beaucoup plus rapides et surtout plus lucratives. Moins on reste de temps visible sur les réseaux sociaux et moins on risque d’avoir à faire à la justice. Mais l’information principale de cette deuxième partie du rapport est bien le développement important d’une arnaque bien connue : le fameux Pig Butchering qui fait référence au fait d’engraisser sa victime et de la mettre en confiance avant de l’abattre, c’est-à-dire de la laisser tomber en lui ayant pris un maximum d’argent.
Le principe est de passer par des faux profils sur les réseaux sociaux ou les sites de rencontre pour faire croire à la victime qu’il ou elle est en train de vivre une véritable histoire d’amour. Au fur et à mesure de la relation, les escrocs vont demander de plus en de cadeaux et ils vont surtout amener leur(s) victime(s) à investir dans des projets évidemment frauduleux et de plus en plus liés à la cryptomonnaie.
Le Pig Butchering et le KK Park : un cauchemar absolu où crypto et torture se côtoient pour le pire
Et du côté de la Birmanie, dans la région de Karen en proie à une rébellion armée, des mafieux chinois et des trafiquants birmans ont transformé cette arnaque en véritable industrie de l’horreur. Non seulement ils volent des internautes en leur faisant croire à l’amour mais ils kidnappent, torturent et maintiennent prisonniers des milliers de personnes obligées de s’adonner à ces escroqueries. Le KK Park est une de ces unités tristement célèbres est une des plus importantes parmi les dizaines qui existent dans cette région isolée du monde et du droit international.
Selon Chainalysis, un portefeuille lié aux activités du KK Park aurait accumulé plus de 100 millions de dollars cette année, venant à la fois des fonds extorqués aux victimes de Pig Butchering mais aussi des rançons des prisonniers obligés de participer à ces arnaques et que les familles essayent de libérer. Ces milliers de pauvres gens sont originaires d’Asie du Sud-Est mais aussi d’Afrique et ils ont été enrôlé sous le prétexte d’un travail dans la Thaïlande voisine. Les organisations qui encadrent ces camps avec la bénédiction de soldats birmans corrompus ont ensuite besoin de blanchir ces fortes sommes d’argent et c’est là qu’interviennent diverses plateformes comme Huione Guarantee au Cambodge.
Dans ces organisations criminelles, la cryptomonnaie n’est qu’un moyen parmi d’autres de soutirer de l’argent aux victimes et elle permet aussi de simplifier le blanchiment d’une partie des fonds frauduleux. Cependant, Eric Jardines, responsable de la recherche chez Chainalysis tient à rappeler que les activités criminelles ne représentent qu’1 % de la valeur présente sur les blockchains publiques. Les mafieux sans frontières n’ont donc pas attendu le Web3 pour développer leurs activités, mais il se pourrait bien que la transparence des transactions on-chain participe, un jour prochain, à leur arrestation. Croisons les doigts.