Tokenisation : Les entreprises du Web3 ont encore du mal à attirer les capitaux institutionnels
La tokenisation du monde attendra encore un peu. Le secteur des Real World Assets ou RWA est en pleine expansion et on se demande où s’arrêtera la tokenisation du monde tant le nombre d’actifs à finir sur la blockchain se multiplie ! Bien immobilier, métaux précieux, montre ou voiture de luxe, création artistique, production agricole, bouteille de vin, obligation, action d’entreprise, crédit privé, devises, capital de société, la liste s’allonge tous les jours sous l’impulsion de projets menés aux quatre coins du monde. Mais devant le succès apparent de cette industrie, certaines failles apparaissent au grand jour et Jason Dehni, entrepreneur et spécialiste des RWA les décrypte pour nous.
La tokenisation des actifs financiers se développe énormément, mais ça manque d’argent frais
Jason Dehni est un observateur avisé du secteur dans la mesure où il dirige la plateforme de crédit privé CredBull et c’est dans ce cadre qu’il a conduit récemment une enquête sur le sujet des RWA. Sa première observation est que financièrement parlant, le secteur se porte bien, voire même très bien et qu’il fait partie des plus performants de ce début d’année.
Au premier trimestre, il a évalué le rendement des actifs numériques liés au secteur à 213 %, en se basant notamment sur les données de BitEye et Wu Blockchain. Avec les memecoins et les jetons liés à l’IA, les RWA formaient le trio de tête des tokens les plus performants ayant capté le plus de valeur. Mais malgré cela, Jason Dehni souligne la faiblesse des flux de capitaux issus d’entreprises du Web2 et d’acteurs institutionnels vers le Web3. Or, pour lui, « ces injections de capitaux sont indispensables et nécessaires pour continuer à développer le secteur ».
Certains secteurs restent délicats à tokeniser et d’autres pêchent par des interfaces inadaptées
Il constate en effet que les entreprises du Web3 ont tendance à chercher de la liquidité au sein même de l’écosystème plutôt que de s’ouvrir au reste de l’économie et un phénomène « d’insularité » et d’entre soi dans les projets RWA se développe finalement. De plus, il note aussi que malgré les promesses initiales de la tokenisation comme « l’efficacité opérationnelle, l’amélioration de la liquidité ou la transparence » certains secteurs restent hermétiques à la chose par nature.
Il prend l’exemple de l’immobilier locatif qui demande des flux de trésorerie mensuels, le paiement de diverses taxes et impôts qui rendent la gestion globale décentralisée trop compliquée pour séduire des investisseurs. Enfin, le dernier argument qui peut expliquer la frilosité des acteurs institutionnels est la piètre qualité des interfaces actuellement disponibles. Sur une échelle de 1 à 10, Jason Dehni ne leur met pas plus de 4 et s’attend à des améliorations notables dans le futur.
Finalement, malgré les pesanteurs techniques inhérentes au démarrage de ce nouveau secteur, McKinsey & Company s’attend à un marché de plus de 2 000 milliards de dollars à l’horizon 2030 et les derniers développements du projet de Hamilton Lane sont un exemple parmi d’autres de l’avancée continuelle de l’industrie des RWA.