La SEC veut plus de moyens pour réguler « le Far West des cryptomonnaies »
… et pour quelques dollars de plus. Le Far West est dans l’imaginaire collectif un endroit dangereux habité par des bandits sans foi ni loi où la morale et la justice n’ont pas droit de cité. Pour faire régner un semblant d’ordre dans un tel environnement, la force publique, représentée par le shérif, a besoin de moyens importants et celui qui porte l’étoile dans notre écosystème s’appelle Gary Gensler. C’est lui-même qui se plait à comparer les cryptomonnaies au Far West pour bien rappeler à quel point il peut être imprudent d’y risquer ses économies et quand on voit la multiplication des procédures en cours contre différents Ponzi, on se dit parfois qu’il n’a pas tout à fait tort !
La Securities and Exchange Commission (SEC) est le principal régulateur des marchés financiers de la première économie du monde et son patron vient de demander une rallonge budgétaire au Congrès pour mieux remplir sa tâche dans ce nouveau monde en pleine mutation. Détails à suivre.
La SEC a besoin de plus de moyens pour répondre aux mutations des marchés financiers
Dans son rapport annuel à destination du Congrès, la SEC demande cette année 158 millions de dollars supplémentaires à prendre sur le budget fédéral pour faire face « à une croissance importante et à des changements significatifs sur nos marchés ». Concrètement, le régulateur demande 2,594 milliards de dollars pour l’exercice 2025 contre 2,436 pour cette année et ses équipes ont justifié cette demande par les profondes mutations technologiques des marchés financiers et des modèles commerciaux :
« Il y a eu un changement dynamique dans les communications vers les investisseurs et entre les investisseurs comme par exemple les forums Reddit ou les célébrités influenceuses. De plus, nous assistons à une expansion du Far West de la cryptomonnaie où règne la non-conformité et où les investisseurs mettent en danger des actifs durement gagnés dans une classe d’actifs hautement spéculative. »
Gary Gensler, président de la SEC – Source : Cointelegraph
Ces changements importants dans les structures de marché et dans les nouveaux canaux de communication vont inévitablement de pair avec « plus de possibilités d’actes répréhensibles » et la SEC « en tant que flic sur le terrain […] doit être capable de faire face aux mauvais acteurs ».
Le Far West des cryptos, les forums Reddit et les influenceurs en ligne de mire
Pour mieux protéger les investisseurs particuliers et professionnels, le régulateur souhaite augmenter les effectifs de son personnel et passer de 5 473 postes à 5 621. Dans le détail, la SEC cite sa Division des examens qui supervise la vérification de la conformité qui aurait besoin de 23 collaborateurs de plus pour faire face « aux nouveaux risques inhérents aux cryptoactifs et aux technologies financières émergentes ».
De son côté, le bureau en charge des investisseurs particuliers (OIEA) requiert 1 poste supplémentaire entièrement dédié aux plaintes impliquant des cryptoactifs quand le Bureau de l’avocat général de l’institution demande lui 2 postes en plus pour gérer « les litiges civils et administratifs intentés contre la Commission » et pour « soutenir son programme de soutien des lanceurs d’alerte ». Enfin, pour appuyer sa demande, la Commission met en avant ses bons résultats qui s’expriment en nombre de mises en examen et de procédures remportées. Elle affirme par ailleurs avoir atteint ou dépassé 28 des 36 objectifs qu’elle s’était fixée lors du lancement du plan quadriennal en 2022.
À cette époque-là, les missions redéfinies des équipes de Gary Gensler étaient axées autour de trois grands thèmes qui étaient la protection du public contre la fraude, la mise en œuvre d’un cadre juridique et enfin la diversification de ses effectifs. À l’heure du bilan, l’autosatisfaction du régulateur est compréhensible, mais elle dénote tout de même fortement avec les critiques d’acteurs importants du secteur comme Coinbase qui remettent en question son action globale et ses décisions récentes.