Guerre en Ukraine : face aux sanctions, la Russie préfère les paiements crypto
Les cryptos, oui mais pas n’importe comment – La Russie marche sur des œufs en ce moment. Mis au ban d’une partie de la communauté internationale, elle se cherche de nouveaux partenaires économiques comme nous l’avons vu récemment en Afrique. Le gouvernement est même prêt à utiliser les cryptomonnaies pour faciliter les échanges commerciaux avec des pays « amis ». Le problème ? Avec qui les utiliser ? Où les stocker ? Comment contrôler les flux ? Beaucoup de questions et peu de réponses pour l’instant. La liberté inhérente à la crypto est aussi une faiblesse aux yeux d’un gouvernement qui voudrait tout contrôler. On vous dit tout sur le dilemme russe actuel.
Les autorités russes veulent profiter des avantages de la cryptomonnaie…
L’isolement relatif de la Russie sur la scène internationale l’oblige à se tourner vers de nouveaux acteurs économiques et à abandonner ses anciens alliés. Une partie de sa production cherche des débouchés pendant que son industrie a besoin de matières premières. C’est pourquoi elle a décidé il y a quelques jours de renforcer sa coopération avec des pays du sud. Et la thématique de l’utilisation de cryptomonnaies pour les échanges est au centre des préoccupations.
Le Service Fédéral des Impôts russe (FTS) et le Ministère des Finances sont aux manettes de ces avancées règlementaires et diplomatiques. Le 8 avril dernier, le Ministère avait publié un projet de loi favorable à l’utilisation des cryptos sous certaines conditions. Et cette nouvelle faisait fait écho aux déclarations de Pavel Zavalny, président de la Commission de l’énergie de la Douma. Ce dernier avait affolé la « cryptosphère » en annonçant que les pays amis pourraient désormais payer le pétrole en bitcoins parmi d’autres devises.
Le FTS a cette fois exprimé sa volonté de :
« Laisser les personnes morales payer des biens et des services conformément aux contrats de commerce extérieur et recevoir des revenus d’entités étrangères en monnaie numérique. »
…mais ne pas en subir les inconvénients !
Bien sûr avec les textes de loi, il fait savoir lire entre les lignes. En effet, le texte original du ministère rappelait « l’interdiction d’utiliser la crypto comme méthode de paiement dans tous les cas où la présente loi n’en dispose pas autrement ». Le FTS propose donc d’utiliser les monnaies numériques à chaque fois qu’aucune alternative n’est possible pour percevoir ou réaliser des paiements à l’étranger, « ceci dans le cadre de la loi » – bien entendu. Les services du ministre ont répondu favorablement en précisant toutefois la nécessité « d’un examen et d’un discussion plus approfondie« .
En effet, l’utilisation des cryptos n’est pas sans « risques » pour le gouvernement russe qui rappelle – via son ministère – que tous les flux devront être centralisés vers des plateformes qui s’assureront de la légalité des échanges. Dans une interview au média russe Izvestia, un membre du gouvernement précise qu’ils surveilleront également ces mêmes plateformes pour éviter les fuites de capitaux et les faux contrats. L’utilisation des cryptos va simplifier les échanges mais sérieusement en compliquer le suivi administratif pour une administration qui se veut omnisciente.
Ce sera donc un oui mais avec beaucoup de précautions. Oui à l’utilisation des cryptomonnaies avec les pays qui les utilisent déjà et oui avec ceux qui n’ont pas le choix. En effet, la Russie ne veut plus et/ou ne peut plus accepter les paiements en dollar ou en euro, d’où son intérêt pour les devises numériques. Mais la Russie veut les bons côtés de la crypto en éliminant les mauvais. Elle veut pouvoir utiliser les cryptos librement et en même temps empêcher sa population de faire de même. Dur, dur, l’apprentissage de la décentralisation.
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Ben Canton
Prof à la ville comme à la scène, vulgariser et expliquer c'est mon quotidien. Crypto-agnostique pratiquant, je cherche la lumière dans les ténèbres des internets en essayant d'éviter les querelles de chapelles ! En attendant la révélation, j'achète du Bitcoin pour mes enfants et je m'enthousiasme pour les projets à destination du grand public.
