Comment le FBI a-t-il créé une fausse cryptomonnaie ? Retour sur une enquête pas comme les autres
Ceci n’est pas un fonds IA. Du fait de son évolution constante, le marché des cryptomonnaies est le théâtre de procédures innovantes et déconcertantes. Une réalité qui donne parfois naissance à des memecoins explosifs, sur la simple rumeur de leur création par une intelligence artificielle. D’autant plus car ce secteur de l’IA est l’une des narratives populaires au sein d’un marché haussier version 2024 toujours en attente de décollage. Mais cela n’empêche pas le FBI de surfer la tendance, à l’aide d’un faux jeton NexFundAI (NEXF) destiné à traquer les manipulateurs de marché.
Le FBI lance un (faux) fonds dédié à l’intelligence artificielle (IA)
L’évolution du marché des cryptomonnaies repose sur le succès de ses secteurs les plus populaires. Et à l’heure actuelle, cela semble se résumer à voir les memecoins profiter de chaque hausse, au détriment d’un Bitcoin en manque évident de liquidités.
Toutefois, d’autres secteurs avec une utilité avérée réussissent tout de même à sortir leur épingle de ce marasme numérique. C’est par exemple le cas de l’intelligence artificielle, dont certains projets comme Bittensor (TAO) ne cessent de démontrer leur capacité de résilience.
Une popularité visiblement détectée par les spécialistes crypto du FBI. Car c’est à l’aide d’un (faux) fonds dédié à l’IA que ses enquêteurs tentent de confondre les fraudeurs et autres amateurs de manipulation de marché.
Résultat : la récente mise en accusation de 9 personnes, dans le cadre de teneurs du marché crypto, accusés de wash trading prémédité et organisé. C’est-à-dire la création de faux volumes destinés à tromper les investisseurs sur la popularité d’une cryptomonnaie.
NexFundAI (NEXF) : la carotte pour piéger les manipulateurs de marché
Tout débute avec une idée très maligne. Créer un faux fonds dédié à l’intelligence artificielle du nom de NexFundAI. Et contacter ensuite des teneurs de marché aux discours douteux afin de leur proposer de prendre en charge leur cryptomonnaie NEXF.
Un piège dans lequel est tombée la société MyTrade en juillet 2024. Cela suite à une publicité alléchante dans laquelle elle promettait de « garantir un volume minimum et maximum aux émetteurs de jetons ».
« Vous pouvez spécifier un volume de trading minimum et maximum quotidien, et le bot négociera de manière aléatoire dans cette plage sans perte en dehors des frais de trading en bourse. »
Extrait de la publicité épinglée par le FBI
Et c’est par le biais de l’exchange LBank que les enquêteurs du FBI ont finalement rencontré le fondateur de MyTrade. Ce dernier visiblement très enthousiaste d’expliquer à ses nouveaux clients comment il utilisait le wash trading pour augmenter artificiellement les volumes et tromper les investisseurs. Car l’objectif est de leur « faire perdre de l’argent afin de réaliser des profits et de récupérer les frais d’inscription ».
Quel est ce jeton mystérieux ?
Un jeton qui a rapidement excité la curiosité de l’écosystème des cryptomonnaies. Cela afin de déterminer son identité à l’aide d’une adresse Ethereum effective. Et rapidement, c’est le compte identifié comme « 0x16ca471aE755f8a2cD4eC315A4a7439dcfEBE54c » qui a été mis en lumière.
Une enquête rapidement reprise par de nombreux membres du secteur crypto. Toutefois, les données un peu plus poussées du site de désanonymisation de la blockchain Arkham Intelligence ne sont pas aussi catégoriques. En particulier, car cette cryptomonnaie n’a aucun lien on-chain avéré avec les portefeuilles connus de la plateforme LBank.
Serait-ce une simple copie du jeton NEXF ? Ou le FBI aurait-il pris des précautions exemplaires afin de brouiller les pistes ? Quoi qu’il en soit, de fausses cryptomonnaies circulent afin d’identifier les fraudeurs de l’écosystème crypto. Et la formule semble bien fonctionner, face à l’appétit uniquement spéculatif d’une part trop importante de ses acteurs.