Crypto : Un rapport dénonce les dérives de l’expérience centrafricaine
Tout ça pour ça. En avril 2022, la République centrafricaine (RCA) a créé la surprise en déclarant le Bitcoin comme monnaie à cours légal. Par la suite, le pays a dévoilé le Sango Project, un projet de jetonisation des ressources naturelles du pays. Toutefois, un récent rapport de la Global Initiative against Transnational Organized Crime met en garde contre ces initiatives crypto qui ont surtout servi des intérêts élitaires et spéculatifs, en favorisant des flux financiers opaques et des risques de captation criminelle, plutôt que le développement inclusif promis.
- La République centrafricaine a créé un choc en avril 2022 en déclarant le Bitcoin comme monnaie à cours légal.
- Un rapport inquiétant a révélé que les projets autour des cryptomonnaies en Centrafrique ont principalement servi des intérêts élitaires et spéculatifs, au détriment de la population locale.
La Centrafrique et la crypto à la loupe
Depuis 2022, la République centrafricaine a donc officiellement embrassé les cryptomonnaies. Le président Touadéra a mené de nombreux projets, tels que la légalisation du Bitcoin ou encore le lancement du Sango Coin et il fut aussi question d’un memecoin, mais on ne reviendra pas sur l’épisode.
Ces initiatives avaient pour objectif de booster les investissements, de moderniser les infrastructures financières et de reconstruire le pays.
Malheureusement, ces projets n’ont pas rencontré le succès escompté et le Sango Coin n’a par exemple vendu que 10% de ses jetons, bien loin des 210 millions prévus.
Un rapport alerte sur les dérives
Le 17 décembre, la Global Initiative against Transnational Organized Crime a publié un rapport alarmant sur ces initiatives. Selon eux, ces projets sont « mal conçus, opaques et vulnérables aux abus ».
De plus, ils ne profitent pas réellement à la population locale dans la mesure où ces projets semblent davantage destinés aux investisseurs étrangers qu’aux besoins domestiques.
Par exemple, le fameux Sango Coin offrait des incitations aux investisseurs étrangers, comme la citoyenneté ou l’accès à des ressources minières, en échange de la détention de jetons. Cependant, ces incitations ont été annulées par la Cour constitutionnelle.
Le rapport souligne également que la tokenisation des ressources naturelles, permise par une loi de 2023, « manque de gouvernance et de mesures contre le blanchiment d’argent ».
Enfin, le rapport met en lumière les liens entre le gouvernement et des réseaux étrangers opaques, notamment le groupe Wagner de Russie a qui le pays a délégué une partie de la sécurité du pays, en échange d’un accès privilégié aux ressources naturelles. Dommage, l’ensemble de ces initiatives avaient suscité un élan de sympathie dans la communauté crypto mondiale et des espoirs dans le pays, espérons que les autorités entendront ces critiques et en tiendront compte.
Ben Canton
Avec une formation en littérature et en langues, j’aime mêler l’analyse rigoureuse au goût des idées pour décrypter les grands enjeux économiques et (géo)politiques liés aux cryptomonnaies. Depuis 2019, j’écris pour le Journal du Coin, et je collabore également avec Tahiti Cryptomonnaie, où je me concentre sur des sujets comme le Bitcoin, les MNBC, la tokenisation des RWA et plus largement les mutations stratégiques du Web3. Lecteur passionné, curieux du monde et des rapports de pouvoir qui le structurent, je m’efforce de rendre ces thématiques accessibles à tous, avec une attention particulière pour les projets pensés pour le grand public.
