En finance décentralisée, qu'est ce qu'un DEX ? Dans l’univers de la finance, les plateformes d’échange sont la version numérique des bourses de commerce. Ces applications (web ou desktop) permettent de mettre en relation acheteurs et vendeurs pour créer des marchés, où l’offre et la demande déterminent le prix d’un actif.

Quelques mois à peine après l’apparition de Bitcoin, les premières plateformes d’échange dédiées à notre cryptomonnaie préférée virent le jour. 15 ans après, le secteur n’a eu de cesse de se professionnaliser. Ces plateformes gèrent désormais des volumes de capitaux colossaux, rivalisant avec les géants de la finance traditionnelle.
Régulées par les autorités financières à l’instar des bourses dédiées aux actions ou autres produits financiers classiques, ce sont des entreprises, gérées et opérées sur le même modèle centralisé. Elles administrent des carnets d’ordres pour chaque marché, centralisent les fonds clients et traitent les dépôts et retraits de ces derniers.
Avec l’avènement d’Ethereum et l’émergence de la finance décentralisée, l’industrie crypto a souhaité changer ce modèle. Les cryptomonnaies permettent des échanges de pair à pair, sans passer par une autorité centrale ou un organe de contrôle. Il semblait logique de se passer également d’intermédiaire pour acheter et vendre ces actifs : c’est ainsi que naissent les plateformes de change décentralisées ou DEX (decentralized exchanges).
Table des matières
Qu’est-ce qu’un DEX ? Définition et caractéristiques
Une plateforme d’échange décentralisée (DEX) est un comptoir de change numérique - une plateforme de trading crypto - où les utilisateurs peuvent échanger directement entre eux, sans passer par un intermédiaire de confiance qui dispose de leurs fonds. Plus précisément, les utilisateurs peuvent acheter et vendre leurs actifs tout en restant propriétaires de leurs clés privées.
Les DEX présentent plusieurs caractéristiques :
- Pas d’entité centrale : ils ne sont pas contrôlés par une entreprise. Les transactions se déroulent sur la blockchain ;
- Sécurité et contrôle des fonds : les clés privées des cryptos ne sont jamais partagées avec la plateforme ;
- Anonymat : il n’est pas nécessaire de fournir des informations personnelles (KYC) pour utiliser un DEX ;
- Smart contracts : les échanges sont facilités par des smart contracts, sécurisant et automatisant les transactions sans tiers de confiance.
Les DEX offrent donc plus d’autonomie, de sécurité et de confidentialité pour les utilisateurs.
La raison d'être des DEX
Les plateformes de change centralisées comme Binance offrent de nombreux services, et une grande facilité d'utilisation. Cependant, comme nous allons le voir, elles présentent aussi des limitations, qui font la raison d’être des DEX.
Les déboires des CEX
Les CEX ont une histoire tumultueuse, jalonnée de scandales et d'escroqueries. C’est vrai dans la finance traditionnelle comme dans l’univers des cryptomonnaies.
Commençons par évoquer l’aspect sécurité. Par définition, qu’il s’agisse d’une banque, d’une plateforme de trading d’actions ou de cryptomonnaies, le modèle centralisé présente un point unique de défaillance. Il s’agit de l’équipe chargée des opérations et du maintien de l’ensemble : un groupe d’individus a la mainmise sur les avoirs des clients. C’est un grand pouvoir qui implique une grande responsabilité !

Les plateformes d’échanges centralisées ont deux inconvénients majeurs. Tout d’abord, la gestion des clés privées d’autrui les rend vulnérables aux piratages. Il y a de nombreux cas dans l’histoire des exchanges crypto, les plus célèbres étant ceux de MtGox et Bitfinex. Un vieil adage dit :
Il y a deux types de plateformes de change. Celles qui se sont faites pirater, et celles qui vont se faire pirater !
Deuxièmement, les CEX sont soumises aux desiderata des États et des régulateurs financiers. Cela a plusieurs conséquences :
- Les utilisateurs sont obligés de confier des données personnelles sensibles. En cas de fuite de ces données, cela peut porter atteinte non seulement à leur vie privée, mais aussi poser de graves problèmes de sécurité ;
- Les transactions des utilisateurs de la plateforme peuvent être censurées, leurs actifs gelés voire confisqués.
Ces inconvénients sont contrebalancés par la facilité d’utilisation de ces plateformes, et leur importante liquidité. Toutefois, ces avantages ne sont pas suffisants pour les puristes de la crypto-économie. La volonté de créer des plateformes d’échange décentralisées apparaît donc dès le lancement d’Ethereum en 2015.
L'émergence des DEX
Les smart contracts d’Ethereum permettent de programmer des transactions financières complexes grâce à sa machine virtuelle (EVM).
Le tout premier DEX est lancé en 2016 par Zachary Coburn, et s’appelle EtherDelta. Il fonctionne grâce à un carnet d’ordres classique, que les utilisateurs remplissent manuellement. Le matching (la mise en correspondance des ordres d’achat et de vente) est réalisé grâce aux smart contracts. Les trades sont donc exécutés directement sur la blockchain. EtherDelta permet aux utilisateurs d’échanger des jetons ERC-20 de manière décentralisée, et c’est une petite révolution pour la cryptosphère !

Cependant, il est très imparfait. Son interface est remplie de bugs. Ses fonctionnalités sont sommaires, et l’exécution des ordres est lente. Très vite, les développeurs comprennent que déployer un carnet d’ordres on-chain est un challenge très complexe à relever.
Malgré tout, il rencontre un vif succès : en 2017, c’est la folie des ICO. Les jetons ERC-20 s’achètent et se revendent comme des petits pains ! C’est aussi cette année-là que l’on comprend qu’Ethereum souffre de sérieux problèmes de scalabilité. Durant les ICO très populaires, le réseau est engorgé, les transactions sont très lentes et leurs frais explosent.
L’équipe d’EtherDelta rencontre de nombreux problèmes cette année-là. Le DEX est victime d’une attaque de type phishing : un pirate réussit à accéder au front-end du DEX, et redirige ses utilisateurs vers une fausse plateforme. Il dérobe 800 000 dollars ! De plus, le fondateur attire les foudres de la SEC (les régulateurs financiers américains) en novembre 2018. Ils l’accusent d’opérer une plateforme de change non agréée, et le sanctionnent d’une amende de près de 400 000 dollars.
Ethereum et le développement des DEX
Après plusieurs essais, il apparaît que les DEX basés sur des carnets d’ordres ne sont vraiment pas adaptés à une blockchain telle que celle d’Ethereum. Outre leur fonctionnement poussif, le spread des marchés est généralement très élevé.
Le spread correspond à la différence entre le meilleur prix d'achat et le meilleur prix de vente d’un actif sur un marché donné.
Il faut trouver un autre système ! Le concept de finance décentralisée se précise, concevoir un DEX vraiment fonctionnel devient l’une des quêtes principales des valeureux développeurs Ethereum.
Vitalik Buterin a, comme à son habitude, un éclair de génie. Il décrit dans un article un système permettant l’échange automatisé de jetons ERC-20 : un automated market maker (AMM) ou teneur de marché automatisé.
Les DEX basés sur des AMM
Dans le monde de la finance traditionnelle, les faiseurs de marché apportent de la liquidité en remplissant les carnets d’ordre des plateformes, grâce à divers algorithmes. Ils génèrent du profit grâce à l'exploitation du spread, ainsi qu’à diverses récompenses de la part des plateformes. La liquidité des marchés centralisés provient donc généralement d’institutions financières, et les utilisateurs aux fonds plus modestes « piochent » dans cette liquidité pour exécuter leurs ordres d’achat et de vente.
En finance décentralisée, l’idée est de réunir la liquidité de tous les utilisateurs d’un DEX. Plutôt que de les laisser remplir un carnet d’ordres à leur guise, l’idée de Vitalik est de réunir les fonds des utilisateurs au sein d’une réserve. C’est ensuite un algorithme (opéré par un ensemble de smart contracts) qui met les ordres en correspondance. Il faut s’assurer qu’il y a toujours de la liquidité disponible.
Les pools de liquidité
Les réserves de liquidités sont verrouillées au sein d’un smart contract, un « liquidity pool ». Il contient au moins une paire d’actifs. Par exemple, afin de créer un marché permettant d’échanger des ETH contre des USDT, le smart contract dédié au pool comprend deux soldes (en ETH et en USDT).
Les fournisseurs de liquidité
Les utilisateurs qui déposent des liquidités dans les réserves sont appelés liquidity providers ou LP. Ils reçoivent des jetons (LP tokens) créées pour représenter leur part de liquidité dans le pool. Ces jetons sont alors échangeables à tout moment : s'ils le souhaitent, ils récupèrent donc leurs liquidités, proportionnellement à ce qu'ils ont apporté. Une fois cette opération de retrait réalisée, les jetons LP sont brûlés (détruits).

Le swap de jetons
Lorsqu’un trader souhaite acheter des ETH contre des USDT, il va alors déposer ses ETH dans la réserve du pool. En échange, l’algorithme lui attribue la quantité correspondante d’USDT. Il doit donc déterminer la valeur d’un ETH en USDT grâce à une fonction de prix.
Attention, les quelques paragraphes suivants sont assez techniques, accrochez-vous !
Les AMM à fonction constante
Il y a différentes fonctions de prix, qui sont adaptées à certains usages. On distingue deux catégories principales :
- Les fonctions logarithmiques, adaptées aux marchés prédictifs ;
- Les fonctions constantes, pour l’échange de jetons (token swap).
Le premier DEX à implémenter un AMM à fonction constante sur Ethereum est Bancor. L’idée est de maintenir le ratio entre les réserves de jetons constant :
Prix = Solde / (Quantité * CRR)
où CRR est le ratio entre la quantité des deux jetons composant le pool.
Ce modèle est implémenté et rencontre un certain succès, mais il présente des inconvénients. En résumé, ce mécanisme augmente le slippage des prix, et le cours de l’actif peut dévier fortement de son prix d’équilibre (son cours sur les marchés globaux).
Slippage ou glissement des prix : il s’agit de la variation du prix de la l’actif sur le marché découlant d’un trade. Lorsqu’une quantité d’actif trop importante est échangée par rapport à la liquidité du marché (les réserves dans le cas d’un AMM), le prix varie fortement. Non seulement le trader n’achète ou ne vend pas au prix espéré, mais le marché « dévisse » par rapport au prix d’équilibre de l’actif.
Bancor rencontre donc vite des problèmes :
- Les réserves s'assèchent à cause des volumes de trading trop importants ;
- Cela entraîne diverses attaques de la part de traders fortunés, qui cherchent à exploiter ces écarts de prix (money pumping).
Les AMM à produit constant
C’est Hayden Adams, le créateur d’Uniswap, qui va véritablement révolutionner la DeFI en proposant un nouveau modèle. Son AMM est basé sur une fonction à produit constant. Elle est très simple, mais très efficace : l’AMM doit maintenir le produit des réserves constant. De cette façon, on s’assure qu’il y aura toujours de la liquidité dans les pools :
(RX – Δx) x (RY + γΔy) = k
Où :
- RX est la quantité de l’actif X en réserve ;
- RY est la quantité de l’actif Y en réserve ;
- Δx est la quantité d’actif X acheté ;
- γ est la commission (les frais) pour la transaction.
Avec cette fonction, pour n’importe quelle quantité d’actif X ou Y échangée, les réserves en sont affectées de telle sorte que, sans frais de transaction, le produit RX x RY reste égal à la constante k.
La version simplifiée de cette formule est donc :
x * y = k
Si cela vous semble compliqué à visualiser, plaçons les variables sur un graphique :

Il s’agit donc d’une hyperbole. Ainsi, même si le prix d’un actif tend vers l’infini, il y a toujours de la liquidité disponible.
Uniswap, la révolution des DEX
Le modèle d’AMM implémenté par Uniswap rencontre un énorme succès. En effet, Ethereum dispose enfin d’un DEX très efficace :
- Rapidité des échanges : fini les interfaces poussives, Uniswap est réactif. Les trades sont exécutés on-chain, à la vitesse du temps de bloc d’Ethereum ;
- Amorçage des liquidités efficace : il n’y a plus besoin d’attendre que les utilisateurs du DEX remplissent un carnet d’ordres à la main. Il suffit de déposer la quantité de jetons désirées dans un pool. Le modèle de revenus est incitatif pour les fournisseurs de liquidité, qui reçoivent en récompense une part des frais de transaction. L'AMM verse les récompenses automatiquement au prorata de leur participation au pool.
Uniswap introduit également un jeton de gouvernance, l’UNI, qui permet aux utilisateurs de prendre part au développement du projet. C’est un modèle participatif qui remporte l’adhésion immédiate de la communauté. De nombreux DEX reprennent ce modèle (protocole à produit constant + jeton de gouvernance). La finance décentralisée connaît ensuite un essor sans précédent.
Les DEX hybrides
De nombreux chercheurs et développeurs ont travaillé à améliorer le modèle d’Uniswap. Ainsi, il est désormais possible en finance décentralisée de créer des pools à jetons multiples, des DEX dédiés aux stablecoins, etc. Les performances d’un DEX se traduisent concrètement par :
- Sa fluidité ;
- Le coût des transactions ;
- Sa liquidité, qui permet de garantir l’équilibre des prix ;
- Son modèle de revenus pour les fournisseurs de liquidité ;
- La décentralisation de sa gouvernance, la capacité de ses utilisateurs à choisir eux-même les paramètres-clé du protocole ;
- Sa résistance aux attaques (manipulation des oracles de prix, money pumping).
Bien entendu, la vitesse d’un DEX est fortement corrélée avec celle de la blockchain utilisée. Ainsi, Solana rencontre en 2025 un franc succès, car c’est une plateforme de smart contracts extrêmement rapide et peu coûteuse. Son DEX principal, Raydium, repose sur un système hybride entre AMM et carnet d’ordres.
En effet, les performances techniques de Solana permettent à nouveau d’implémenter un carnet d’ordres, sans les inconvénients rencontrés sur Ethereum. Les modèles hybrides améliorent ainsi l’efficience du capital (la façon dont les liquidités sont allouées pour garantir les meilleurs prix).
Les avantages des DEX
En 2025, la finance décentralisée est plus populaire que jamais. Les DEX regroupent l'équivalent de 25 milliards de dollars de liquidités, ce qui en fait la 3ème catégorie d’applications DeFi la plus utilisée. Résumons donc les avantages que les DEX offrent à leurs utilisateurs.
Le contrôle des fonds
Les DEX sont non-custodial : les utilisateurs assurent eux-mêmes la garde de leurs fonds, et restent maîtres de leurs clés privées à tout moment. Pour utiliser un DEX, il suffit de connecter son wallet à l’application décentralisée.
L'absence de KYC
Les DEX préservent les données personnelles de leurs utilisateurs. Il n’y a pas besoin de s’identifier et de divulguer des informations personnelles pour utiliser un DEX, et ce quel que soit le volume de ses trades. On parle de système d’échange permissionless (sans permission) : les DEX sont résistants à la censure.
L'accessibilité
Désormais, les DEX sont faciles à utiliser si l’on a connaissance du fonctionnement basique d’une blockchain et d’un wallet. Tout comme pour l’utilisation d’une boîte mail, il n’y a pas besoin de connaître la programmation ou le fonctionnement des protocoles de communication pour échanger des fonds.
Les interfaces se sont considérablement améliorées, elles sont claires et épurées. Bien entendu, il est possible de réaliser des transactions complexes, en les programmant soi-même. Pour l’utilisateur lambda qui souhaite effectuer un swap d’ERC-20, c’est relativement simple.
La transparence
Les DEX sont des plateformes transparentes : les smart contracts sont publics. Les paramètres des protocoles d’échange décentralisés sont connus de tous. Chaque utilisateur, en particulier un fournisseur de liquidité, peut accéder au modèle de revenus, aux frais de fonctionnement. Les détenteurs des jetons de gouvernance de ces plateformes ont non seulement un droit de regard, mais également un pouvoir d’action sur le développement du protocole.
Imaginez un monde où les clients d’une banque pourraient choisir le montant des frais de tenue de compte, les commissions, l’utilisation des fonds déposés… Grâce à la finance décentralisée, cela devient possible !
Les inconvénients des DEX
Bien évidemment, l’univers de la DeFi n’est pas parfait. Nous n’en sommes qu’aux balbutiements de cette révolution financière. Les DEX présentent des inconvénients et des risques.
Les pertes impermanentes (impermanent losses)
Il est crucial de comprendre ce mécanisme propre aux pools de liquidité de la finance décentralisée. Les pertes impermanentes (impermanent losses) se produisent lorsqu’un fournisseur de liquidité retire ses fonds après que le ratio de réserve ait changé.
Lorsqu’un fournisseur de liquidité brûle ses jetons LP, afin de retirer ses parts de jetons des pools, ces fonds sont retirés au taux de change courant, déterminé par le ratio de réserve.
Avec les fluctuations des prix du marché, les fournisseurs de liquidité peuvent perdre de la valeur, si le ratio de réserve courant diffère du ratio initial (au moment de leur dépôt). C’est ce qu’on appelle une perte impermanente : la différence entre la valeur initiale des deux actifs déposés dans les réserves de l’AMM et leur valeur courante.
Il s’agit d’un des risques principaux pour les fournisseurs de liquidité : perdre de la valeur en prêtant et verrouillant leurs jetons, plutôt que de les avoir simplement conservés à l’abri dans un wallet. Le risque de pertes impermanentes dépend du nombre de fournisseurs de liquidité contribuant à un pool, et de la quantité de jetons en présence.
Les pertes impermanentes subviennent quelle que soit la direction que prend le prix de la paire d’actifs. La seule chose qui importe, c’est la valeur absolue de la différence entre prix de dépôt et prix de retrait.

Les problèmes de liquidité
Les DEX de petite taille (on ne parle pas ici des géants du secteur comme Uniswap) peuvent souffrir d’un manque de liquidité. Cela devient un problème pour les utilisateurs qui souhaitent échanger une grande quantité de jetons. Comme nous l’avons vu, la quantité des échanges influe sur le slippage, et ce, même avec les AMM à produit constant. Un gros trader peut donc se retrouver avec un prix d’achat ou de vente effectif très différent de celui espéré.
L'expérience utilisateur et les interfaces (UX/UI)
Les interfaces des DEX ne sont pas toutes des exemples d’accessibilité, de simplicité et de fluidité. L’expérience utilisateur peut dans certains cas être désastreuse. Il suffit de bien choisir son DEX, nous direz-vous ! Certes, cependant, il est souvent nécessaire de passer par des plateformes peu agréables, si l’on souhaite échanger certains jetons exotiques.
L’amélioration des interfaces utilisateur est un défi permanent non seulement dans la finance décentralisée, mais également dans la globalité de l’industrie crypto. Ce lien entre l’humain et la blockchain est la clé de l’adoption massive de la DeFi.
Les frais de transaction
Les frais d’utilisation des DEX peuvent s’avérer très élevés. C’est notamment le cas sur Ethereum, ce qui prive les petits portefeuilles d’accès à la DeFi. Si l’on souhaite échanger de petites sommes, les frais de transaction vont parfois dépasser le montant du trade lui-même !
Ainsi, les solutions de couches secondaires ont vu le jour, afin de réduire les frais d’utilisation des applications décentralisées. La plupart des DEX bien implantés dans l’écosystème DeFi ont portabilisé leurs applications sur ces sous-réseaux. Par exemple, Uniswap est désormais disponible sur Arbitrum, Polygon, Optimism ou Base, entre autres.
Les réseaux blockchain de dernière génération, comme Avalanche et Solana, rencontrent également un franc succès. En effets, leurs frais d’utilisation sont faibles, et de nombreux DEX originaires d’Ethereum ont développé des versions compatibles.
Les bugs et piratages
Bien que la sécurité des smart contracts se soit considérablement améliorée, les DEX restent sujets à des attaques diverses. Nul n’est à l'abri d’une erreur d’implémentation du code, d’attaques d'hameçonnage (phishing), etc.
Heureusement, l’industrie a désormais mis en place de nombreux standards, qui améliorent la fiabilité des plateformes d’échange décentralisés. L’utilisateur prudent se contentera d’utiliser des DEX bien établis, dont le code a été audité maintes fois. Cela lui permet de se prémunir au mieux des mauvaises surprises.
Les DEX les plus populaires en 2025
Nous vous présentons ici les DEX les plus populaires en termes de volume d’échange et de TVL, tous réseaux confondus, à l'heure de l'écriture de ces lignes.
Note importante : nous vous fournissons ici les liens officiels vers les DEX présentés. Cependant, afin d'éviter tout risque de phishing, veuillez toujours vérifier que l'adresse (URL) des dApps que vous utilisez correspond à bien l'adresse officielle mentionnée par l'équipe de développement.
Raydium
Raydium est le DEX principal de Solana. Après des débuts difficiles, il se classe désormais devant Uniswap en termes de volume d’échange. Fait surprenant, il bénéficie notamment de l’engouement du grand public pour les memecoins !
Raydium fonctionne grâce à un modèle hybride de pools de liquidité et de carnet d’ordres.

Son jeton de gouvernance, le RAY, a plusieurs fonctionnalités :
- Staking : les RAY stakés donnent droit à une partie des frais de transaction ;
- Allocations pour les IDO : le RAY donne accès aux ventes publiques des nouveaux jetons émis par les projets lancés via l’incubateur Acceleraytor ;
- Décisions de gouvernance relatives au futur du protocole.
Raydium est un DEX très rapide, aux coûts faibles et extrêmement sécurisé. Il fut lancé en 2020 par un trio d’entrepreneurs ayant une solide expérience du trading algorithmique.

Uniswap
Uniswap est le DEX leader du réseau Ethereum. Nous vous relatons son histoire dans cet article, et pour en savoir plus sur son fondateur Hayden Adams, rendez-vous ici !
Uniswap n’a eu de cesse d’évoluer, pour offrir toujours plus de flexibilité à ses utilisateurs. Le DEX est disponible sur 25 chaînes (dont Avalanche, la BNB Chain et de nombreux layers 2 d’Ethereum). La version 4 optimise les frais de gas, permet de créer des ordres limite, des oracles personnalisés, et de gérer automatiquement la liquidité.

Vous trouverez des explications détaillées sur le fonctionnement d'Uniswap dans cet article.
PancakeSwap
Pancake Swap est le principal DEX de la BNB Chain. Cette dernière a deux avantages : ses frais de transactions relativement bas, et l’utilisation de Solidity comme langage de programmation. Il intègre de nombreuses fonctionnalités, comme le liquid staking ou des loteries.
Son jeton de gouvernance, le CAKE, permet de voter quant aux ajustements des paramètres du protocole, ou à l’utilisation des fonds de l’écosystème. De nombreux mécanismes déflationnistes sont en place pour entraîner la raréfaction des émissions.
En bref, Pancake Swap reprend les principes qui ont fait le succès d’Uniswap sur la BNB Chain. Toutefois, il est également disponible sur Ethereum, Aptos, et plusieurs L2.

Hyperliquid
Hyperliquid est un nouveau venu dans l’industrie des DEX, et connaît un succès fulgurant. Il fonctionne grâce à sa propre blockchain. Avec un temps de bloc inférieur à 1 seconde et un débit théorique de 100 000 transactions par seconde, Hyperliquid mise sur la rapidité. Contrairement à nombre de ses concurrents, il est basé sur un carnet d’ordres décentralisé.
Son jeton natif, le HYPE, est nécessaire pour déployer un nœud validateur du réseau. Le layer 1 d’Hyperliquid reprend la machine virtuelle d’Ethereum (EVM) pour assurer la fongibilité des jetons ERC-20.

Les agrégateurs de DEX
Plusieurs applications décentralisées sont dédiées à agréger les différents DEX disponibles sur tel ou tel réseau. Elles permettent aux utilisateurs d’optimiser leurs swaps, en choisissant le meilleur chemin possible en fonction des frais de transaction et de la liquidité.
L'un des leaders du secteur est Paraswap, un projet français lancé en 2019.
Outre l’optimisation des frais de gas et de la liquidité, Paraswap est également un outil permettant d’optimiser les rendements générés par les protocoles de lending. La dApp est multichaînes, comprenant Ethereum, la BNB Chain, Avalanche, Polygon, Fantom, les layers 2 Arbitrum, Optimism, Base et zkEVM.
Paraswap est intégré à de nombreuses applications DeFi et outils, et existe également sur mobile. C’est un outil précieux pour optimiser ses rendements dans la finance décentralisée.
Les enjeux et tendances pour les DEX
Les DEX sont des moteurs au cœur de la finance décentralisée. Leur développement est axé autour de 4 enjeux principaux.
La scalabilité
Les DEX doivent s’adapter à une demande croissante de la part des utilisateurs DeFi. Ainsi, les plus populaires sont désormais déployés sur la plupart des couches secondaires d’Ethereum, pour plus de rapidité à moindre frais. De même, on peut les retrouver sur les layers 1 les plus rapides, comme Avalanche et Solana.
Certains DEX ont fait le choix d’être déployés sur une chaîne propre, comme Hyperliquid. Une solution qui est optimale pour un débit élevé, mais qui peut entraîner des risques de centralisation. En effet, si on prend l’exemple d’hyperliquid, seuls 16 validateurs sont chargés de maintenir le réseau. Un nombre qui devrait cependant augmenter au fur et à mesure de son développement.
Quoi qu’il en soit, la scalabilité d’un DEX est avant tout limitée par celle de son réseau. De nombreux utilisateurs se tournent ainsi vers les layers 1 les plus scalables, et c’est une des raisons principales au succès de Solana en 2025.
L'interopérabilité
L’un des plus gros obstacles au développement de l’écosystème DeFi est le manque d’interopérabilité entre les différentes chaînes. Une mauvaise interopérabilité entraîne également un problème de fragmentation des liquidités, qui sont dispersées entre de nombreux réseaux.
Ainsi, l’avenir sera certainement fait de dApps interopérables. Les DEX permettront d’échanger facilement des jetons entre des couches primaires de natures très différentes.
La gouvernance
Un article entier de cette Encyclopédie est consacré à la gouvernance des applications décentralisées. Dans le cas des DEX, plusieurs modèles de jetons (UNI, COMP) ont déjà fait leurs preuves. Cependant, il existe toujours un certain degré de centralisation (probablement nécessaire) dans les prises de décision.
Généralement, les détenteurs de jetons de gouvernance influent sur un nombre limité de paramètres. Certaines équipe de développement souhaite s’orienter vers une décentralisation totale de la gouvernance des protocoles.
Cependant, plusieurs grands noms du secteur pensent qu’un certain degré de contrôle est nécessaire pour assurer la sécurité des DEX. En cas d’urgence, comme lors d’une attaque, seuls des programmeurs très compétents devraient être habilités à intervenir. La question de la gouvernance décentralisée via des DAO fait débat, à chacun de trouver le compromis qu’il juge le meilleur !
L'intégration dans la CeFi
Il s’agit certainement du challenge le plus important à relever pour les DEX. Comment permettre à leurs utilisateurs d’interagir aussi avec la finance centralisée ? C’est nécessaire notamment pour apporter des liquidités issues des monnaies fiat (euro ou dollar). De plus, la DeFi pourrait intégrer des produits financiers synthétiques issus de la finance traditionnelle, ou des dérivés répliquant des actions, par exemple.
Certaines plateformes centralisées intègrent déjà des solutions DeFi à leur offre, comme Binance. Il en sera probablement de même à l’avenir pour les institutions bancaires. Elles pourraient faire le choix de l’écosystème DeFi pour proposer à leur clients des rendements plus intéressants.
Bien que l’univers de la finance décentralisée fut une réponse aux problèmes posés par les institutions traditionnelles, il apparaît désormais certain que les deux modèles fonctionneront côte à côte !
Et voilà, nous avons fait le tour des DEX, un élément essentiel de la finance décentralisée ! Poursuivons notre exploration de la DeFi en découvrant les bridges, outils non moins essentiels.
