Cryptomonnaie : Les dons aux groupes extrémistes explosent en Europe selon Chainalysis
America first. Les cryptomonnaies sont régulièrement pointées du doigt pour leur utilisation par des acteurs malveillants, même si la réalité a souvent été exagérée par ses détracteurs. Selon un récent rapport de Chainalysis, les dons en cryptomonnaies à destination de groupes extrémistes sont en hausse en Europe, même si l’Amérique du Nord domine toujours ce secteur sombre. Voyons ça ensemble.
- Les dons en cryptomonnaies à destination de groupes extrémistes ont connu une augmentation inquiétante en Europe, tout en étant encore dominés par l’Amérique du Nord.
- Des organisations comme les suprémacistes blancs, les nationalistes et les anarchistes ont vu une croissance significative de leurs dépôts en cryptomonnaies, malgré un pourcentage global de dons relativement faible.
Les dons en crypto aux groupes extrémistes explosent en Europe…
Chaque année, Chainalysis publie un rapport sur l’utilisation des cryptomonnaies par des groupes extrémistes et la dernière mouture vient de sortir. Selon ses équipes, l’Europe est témoin d’une réelle augmentation des dons en cryptomonnaies à destination de ces groupes. Ainsi, entre 2022 et 2024, le Vieux Continent a représenté près de 50 % de l’activité on-chain des groupuscules extrémistes.
Plus en détail, entre 2023 et 2024, au moins cinq types d’organisation ont connu une augmentation de la taille des dépôts d’une année sur l’autre : les nationalistes blancs (270 %), les nationalistes (164 %), les conspirationnistes (70 %), les anarchistes (35 %) et les antisémites (22 %).
Mais bien que l’Europe soit témoin d’une augmentation, l’Amérique du Nord reste la région qui cumule le plus de dons en crypto. En effet, depuis 2016, cette région du monde a enregistré plus de 20 millions de dollars de dons en crypto à destination de groupes extrémistes, contre 1,9 million de dollars pour l’Europe.
… même si l’Amérique du Nord reste largement en tête des dons en crypto
Toutefois, il est important de noter que ces dons ne représentent qu’une infime partie des dons réalisés à ces organisations. Par exemple, seulement 0,05 % des dons faits à des groupes suprémacistes blancs étaient en cryptomonnaie !
Selon Chainalysis, la pratique du debanking, à savoir la fermeture des comptes bancaires associés à des individus et des organisations à haut risque, pourrait être à l’origine de l’utilisation des cryptomonnaies. En effet, une fois privés de moyens de collecte classiques, ces groupes se tournent vers ces monnaies d’un nouveau genre pour continuer de récolter des fonds.
Et ces nouvelles technologies financières permettent aussi à ces groupes d’éviter – ou de tenter d’éviter – les sanctions mises en place par les États, et notamment par l’Oncle Sam et son OFAC tout-puissant. De leur côté, les plateformes d’échanges de cryptomonnaies doivent redoubler de vigilance pour s’assurer de respecter les lois anti-terroristes et anti-blanchiment d’argent.
Certaines plateformes ont déjà été épinglées pour avoir manqué à ces règles. Par exemple, en novembre 2023, Binance a écopé d’une amende record de 4,3 milliards de dollars pour avoir négligé ses obligations liées à la lutte contre le blanchiment d’argent lors de ces premières années d’existence aux États-Unis. Citons également BitMEX qui a récemment accepté de payer une double amende pour le même genre de manquements.
Ben Canton
Avec une formation en littérature et en langues, j’aime mêler l’analyse rigoureuse au goût des idées pour décrypter les grands enjeux économiques et (géo)politiques liés aux cryptomonnaies. Depuis 2019, j’écris pour le Journal du Coin, et je collabore également avec Tahiti Cryptomonnaie, où je me concentre sur des sujets comme le Bitcoin, les MNBC, la tokenisation des RWA et plus largement les mutations stratégiques du Web3. Lecteur passionné, curieux du monde et des rapports de pouvoir qui le structurent, je m’efforce de rendre ces thématiques accessibles à tous, avec une attention particulière pour les projets pensés pour le grand public.
