Mastercard sort l’artillerie lourde face à la fraude et aux escroqueries crypto
Aux grands maux, les grands remèdes. Mastercard a pointé le bout de son nez dans la cryptomonnaie il y a déjà quelques années à travers le développement de monnaies numériques de banques centrales, de la mise en place de réseaux pour la tokenisation de divers actifs financiers ou simplement par le partenariat avec certaines plateformes crypto qui proposent dorénavant une carte de paiement Mastercard à leurs utilisateurs.
Aujourd’hui, il s’agit d’une annonce un peu différente puisque le numéro 2 des cartes de paiement dans le monde déclare vouloir renforcer de manière importante le contrôle des flux financiers pour prévenir la fraude, le blanchiment d’argent et les escroqueries liées à la cryptomonnaie. Voyons ensemble comment Mastercard compte s’y prendre pour nettoyer le secteur.
Mastercard traque le blanchiment d’argent
L’entreprise américaine spécialisée dans les systèmes de paiement et de retrait n’a pas attendu l’avènement de la cryptomonnaie pour décider de sécuriser son réseau international. Cependant, devant la mauvaise réputation – parfois exagérée – du secteur, elle fait montre de proactivité et annonce qu’elle va taper encore plus fort que pour le reste de ses opérations. Ainsi, depuis 2021, elle possède déjà la plateforme plateforme CipherTrace Armada qui aide les banques à surveiller en temps réel plus de 6 000 exchanges crypto pour tenter de repérer des activités suspectes.
Mais Mastercard veut aller plus loin et vient d’annoncer un partenariat avec Feedzai qui est également une plateforme de surveillance des échanges financiers, mais basée sur l’intelligence artificielle (IA). Cette technologie s’intègrera directement sur CipherTrace Armada afin d’activer en temps réel des alertes sur la moindre transaction crypto suspecte. Le PDG et co-fondateur de Feedzai, Nuno Sebastio, s’est confié aux médias à ce sujet :
« Cela augmentera la détection des fraudes afin de protéger les consommateurs imprudents mais le système détectera également les activités potentielles de blanchiment d’argent et les comptes mulets [comptes utilisés par les fraudeurs]. »
Nuno Sebastio, PDG et co-fondateur de Feedzai – Source : CNBC
Nettoyer le secteur crypto pour mieux le développer ?
Ce rapprochement va permettre à Mastercard de profiter de cette nouvelle technologie liée à l’IA qui promet des résultats plus rapides car Feedzai affirme pouvoir « identifier et bloquer les transactions suspectes en quelques nanosecondes ». Feedzai est présent à Coimbra au Portugal et à San Mateo aux États-Unis et affirme analyser annuellement près de 1,7 milliard de dollars de volume d’échange. La société détient d’ailleurs près de 100 brevets liés à ce domaine d’activité et continue d’en déposer environ 10 par an.
La précision de l’IA et sa grande célérité permettront d’être plus efficace dans la recherche des actes malveillants, mais également d’épargner les échanges parfaitement légaux :
« De nombreuses banques qui croient empêcher les transactions illégitimes de cryptomonnaie bloquent en fait uniquement des transactions impliquant des entités largement reconnues et réglementées au sein de l’espace crypto et omettent le reste. »
Nuno Sebastio, PDG et co-fondateur de Feedzai – Source : CNBC
A la lecture des déclarations des uns et des autres, deux réflexions s’imposent concernant les intentions de Mastercard. Tout d’abord, ses équipes reconnaissent que le secteur crypto étant fortement exposé aux actes malveillants et aux fraudes en tout genre, il devenait indispensable de rassurer banques, investisseurs et régulateurs nationaux qui se sentent particulièrement concernés par ces affaires impliquant le grand public.
Mais entre les lignes, on comprend aussi que le secteur devenant justement de plus en plus mainstream, il était également urgent de bâtir une infrastructure beaucoup plus sécurisée pour que chacun puisse – enfin – profiter des formidables opportunités financières qu’offre le Web3 sans prendre le risque de s’exposer ni à la loi, ni aux aigrefins en col blanc. Dédiaboliser, encadrer, sécuriser pour finalement adouber le secteur crypto ? Cela ressemble y fortement.