FTX, Celsius, Terra… 2022, l’année de la crise de confiance ?
Ces tiers de confiance qui nous ont trahi – Au-delà des milliards de capitalisation crypto envolés en quelques mois et des millions d’utilisateurs traumatisés par des pertes colossales dues à des faillites de plateformes, ce qui marquera cette année 2022 est la crise de confiance qui frappe l’écosystème. Les clients, les observateurs, les investisseurs, les journalistes, les partenaires économiques et même la classe politique auront assisté, incrédules, à l’implosion de structures réputées solides et fiables.
Do Kwon de Terra (LUNA), Alex Mashinsky de Celsius et bien sûr Sam Bankman-Fried de FTX auront écrit à l’encre de la honte les plus terribles lignes de ces douze derniers mois. Elles laisseront dans la bouche des clients de leurs plateformes un goût terriblement amer. Celui de la trahison, de l’abandon et, pire que tout, celui de la manipulation, voire de l’arnaque. 2022, aura été l’année de la crise de confiance, voici pourquoi.
Des plateformes crypto qui s’écroulent en quelques jours seulement
Tout d’abord, ce qui restera dans les mémoires, c’est la rapidité et la violence de l’effondrement de ces exchanges. Chacun à leur façon, avec des causes différentes, ils ont suivi le même parcours. Il part de petits signes annonciateurs à une catastrophe majeure en seulement quelques jours. Le stablecoin de l’écosystème Terra (LUNA) s’est éloigné de la parité avec le dollar en seulement 24 h. Il a entrainé avec lui le LUNA qui sombre trois jours plus tard.
Du côté de Celsius, les choses prendront légèrement plus de temps. Cependant, il n’aura fallu qu’un mois pour passer de « tout va bien, on suspend juste les retraits » à « nous sommes en faillite ». Mais la palme de l’implosion la plus soudaine et la plus importante revient sans aucun conteste à FTX. La plateforme crypto annonçait le 7 novembre que « les fonds sont en sûreté ». Quelques jours plus tard, le 11, elle plaça son entreprise et des centaines de filiales en faillite. Au passage, de nombreuses sociétés vont faire les frais des banqueroutes de ces trois là. Nous pouvons penser à Voyager, BlockFi ou encore Three Arrows Capital. Ils laisseront alors des centaines de salariés et des milliers de clients sur le carreau.
Des dirigeants adulés et charismatiques qui tombent de leur piédestal
Mais bien plus que la perte financière, pourtant importante et probablement irréversible, c’est le sentiment de trahison qui prédomine dans les discussions. Et, ce sentiment est d’autant plus vif que certaines personnes mises en cause aujourd’hui étaient parfois, malheureusement à tort, considérées comme de véritables maîtres à penser par une partie de la communauté et des observateurs. Ainsi, Do Kwon était adulé en Corée du Sud. Sam Bankman-Fried était le symbole d’une jeunesse américaine végane, altruiste et désintéressée qui allait changer le monde avec la crypto.
La chute n’en sera donc que plus violente. Derrière le rideau soudainement tombé, on découvrira avec stupeur que ces CEO modèles étaient partiellement incompétents, voire complètement malhonnêtes. Alex Mashinsky qui faisait n’importe quoi avec les bitcoins de sa société. Sam Bankman-Fried qui gérait FTX à la petite semaine ou encore l’attitude d’un Do Kwon en fuite qui exaspère la communauté. On dit souvent que la déception est à la hauteur des espoirs, dans ces cas-là, elle fut immense.
Une défiance qui gagne tout l’écosystème et même au delà
Et de la déception à la méfiance, il n’y a qu’un pas que l’ensemble de l’opinion publique va allègrement franchir en ce début d’hiver. FTX sera le déclencheur d’un mouvement d’envergure qui verra de nombreux utilisateurs de plateformes centralisées prendre peur et chercher à tout prix à récupérer leurs précieuses cryptos. Face aux rumeurs et au semblant de panique, Binance devra même publier sa Preuve de Réserve comme gage de solvabilité. Le numéro un sera plus ou moins suivi par l’ensemble de ses concurrents. L’industrie tente ainsi de réagir à la défiance de ses clients et montre patte blanche.
Cependant, tapis dans l’ombre de ces scandales à répétitions, les ennemis de Bitcoin fourbissent déjà leurs armes. Ils se délectent de cette crise de confiance. Les régulateurs du monde entier sortent alors du bois pour exiger plus de règles, plus de contrôle et une protection renforcée du petit consommateur. Des États-Unis à l’Asie en passant par l’Europe, le séisme FTX aura pour répliques les interventions virulentes des régulateurs-sans-frontières. Ils profiteront de l’occasion pour mettre en avant plus le besoin règlementaire dont MiCA est un parfait exemple.
Et maintenant ? Où mettre nos cryptos si on ne peut plus faire confiance à personne ? Ces questions qui hantent les forums de novices et de néo-bitcoiners n’ont pas de réponses simples ni évidentes. Mais si une seule bonne chose peut ressortir de ces mois d’angoisse, de dépit et de désolation, c’est peut-être l’éducation du plus grand nombre. Il faut donc répéter à l’envi les bonnes pratiques à suivre et celles à éviter pour que plus jamais on ne puisse lire ce genre de mésaventures.
Comprendre qu’il faut apprendre à manipuler ces portefeuilles dits froids et devenir acteur de son propre changement. Reprendre en main sa liberté financière, choisir les bons protocoles et diversifier ses placements. Parce que c’est pour ça que Bitcoin a été créé, pour redonner au peuple les moyens d’échanger de la valeur sans ce fameux tiers de confiance qui, aujourd’hui, nous a trahi. Et qui sait, peut-être à l’avenir serons-nous ainsi collectivement plus résistants face à d’autres scénarii du pire, dont nous avons eu, en 2022, un avant-goût amer.
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Ben Canton
Prof à la ville comme à la scène, vulgariser et expliquer c'est mon quotidien. Crypto-agnostique pratiquant, je cherche la lumière dans les ténèbres des internets en essayant d'éviter les querelles de chapelles ! En attendant la révélation, j'achète du Bitcoin pour mes enfants et je m'enthousiasme pour les projets à destination du grand public.
