Quand on évoque Bitcoin, le nom de son créateur est sur toutes les lèvres : Satoshi Nakamoto. Mais il faut savoir qu'il n'est pas parti de zéro, et que sa création s'articule autour d'idées et d'outils élaborés des années auparavant. En tant que réseau, Bitcoin n'est pas non plus le fruit du travail d'un seul homme et doit son essor à ceux qui ont cru en son potentiel dès le début. Que ce soit d'un point de vue technique, théorique ou philosophique, Bitcoin repose sur des fondations solides, imaginées, développées et mises en place par des Hommes qui ont changé le cours de l'histoire. Nous les présenterons au sein de parties distinctes, mais certains protagonistes pourraient être classés dans plusieurs d'entre elles.
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Table des matières
Satoshi Nakamoto, le créateur
Difficile de parler des Hommes qui ont participé à l'émergence de Bitcoin sans évoquer Satoshi Nakamoto, auteur du livre blanc du projet et programmeur de génie.
Ceux d'entre vous qui ont lu le premier article de cette Encyclopédie intitulé « Comprendre Bitcoin en 10 questions » savent déjà qu'il ne s'agit pas d'une identité réelle, mais d'un pseudonyme utilisé par le (ou les créateurs) du protocole. S'il se méfiait des autorités et souhaitait conserver son anonymat, il avait aussi très vite compris que son identité représentait un point de défaillance unique qu'il fallait écarter pour protéger le protocole.
Voici ce que l'on sait de lui.
Les traces laissées par Satoshi
Ici, nous ne parlerons pas de l'impact de l'œuvre de Satoshi sur l'Histoire et la technologie, mais simplement des traces que ce dernier a laissées concernant son identité.
Âge, sexe, nationalité, lieu de vie ?
On ne sait de lui que ce qu'il a choisi de partager, et il ne s'est pas livré ouvertement sur d'autres sujets que ceux ayant un lien direct avec Bitcoin. Rien ne permet d'ailleurs d'assurer qu'il s'agisse d'un homme ou d'une personne unique. Une femme ou un groupe de personnes pourrait très bien se cacher derrière ce pseudo !
Les traces qu'il a laissées sont peu nombreuses et se résument à des posts sur des forums et à des emails, qui s'étalent sur quelques années à peine. Son premier message remonte au 20 août 2008 et son dernier au 23 avril 2011, date de sa disparition.
Sur le profil qu'il a utilisé sur un forum porté sur les échanges de pair à pair, il indique vivre au Japon et être né le 5 avril 1975. Derrière ces informations sûrement fictives, certains fans du personnage pensent qu'il y a glissé un message caché, faisant référence à l'or et au dollar.
Le 5 avril ferait en effet référence à celui de 1933, date à laquelle les particuliers se sont vus interdire de détenir de l'or aux États-Unis, tandis que 1975 ferait référence à l'année où cette loi fut abrogée. Le format qu'il utilise pour sa prétendue date de naissance (jour/mois/année) laisse en tout cas penser qu'il ne serait pas américain, chez qui le format le plus couramment utilisé est mois/jour/année.
C'est aussi ce que montrent des analyses graphologiques tirées des 80 000 mots qui ont composé ses messages : il écrit dans un anglais britannique plutôt qu'un américain. Elles mettent en avant qu'il n'a quasiment commis aucune faute de style ou d'orthographe, et qu'il emploie bien plus souvent du vocabulaire de l'ancien continent que du nouveau (par exemple « mobile » plutôt que « cell phone »).
L'analyse des heures auxquelles ont été postés tous ses messages fait ressortir deux fuseaux horaires dans lesquels Satoshi est le plus susceptible de s'être trouvé :
- Le fuseau d'Europe de l'Ouest s'il postait ses messages le soir (après le travail ?) ;
- Le fuseau de la côte est des États-Unis s'il postait ses messages en journée.
Les traces informatiques
Nous pouvons affirmer sans nous tromper que Satoshi Nakamoto était un développeur de génie, ayant de très bonnes connaissances en informatique, en mathématiques, en cryptographie et même en économie. Pour créer Bitcoin, il a écrit plus de trente et un mille lignes de code, un travail colossal.
Satoshi maîtrisait aussi les techniques et outils nécessaires pour masquer efficacement son identité et son IP sur internet. Il avait cependant des habitudes peu communes dans l'univers des développeurs de programmes open source. Le programme original de Bitcoin était codé en C++, et conçu pour tourner sous Windows seulement.
Plusieurs indices tendent à démontrer qu'il ne possédait pas d'ordinateur puissant ni de MAC. Cela laisse penser que Satoshi pourrait être originaire d'une classe sociale moyenne, avec des moyens financiers limités.
Satoshi aurait cependant eu accès à un parc de plusieurs machines pour tester le protocole en réseau fermé, avant de le lancer sur internet.
Les traces idéologiques
Bien qu'il n'ait jamais exprimé ses opinions politiques, il fait preuve d'une véritable défiance envers les autorités et met en avant des valeurs proches de celles des Cypherpunks, des libertariens et de l'école autrichienne d'économie.
Rien ne prouve cependant que Satoshi Nakamoto ait été impliqué dans la communauté Cypherpunk avant la publication du livre blanc de Bitcoin, mais son œuvre et le mode de diffusion de ses idées montrent qu'il avait très probablement connaissance de leur existence et de certains de leurs travaux. Il semblait cependant en ignorer d'autres, comme ceux de Wei Dai sur le b-money.
Les prétendants au pseudonyme
À l’heure actuelle, personne n'a encore pu identifier Satoshi Nakamoto. Beaucoup se sont penchés sur le sujet, et plusieurs personnages que nous vous présentons dans les lignes suivantes sont soupçonnés d'être derrière ce pseudonyme.
Alors que le véritable Satoshi a tout fait pour cacher sa véritable identité, certains ont aussi tenté de se faire passer pour lui, sûrement dans le but de s'attirer la gloire. Le plus connu est Craig Steven Wright, un ingénieur australien qui a fait face à plusieurs procès lui demandant de prouver ses dires. Le 14 mars 2024, un tribunal a finalement jugé que Craig Wright n'est pas le créateur de Bitcoin.
D'autres, comme Dorian Prentice Satoshi Nakamoto, un ingénieur japonais-américain à la retraite, ont été pointés du doigt malgré eux comme étant derrière la création de Bitcoin. Il a totalement réfuté cette idée. Son expression faciale, en revanche, est restée dans les mémoires et est fréquemment utilisée pour illustrer Satoshi Nakamoto.
Enfin, certaines théories affirment qu'il s'agirait en fait de la CIA, bien que ce raisonnement repose sur de nombreux arguments fallacieux et est en contradiction totale avec le déroulé des premières années de vie de Bitcoin.
Toujours est-il que Satoshi Nakamoto reste le personnage clé de l'histoire de Bitcoin. Le trésor qu'il détient (980 000 bitcoins soit 4,7 % de l'offre totale) et qui n'a pas bougé depuis des années ainsi que l'outil qu'il a créé offre à son personnage un caractère presque divin. Le mystère qui l'entoure, lui, n'a jamais été aussi prégnant.
Si vous souhaitez découvrir un portrait plus détaillé de sa personne, ainsi qu'une liste des prétendants à son identité, foncez découvrir cet article.
Les pionniers
Voici une liste des pionniers dont les idées ont précédé la création de Bitcoin.
Friedrich August von Hayek
Friedrich August von Hayek, est un économiste et philosophe austro-britannique né 1899 à Vienne et mort en 1992, à Fribourg-en-Brisgau.
Comme nous l'avons vu dans l'article précédent, Hayek est l’un des représentants les plus significatifs de l’école autrichienne d'économie. Il est considéré comme l'un des penseurs les plus importants du libéralisme du siècle dernier.
Très érudit, il détient plusieurs doctorats (droit et sciences politiques) et s'est intéressé en détail à de très nombreux autres domaines telle que l'économie et la philosophie. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages dont The Road to Serfdom (« La Route de la servitude » en français) écrit en 1944.
La thèse centrale du livre est plus que d'actualité et pourrait presque faire figure de prophétie. Elle soutient que la socialisation de l'économie et l'intervention massive de l'État sur le marché débouchent sur la suppression des libertés individuelles.
ll analyse les causes des crises économiques (en particulier de celle de 1929), et affirme qu'elles sont la résultante de l’excès de crédit, découlant de politiques monétaires trop laxistes et des bulles spéculatives provoquées par le système bancaire.
En 1974, il co-fonde la Société du Mont-Pèlerin, une association internationale d'intellectuels qui souhaite promouvoir le libéralisme. La même année, il reçoit le prix Nobel de l'économie (avec Gunnar Myrdal) pour ses travaux des années 1930 dans la théorie de la monnaie et des fluctuations économiques.
En 1976, il écrit un livre intitulé The Denationalization of Money (« Pour une vraie concurrence des monnaies » en français) dans lequel il réclame le libre arbitre monétaire et l'abolition du monopole des banques centrales. Satoshi Nakamoto fit sûrement parti de ses lecteurs. Dans un rapport datant de 2012, la Banque centrale européenne y fait d'ailleurs référence comme étant la base théorique de Bitcoin.
Timothy C. May
Timothy C. May (Tim pour les intimes), est un ancien ingénieur d’Intel qui fait partie des fondateurs des Cypherpunks. Le 19 septembre 1992, date de la création « officielle » du mouvement, il lit devant une assemblée son manifeste sur lequel il avait travaillé 4 ans plus tôt.
Appelé « Manifeste Crypto-Anarchiste », cet essai est destiné à permettre aux anarchistes « traditionnels » de prendre conscience des possibilités qu'offre l'informatique de manière générale, et le monde libre en particulier. Il montre comment la technologie peut aider à protéger sa liberté et sa vie privée face aux États et aux grandes entreprises.
Il rédige également le Cyphernomicon, un guide écrit sous forme de foire aux questions, pour expliquer ce qu'est le mouvement Cypherpunk et comment il peut changer le monde. Les valeurs qu'il met en avant se retrouvent en grande partie chez Bitcoin.
Eric Hughes et John Guilmore
Eric Hughes, mathématicien et programmeur, est l'auteur du « Manifeste cypherpunk » et le créateur du tout premier serveur de courrier anonyme.
Ses écrits et ses travaux portent les valeurs de Bitcoin, et il fait peu de doutes que Satoshi s'en soit inspiré, ou tout du moins partage sa vision du monde.
John Guilmore contribue quant à lui à la création de Usenet, système qui est la base de l'Internet que l'on connaît aujourd'hui. C'est aussi l'un des célèbres contributeurs du projet GNU, créé par Richard Stallman.
Ces 2 personnages sont des membres particulièrement importants du mouvement Cypherpunk qui porte les idéaux de Bitcoin.
Richard Stallman
Richard Stallman, initiateur du projet GNU, a commencé à travailler sur le sujet en 1984, pour aboutir à une version fonctionnelle en 1992. L'objectif de GNU était de mettre en place un système d'exploitation, entièrement libre, basé sur un noyau Unix.
Au-delà de la technologie mise en place, c'est surtout l'esprit qui l'habite et la manière de penser qui ont inspiré le développement de la toute première blockchain.
Richard Stallman est aussi le créateur de la licence GNU/GPL et est l'initiateur du terme « copyleft », en opposition au mot copyright qui est utilisé pour protéger les œuvres. Le « copyleft » permet, dans un cadre strict, de protéger les droits des utilisateurs par rapport à une œuvre donnée. Ainsi, il est possible d'utiliser, étudier, modifier et même diffuser un programme dont on n’est pas l'auteur de départ, sous réserve de respecter le « copyleft ».
La licence GPL est rapidement devenue un standard, toujours très utilisée aujourd'hui. Pour son créateur, il est important d'avoir le droit de modifier un programme, et d'avoir le droit de le vendre dans un but commercial, en tant que contributeur à l'évolution du dit programme. La seule restriction est de garder la licence GPL, et ainsi permettre à d'autres de pouvoir utiliser son propre travail, pour continuer la chaîne.
Richard Stallman est intervenu le 27 juin 2012 pour parler des logiciels libres et du travail d'éducation à mener à ce sujet. Vous pouvez retrouver la vidéo (en Créative Commons) sur YouTube, où il s'exprime dans un français parfait. Son point de vue est passionnant !
Il est important aussi de parler de la notion de logiciel libre, car Bitcoin a été fondé dans la droite ligne de cette philosophie basée sur le partage et la collaboration.
Aaron Swartz
Aaron Swartz est un autre personnage dont la philosophie de vie et de pensée est directement comparable à celle de Bitcoin. Il a consacré une partie de sa (bien trop courte) vie à la défense de la culture libre et du partage.
Déclaré surdoué dès son plus jeune âge, Aaron travaille très tôt sur le développement de divers programmes et sites web. À 14 ans seulement, il se penche sur le standard que tout le monde connaît aujourd'hui, le RSS. Un an plus tard, il contribue au développement de la licence Creative Commons.
Il entre à l'université de Stanford à 16 ans seulement, où il obtient rapidement un poste au sein d'un incubateur d'entreprises. Citons également en vrac son travail sur Reddit, son poste au sein du W3C qui définit les normes du Web, son implication sur Torweb2 et sur l'Open Library.
Son professeur Lawrence Lessig dresse de ce génie un portrait incroyable :
« À la fin, c’était lui mon mentor et moi son élève [...]. Aaron a appris plus de choses que la plupart d'entre nous n'en apprendront jamais et il a élaboré plus de choses que la plupart d'entre nous n'en élaboreront jamais [...]. Peu d'entre nous auront un jour une influence, ne serait-ce que vaguement comparable, à celle qu'a eue ce garçon. »
Lawrence Lessig
Poursuivi par le procureur des Etats Unis, Aaron risque plus de 35 ans de prison pour avoir mis en libre accès près de 5 millions d'articles scientifiques disponibles sur le site de JSTOR. Pour lui l'accès à la connaissance devrait être libre et gratuit. Il disparaît tragiquement à 26 ans, ne supportant plus la pression, les poursuites et l'intimidation dont il est la cible suite à son procès.
Un film, sous licence Creative Commons, relate son histoire et son apport incroyable.
Les bâtisseurs
Dans cette partie, nous reviendrons sur l'identité de ceux dont les inventions techniques ont mené à Bitcoin.
Alan Turing
Comment parler de la blockchain et définir Bitcoin, sans parler d'Alan Mathison Turing ?
Créateur de la célèbre machine de Turing, ce cryptanalyste est l'un des pionniers de l'informatique, et imagine dès 1950 ce que peut devenir l'intelligence artificielle, notamment grâce au test de Turing.
Bien que le sujet soit soumis à polémique, beaucoup s'accordent à dire que Bitcoin n'est pas Turing complet, mais qu'il a permis de poser toutes les bases qui ont amené d'autres blockchains à voir le jour, à l'instar d'Ethereum.
David Lee Chaum
Les travaux de Satoshi Nakamoto se sont également basés sur ceux de David Lee Chaum qui est considéré comme l'inventeur de la monnaie numérique. Il est le créateur du concept de signature aveugle, qui permet de sécuriser un document et de certifier sa signature, sans en révéler le contenu. La philosophie de ce fonctionnement est la base des cryptomonnaies que l'on utilise aujourd'hui.
Cypherpunk convaincu, Chaum souhaite que la monnaie devienne numérique, afin qu'il soit impossible aux États ou aux banques, de tracer l'utilisation qui en est faite, et de pouvoir la dépenser librement sans avoir à rendre de comptes.
Il fonde la société DigiCash en 1989, et émet le premier paiement électronique en 1994.
Il est considéré par beaucoup comme le père fondateur de la cryptographie. Nombre de ses œuvres publiées dans les années 80’ ont inspiré ceux qui deviendront à leur tour les leaders du mouvement Cypherpunk. Certaines de ses publications sont devenues de véritables fondations du mouvement :
- Blind signatures for untraceable payments, 1983 (« Signature aveugle pour les paiements non traçables ») ;
- Security without identification : Transaction systems to make Big Brother obsolete, 1985 (« Sécurité sans identification : Système de transactions pour rendre Big Brother inutile ») ;
- Minimum disclosure Proofs of Knowledge’, 1988 (« Protocole Zero Knowledge »).
Toutes ces œuvres, et elles sont nombreuses, ont pour objectifs de créer des systèmes permettant d’échanger des connaissances, des informations ou de la monnaie, sans laisser de traces et sans rogner sur la vie privée.
Wei Dai et Adam Back
Wei Dai, développeur et cryptographe de génie, est le créateur d'une monnaie numérique. En 1998, soit dix ans avant la naissance de Bitcoin, il lance b-money, qu'il décrit comme étant une monnaie impossible à réguler.
Pour fonctionner, cette monnaie nécessite un calcul complexe. C'est la naissance du Proof of Work qui deviendra la méthode de sécurisation de la blockchain Bitcoin. Ses travaux s'appuient sur ceux d'Adam Back, créateur de Hashcash, un système dédié à lutter contre le courrier indésirable et les attaques de type de déni de service, grâce à la preuve de travail.
Malheureusement, Wei Dai abandonne le projet rapidement, ne pensant pas qu'il puisse intéresser le grand public et s'éloignant progressivement de la crypto-anarchie :
« Je n’ai pris aucune mesure pour coder b-money. Cela a en partie été dû au fait que b-money n’était pas encore un concept complètement pratique, mais je n’ai pas continué à travailler sur ce concept parce que j’étais un peu désenchanté par la crypto-anarchie au moment où j’ai fini d’écrire b-money, et que je ne prévoyais pas qu’un système comme celui-ci, une fois mis en œuvre, pourrait attirer autant d’attention et d’utilisation en dehors d’un petit groupe de Cypherpunks inconditionnels. »
Wei Dai
Wei Dai comprend dès 2011 que Satoshi Nakamoto n'a pas eu connaissance de ses travaux et qu'il a tout réinventé lui-même. Dans un commentaire de février 2011, Wei écrit :
« Ce que je comprends c’est que le créateur de Bitcoin, qui se fait appeler Satoshi Nakamoto, n’a même pas lu mon article avant de réinventer l’idée lui-même. Il l’a appris par la suite et m’a crédité dans son papier. Donc ma connexion avec le projet est assez limitée. »
Wei Dai
Adam Back explique que si b-money est citée dans le livre blanc de Bitcoin, ce n’est pas parce que Satoshi s’en est inspiré, mais parce qu’il lui en a parlé, comme il l’écrit sur Bitcointalk en 2013 :
« Je crois que c’était grâce à moi que la référence à b-money de Wei Dai a été ajoutée au papier de Bitcoin lorsque Satoshi m’a envoyé un courriel à propos d’Hashcash en 2008. »
Adam Back
Ceci sera d'ailleurs confirmé en février 2024 lors du procès de Craig Wright. Adam Back y dévoilera certains de ses échanges personnels avec Satoshi Nakamoto, dont celui-ci :
Traduction : « Merci je n'avais pas connaissance de la page de b-money, mais mon idée part exactement du même point. Je lui envoie un message pour qu'il me confirme l'année de sa publication afin que je puisse le mentionner. »
Comme il le dit dans cet email, Satoshi Nakamoto a écrit plusieurs courriels à Wei Dai, après être entré en communication avec Adam Back. Trop occupé et peu intéressé, Wei ne l'aidera cependant pas dans son projet et ne se penchera pas sur Bitcoin avant 2011.
En revanche, Satoshi Nakamoto a largement utilisé le travail d'Adam Back, qui est la première personne avec qui il communique à propos de Bitcoin en 2008. Ce dernier est toujours très impliqué dans le développement de Bitcoin, en tant que PDG de Blockstream. Il participe également à l'amélioration du Lightning Network.
Tout comme Hal Finney et d'autres, Back est soupçonné par beaucoup d'être derrière le pseudonyme de Satoshi Nakamoto.
Nick Szabo
Nicholas Szabo, est un informaticien, juriste et cryptographe américain. Impliqué dans le mouvement Cypherpunk, il est connu pour ses travaux sur les contrats numériques (appelés aujourd’hui contrats intelligents) et sur la monnaie numérique.
En début de carrière, il occupe un poste de consultant pendant quelques mois pour Digicash, l’entreprise de David Chaum qui développe et gère le système eCash. Il s'enrichit beaucoup de cette expérience, dont il retient surtout le rôle néfaste (et, finalement, fatal) des tiers de confiance.
Ceci le mène à inventer, en 1998, le concept de bit gold. L'idée de ce projet est de minimiser le rôle des tiers de confiance, afin de reproduire la cherté infalsifiable des métaux précieux dans le cyberespace.
À l’instar du b-money, il s'agit d'une proto-cryptomonnaie employant le principe de la preuve de travail, mais d'une manière différente de celui utilisé par b-money et Bitcoin (avec ce que Szabo appelle le secure benchmark function). Le projet présente cependant encore quelques failles et ne se sera jamais mis en application.
Si Bitcoin est proche de bit gold à de nombreux égards, il semblerait encore une fois que Satoshi Nakamoto ne s'en soit pas inspiré directement car il ignorait son existence. C'est en tout cas ce que Wei Dai ressent lorsqu'il échange avec Satoshi :
« Dans les premiers courriels que Satoshi m’a envoyés, il semblait ignorer les idées de Nick Szabo. »
Site Internet Gwern
Cependant, à défaut d’inspirer originellement Bitcoin, bit gold a influencé son évolution. En effet, la vision selon laquelle Bitcoin devrait servir de système de monnaie de réserve au-dessus duquel fonctionneraient des sur-couches semble aujourd’hui largement répandue dans la communauté.
Les acteurs
Les personnes présentées ci-dessous ont directement contribué à l'essor de Bitcoin après sa création.
Hal Finney
Ancien développeur de jeux vidéo, Hal Finney est l'un des contributeurs de la première heure du projet Bitcoin. C'est l'un des premiers à avoir reconnu son potentiel révolutionnaire et à avoir soutenu son développement. Il entre dans l'histoire en devenant le destinataire de la toute première transaction en Bitcoin réalisée par Satoshi Nakamoto, en 2009.
C'est aussi (avec Ray Dillinger) le premier à « auditer » le code de Bitcoin fourni par Satoshi Nakamoto, avant que le réseau ne soit déployé quelques mois plus tard.
Avant Bitcoin, Finney à créé le protocole PGP (Pretty Good Privacy) publié en 1991, en collaboration avec Phil Zimmerman. PGP est open source et permet d'envoyer un message crypté à partir d'une clé générée aléatoirement par le créateur. Son utilisation permet d'envoyer des emails chiffrés de bout en bout, et d'ainsi préserver la vie privée de l'expéditeur. Très utilisé par les Cypherpunks, ce protocole est encore d'actualité aujourd'hui, notamment chez les fournisseurs d'emails sécurisés comme Protonmail.
Au delà d'être à l'origine de PGP, Finney était un des membres les plus actif du forum des Cypherpunks et est l'inventeur du fonctionnement en preuve de travail réutilisable (RPOW). Il a aussi beaucoup échangé avec Satoshi Nakamoto et fait partie des premiers à avoir fait la promotion de Bitcoin, allant même jusqu'à annoncer dès 2010 un bitcoin à plus de 10 millions de dollars américain si le réseau était utilisé par l'humanité toute entière.
C'est d'ailleurs le premier à y avoir fait référence sur Twitter (aujourd'hui renommé X) le lendemain du lancement de la blockchain. Au passage, c'est aussi lui qui a inventé le mot « blockchain ».
Cryptographe de génie, Finney décède des suites d'une longue maladie (SLA ou sclérose latérale amyotrophique) en 2014, après avoir annoncé sur le forum Bitcointalk qu'il écrivait toujours lui-même, mais paralysé. Beaucoup pensent qu'il est derrière le pseudonyme de Satoshi Nakamoto et que la disparition de celui-ci coïncide avec l'évolution de sa maladie.
Coïncidence ou pas, il s'avère que Dorian Prentice Satoshi Nakamoto, l'ingénieur japonais-américain accusé à tord d'être le créateur de Bitcoin, habitait pendant un certain temps dans la même ville que Hal...
Peut être en sera-t-on plus à l'avenir, puisque son corps est aujourd'hui cryogénisé par la fondation Alcor Life Extension.
Dustin D. Trammell
A l'instar de Hal Finney, Dustin D. Trammell est l'un des premiers à avoir échangé avec Satoshi Nakamoto. Il fait part de ses impressions et aide à résoudre des bugs. Il est également connu pour avoir lancé le deuxième nœud sur le réseau Bitcoin, juste après Satoshi.
Pendant plus d'un an, il fait tourner ses nœuds, aidant ainsi le réseau à prendre son envol. Bien sûr, il accumule en parallèle une quantité impressionnante de bitcoins.
James Howells
Avec Satoshi Nakamoto, Dustin D. Trammell et Hal Finney, James Howells fait partie des premier à avoir fait tourné un nœud bitcoin en continu pendant une longue période au lancement du réseau, contribuant ainsi à son essor.
Il mine environ 8 000 bitcoins et devient célèbre dans les années qui suivent, pour avoir jeté par mégarde son disque dur qui en contenait plus de 7 500 ! Si l'affaire remonte à 2013, James est persuadé que son disque dur se trouve dans une décharge de Newport, au sud du Pays de Galles.
Malheureusement pour lui, le conseil municipal de la ville lui a toujours interdit de fouiller le site. Et ce bien qu'Howells ait mis sur pied un plan de 10 millions de livres sterling pour retrouver ses jetons et qu'il ce soit engagé à utiliser une partie des bitcoins pour aider la communauté de Newport.
Martti Malmi
Martti Malmi, alias Sirius, est un finlandais qui découvre Bitcoin début 2009, alors qu'il étudie l'informatique. Passionné par le projet, il contacte Satoshi Nakamoto avec qui il tisse des liens et échange longuement. Il devient rapidement l'un des plus grands contributeurs de l'époque.
En février 2024, il dévoile une partie de ses échanges avec Satoshi, lors du procès de Craig Wright en Angleterre.
Il l'aide à de nombreux niveaux et se voit confier la création et la gestion du site web du projet « Bitcoin.org » ainsi que du célèbre forum « Bitcoin Talk ». Comme les 3 personnes citées plus haut, il fait parti des premiers à avoir fait tourner un nœud Bitcoin durant une longue période.
Il fait aussi passer une étape cruciale à Bitcoin, en étant la première personne à vendre des bitcoins contre des dollars américains : il en échange 5 050 avec NewLibertyStandard (cité ci-dessous) contre 5,02 dollars, soit environ 0,001 dollar l'unité.
En 2011, lorsque le cours du BTC monte à 15 ou 30 dollar, il vend 55 000 BTC (pour 825 à 1,650 millions de dollars) afin de s'acheter un appartement près de Helsinki. Après le départ de Satoshi Nakamoto, il se retire peu à peu du projet et laisse le reste de la communauté reprendre le flambeau.
Gavin Andresen
Gavin Andresen est un développeur américain qui s'intéresse à Bitcoin en 2009 et développe le premier faucet permettant à quiconque de se faire envoyer gratuitement 5 BTC pour essayer le réseau. Plus de 5 000 bitcoins y ont été distribués jusqu’à la fermeture du site en 2012.
Il échange beaucoup avec Satoshi Nakamoto et s'implique énormément dans le projet. Il devient rapidement son bras droit et reprend le flambeau à son départ.
C'est lui qui ira présenter Bitcoin à la CIA en juin 2011, après y avoir été invité. Il dirige la Fondation Bitcoin jusqu'en 2016, qu'il quitte après avoir déclaré que Craig Wright était le créateur de Bitcoin. Il reste néanmoins engagé dans le monde des cryptomonnaies et est à l'origine de Bitcoin Cash lancé en 2017.
Mike Hearn
Mike Hearn est un développeur britannique qui a joué un rôle important dans le développement de Bitcoin. Il échange avec Satoshi Nakamoto peu après le lancement de la blockchain et contribue à de nombreuses améliorations du protocole au fil des années.
Il est le destinataire du dernier message connu de Satoshi Nakamoto qui lui annonce qu'ils souhaite passer à autre chose et laisser le projet entre des bonnes mains (celles de Gavin Andersen et de Martti Malmi).
Mike Hearn apporte beaucoup à Bitcoin jusqu'en 2016, où il quitte le projet en désaccord avec le reste de la communauté pour rejoindre l'entreprise R3 CEV, au service d’un consortium bancaire. Il estime que Bitcoin a échoué et vend tout ses jetons.
Soutenu par Gavin Andresen, il est a l'origine du fork Bitcoin XT très peu adopté, qui augmente la taille maximale des blocs.
NewLibertyStandard
NewLibertyStandard, ou NLS, à joué un rôle crucial dans le développement initial de Bitcoin en proposant en premier d'échanger les bitcoins contre des dollars américains.
Il propose ce service sur sa page personnelle (devenue un mémorial) et passe par Paypal pour envoyer et recevoir les dollars. Pour fixer le prix des premiers échanges, il se base sur le prix de l'électricité qu'il utilise pour miner ses jetons.
C'est lui qui propose d'adopter le signe BTC pour le bitcoin, à l'instar des monnaies fiduciaires qui ont toutes un symbole sur les places de marché.
Laszlo Hanyecz
Utilisateur du site de NewLibertyStandard, Laszlo Hanyecz se procure quelques bitcoins contre des dollars américains en 2010. Rapidement convaincu par le système, ce développeur américain décide de participer au réseau et de miner ses premiers bitcoins.
Il code un logiciel qui s’adapte aux cartes graphiques, beaucoup plus performantes pour cette opération que les CPU. Il accumule alors très rapidement des jetons (plus de 80 000) et est contacté par Satoshi Nakamoto lui-même, lui demandant de ralentir la cadence pour que le réseau reste accessible au plus grand nombre.
Il devient célèbre pour être le premier à échanger des bitcoins contre un bien physique : les fameuses deux pizzas à 10 000 BTC ! Il passe le message suivant sur le forum de la communauté, en anglais :
« Je paierai 10 000 bitcoins pour quelques pizzas, peut-être deux grandes, afin qu'il m'en reste pour le lendemain. J'aime avoir des restes de pizza à grignoter plus tard. Vous pouvez préparer la pizza vous-même et l'apporter chez moi ou la commander pour moi auprès d'un livreur, mais mon objectif est de me faire livrer de la nourriture en échange de bitcoins sans avoir à la commander ou à la préparer moi-même, un peu comme si vous commandiez un "plateau de petit-déjeuner" dans un hôtel ou autre, ils vous apportent juste quelque chose à manger et vous êtes content !
J'aime les oignons, les poivrons, les saucisses, les champignons, les tomates, les pepperonis, etc… des choses normales, sans garniture bizarre à base de poisson ou autre. J'aime aussi les pizzas au fromage qui sont moins chères à préparer ou à acquérir. Si vous êtes intéressé, faites-le moi savoir et nous pourrons trouver un arrangement. »
Pizza for bitcoins? (bitcointalk.org)
Après 4 jours, l'offre trouve preneur auprès de Jeremy Sturdivant qui lui fait livrer ses deux pizzas.
Marek Palatinus
Marek Palatinus, aussi connu sous le pseudo de Slush, est le fondateur du premier pool de minage Bitcoin au monde. Il le lance à l'automne 2010, en réponse à la montée en puissance du minage par processeur graphique. Ce concept, aujourd'hui très répandu, a révolutionné la façon dont les mineurs de bitcoins collaborent pour résoudre des blocs et partager les récompenses.
S'il a aidé a développer le processus de minage dès le début, sa contribution à Bitcoin ne s'arrête pas là. Il est aussi le concepteur du protocole léger Stratum et le programmeur principal derrière TREZOR, le premier hardware wallet à avoir vu le jour en 2013.
Jed McCaleb
Avant Bitcoin, Jed McCaleb était déjà connu pour avoir fondé MetaMachine Inc., l’entreprise qui à créé le logiciel de partage de fichiers en pair à pair eDonkey2000.
Il décourvre Bitcoin en 2010 et s'enthousiasme très vite pour le projet. Il essaye de se procurer des jetons et se rend vite compte qu'il est encore difficile de le faire. Face à ce constat, il décide de transformer une interface qu'il avait lancée en 2007 (initialement destinée à échanger des cartes Magic) en une plateforme d'échange de bitcoins : le tristement célèbre MtGox.
Le succès est au rendez-vous et MtGox devient rapidement la plateforme la plus conviviale et la plus utilisée pour acheter, vendre et même stocker des BTC. Elle a largement contribué à l'adoption de Bitcoin, même si elle est à l'origine du plus grand vol de BTC de l'histoire.
En 2011, Jed McCaleb revend la plateforme à Marc Karpelès, qui la mènera à la faillite en février 2014. Le parcours de McCaleb dans la cryptomonnaie ne s'arrête pas à Bitcoin, étant aussi à l'origine de projets comme Ripple et Stellar.
Julian Assange
Cypherpunk de renom, Julian Assange s'est fait connaître pour son engagement dans la lutte pour le droit à l’information. En tant que fondateur de l’ONG Wikileaks, il permit la publication de nombreux documents classifiés en vue d’informer le grand public des exactions des gouvernements. Wikileaks publia notamment des rapports secrets sur :
- La guerre menée par les USA en Afghanistan ;
- Les conditions de détention inhumaines à la prison de Guantanamo ;
- L'espionnage par la NSA de trois présidents français : Chirac, Sarkozy et Hollande, et plusieurs patrons du CAC40.
Suite à ces révélations, Wikileaks est attaqué en 2010 par certains gouvernements puis victime d'un blocus financier orchestré par toutes les grandes institutions (Visa, MasterCard, PayPal, Western Union...).
Plusieurs personnes songèrent à venir en aide à l'ONG en s'appuyant sur la proposition de valeur de Bitcoin, dès décembre 2010. Mais ceci effraya Satoshi Nakomoto qui estimait, sûrement à juste titre, que le réseau n'était pas suffisamment robuste pour affronter l'attention des États et de ceux qui tirent les ficelles de l'économie. Ces derniers auraient alors pu à l'époque facilement en prendre le contrôle et l'étouffer dans l'œuf.
7 mois plus tard, acculé, Assange décide malgré tout de passer à l'action en acceptant Bitcoin. Et ça fonctionne ! WikiLeaks reçoit des dons, parvient à poursuivre ses activités et met directement en lumière la proposition de valeur de Bitcoin et particulièrement son caractère incensurable.
En 2017, Julian Assange prend ironiquement le temps de remercier sur Twitter les différents responsables du blocus bancaire connu par WikiLeaks quelques années plus tôt :
« Mes plus vifs remerciements au gouvernement américain et particulièrement aux sénateurs McCain et Lieberman pour avoir incité Visa, MasterCard, Paypal, AmEx, Mooneybookers, et beaucoup d’autres, à faire subir un blocus bancaire illégal contre WikiLeaks dès 2010. Cela nous a amené à investir dans Bitcoin – avec un rendement supérieur à 50 000%. »
Julian Assange
Ross Ulbricht
Ross Ulbricht est le fondateur de SilkRoad, la plateforme du darkweb lancée en 2011 qui à très largement contribuée à l'adoption de Bitcoin. Libertarien et adepte de l’école autrichienne, il ouvre la plateforme pour permettre d'échanger tous types de biens et services contre des BTC, sans aucune restriction légale. Elle devient très vite l'Amazon de la drogue, servant principalement à l'achat de cannabis avec des bitcoins.
Elle ne fonctionnera que 2 ans et fermera en 2013 suite à l'arrestation de son fondateur. Ce dernier est condamné à deux peines de réclusion à vie et à 40 ans d’enfermement supplémentaires, et ne sera donc probablement plus jamais libre.
Si aujourd'hui les transactions illégales réalisées avec des bitcoins sont très largement marginales, force est de constater que la réputation de monnaie du darkweb lui colle à la peau, et est encore largement répandu par ses détracteurs.
Si le sujet vous intéresse, le Journal Du Coin vous propose une série d'articles qui retrace toute l'histoire de SilkRoad et de son fondateur, dont le premier se trouve ici.
Erik Voorhees
Libertarien convaincu, Erik Voorhees est un entrepreneur américain qui voit tout de suite en Bitcoin un moyen d'échapper aux règles en vigueurs. En avril 2012, il lance Satoshi Dice, un site de jeu de hasard fonctionnant avec Bitcoin.
Le succès est très largement au rendez vous et les parieurs font tripler l'activité on-chain. Bien que cela déplaise à certains, il contribue ainsi à l'essor de Bitcoin et revend la plateforme en 2013 pour la coquette somme de 126 315 BTC (il ne les rejouera pas sur son site...).
Roger Ver
Surnommé Bitcoin Jesus, Roger Ver est un libertarien qui découvre Bitcoin en 2011 et qui sera parmi ses plus grands ambassadeurs pendant un certain temps.
Sa société Memorydealers est la première au monde à accepter le bitcoin comme mode de paiement. Il investit massivement dans des startups liée à Bitcoin et aux cryptomonnaies, et contribue largement à faire connaître le sujet.
Fervent partisan de l'adoption du jeton comme monnaie internationale, il organise plusieurs événements pour promouvoir son développement et son adoption. Il fait partie des 5 fondateurs de la Fondation Bitcoin, une société américaine à but non lucratif qui souhaitait promouvoir et défendre le projet.
Avec son camarade de lycée Jesse Powell (fondateur de l'exchange Kraken), il prête main forte à MtGox en 2011 lors de la chute du cours du bitcoin suite au hack de la plateforme. Quelques années plus tard, il est partisan d'une augmentation de la taille des blocs sur la blockchain Bitcoin et soutient le lancement du fameux Bitcoin Cash.
Le 30 avril 2024, le Département de la Justice des États-Unis annonce l'arrestation de Roger Ver en Espagne suite à des accusations criminelles : fraude, évasion fiscale et production de fausses déclarations de revenus. Les États-Unis demandent son extradition afin qu'il soit jugé outre-atlantique.
Peter Todd
Pendant longtemps absent de la liste des principaux suspects se cachant derrière l'identité de Satoshi Nakamoto, les choses ont évolué pour Peter Todd en octobre 2024. Cet informaticien canadien né en 1985 a en effet été accusé par Cullen Hoback d'être le créateur de Bitcoin. Ces révélations ont eu lieu dans un documentaire choc intitulé « Money Electric : The Bitcoin Mystery », diffusé sur la chaîne HBO.
Inscrit sur le forum Bitcointalk le 7 décembre 2010, on trouve des traces de l'intérêt de Peter Todd pour le protocole moins d'un an après son lancement. Dans son deuxième message, il répond à Satoshi le 10 décembre 2010 sur un point technique en moins de 2 heures. Il ne postera plus rien sur le forum avant le 26 avril 2012.
Or, d'après Cullen Hoback, ce n'est pas une réponse que Peter Todd a envoyée, mais plutôt la suite du message de Satoshi. Ce dernier se serait trompé de compte pour poster son message.
Pour étayer sa thèse, le réalisateur met en avant qu'il s'agit d'un point très technique, et que, comme par hasard, Satoshi Nakamoto quitte complètement le forum 3 jours plus tard. Il souligne aussi le fait que les messages postés par Satoshi collent avec l'emploi du temps de Peter Todd et que leurs styles sont identiques (vocabulaire britannique ou canadien).
Il relève aussi qu'en 2001, à 15 ans, Peter Todd postait déjà des messages sur un autre forum dans lequel il cherchait une solution pour transformer Hashcash et les travaux d'Adam Back en monnaie. Enfin, il dévoile un message posté dans un chat dans lequel Peter annonce être le plus grand expert mondial du sacrifice de bitcoin, comme si ce dernier avait sacrifié les centaines de milliers de BTC minés par Satoshi...
Dans le documentaire, le réalisateur accuse aussi Peter Todd d'être John Dillon, un soi-disant agent du gouvernement qui s'intéressait à Bitcoin en 2013. Peter Todd aurait créé ce personnage pour couvrir ses traces.
Ces accusations manquent cependant de preuves concrètes, et il semble pour l'instant que la communauté comme le public ne soit pas convaincu par la thèse de Cullen. De son côté, Peter Todd nie catégoriquement être Satoshi.
Quelle que soit son identité réelle, qu'il ait été seul ou non, Satoshi Nakamoto n'aurait sûrement pas donné vie au premier réseau neutre et décentralisé au monde sans le travail de tous ces hommes. C'est grâce à leur esprit libertaire, leurs convictions et compétences techniques qu'ils ont fondé les bases d'un actif sans équivalent.
Maintenant que vous en savez plus sur les personnages qui ont oeuvré de près ou de loin à l'émergence de Bitcoin, penchons nous sur la chronologie des événements qui ont marqué son histoire.