Comment refuser le poste de vice-président de Goldman Sachs ?
On entend souvent les grandes institutions financières aborder l’espace crypto avec un brin de condescendance. Comme si notre petit monde n’avait pas de raison d’être, aucune valeur intrinsèque, pas d’avenir. Pourtant, de plus en plus de cerveaux aux CV remarquables commencent à quitter le navire des grandes banques traditionnelles pour rejoindre celui des cryptomonnaies et des fintechs.
Parmi les exemples les plus parlants, certains d’entre vous ont peut-être déjà entendu parler de Chris Mata. Diplômé Magna Cum Laude en économie et finance par le Collège du New Jersey, il avait rapidement réussi à se trouver une place au sein de Goldman Sachs.
Une fois rentré dans la banque, Mata s’est retrouvé à la tête du Goldman Sachs Philantropy Fund, et par la même occasion gestionnaire de plus de 7 milliards de dollars en actifs divers.
Après six années de services, où Mata a aidé à implémenter des nouvelles technologies au sein de l’entreprise (notamment certaines techniques d’analyse de big data), une promotion de taille attendait le jeune homme de 28 ans. Il était, en effet, nommé, en décembre dernier, vice-président de la banque, une position – on n’en doute pas – incroyablement lucrative.
Et pourtant, à peine deux jours après, Mata annonçait sa démission. Oui, Chris Mata avait passé près de 7 ans à gravir les échelons de Wall Street pour en arriver au sommet, et décidé en deux jours de tout abandonner.
La raison de cette démission ? Vous vous en doutez, c’est l’explosion de Bitcoin, et du secteur des cryptomonnaies dans son ensemble. Accompagné de deux de ses collègues, Michael Kazleyet & Ali Hassan, Chris Mata est parti sans se retourner afin de monter un fonds d’investissement crypto : le Crescent Crypto Fund.
Ce n’est pas seulement un poste à hautes responsabilités (et salaire) que Mata laissait derrière lui, mais également son bonus annuel qu’il choisissait d’abandonner en partant avant la fin de l’année. Interrogé par CNBC, Mata expliquait qu’il n’avait aucun remords.
« Il est clair qu’en quittant Goldman Sachs, on laisse une sacrée somme d’argent sur la table. Mais j’y ai vu un risque calculé. Ils ont appelé le CEO de mon organisation, et son discours consistait essentiellement en « Vous êtes fou ? Vous vous rendez compte des risques que vous prenez ? Vous êtes en train de laisser tomber votre bonus ! » » Chris Mata
Apparemment, ses managers lui auraient proposé de rester au moins jusqu’à février, histoire de toucher ce fameux bonus accordé à tous les traders selon leurs performances de l’année. Pourtant, malgré une place en or et une somme conséquente sur le point de lui être versée, Mata a préféré se diriger vers le monde des cryptomonnaies, un monde dans lequel il a démarré son incursion en 2016. Il était d’ailleurs déjà réputé au sein de l’entreprise comme un expert crypto.
« Les gens me demandaient des choses à ce sujet en non-stop. Ils me disaient « Je te donne 50 000 $ , tu peux [investir] pour moi ? » Chris Mata
Malgré la grosse correction qui est intervenue rapidement après sa démission, Mata reste déterminé. Pour lui, les cryptomonnaies peuvent révolutionner la finance.
« Chez Goldman, on est toujours à la recherche de catégorie d’actifs alternatifs, et j’ai dit : peut-être que c’est une alternative que nous devrions commencer à prendre sérieusement. […] Soit [bitcoin] va à zéro, soit il va décoller vraiment bien plus haut. » Chris Mata
Ce genre d’attitude semble se multiplier dans le monde de la finance. Mata était à l’origine rentré dans Goldman Sachs pour un cursus d’été sur le trading, avant de décrocher une place dans l’institution. Son fonds – Crescent Crypto – gère actuellement plus de 50 millions de dollars en actifs numériques, et, même en cas d’écroulement du marché, Mata considère qu’il aura gagné des connexions et une expérience qui n’ont pas de prix. Que ce soit au niveau des individus, ou plus largement des institutions elles-mêmes, il devient vraiment complexe d’échapper à l’engouement pour les cryptomonnaies.
Ainsi, nous sommes bien face à ce qui pourrait être un tournant décisif. On rappelle quand même que Chris Mata a refusé un poste de vice-président d’une des plus puissantes banques au monde pour monter sa propre entreprise contre vents et marées, à un moment ou le FUD faisait la loi sur le marché. De voir des gens vraiment érudits sur le monde de la finance prendre de tels risques, en clamant haut et fort qu’ils ne le regretteront certainement pas, voilà qui est pour le moins très encourageant !
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Sources : Toshitimes ; CNBC || images from Shutterstock.com