Tata Colette #1 « Bitcoin est une pyramide de Ponzi ! »
« Ton Bitmachin là, ils ont dit à la télé que c’était un Bonzai (Ponzi ?). Tu vas finir en prison comme Bernard si tu continues à jouer avec ça. » Tata Colette
C’est par cette véritable remarque que nous allons commencer notre nouvelle série. Laissez-moi tout d’abord vous présenter rapidement ma tata.
Colette, 62 ans, jeune retraitée, redoute par-dessus tout d’être considérée comme une ringarde. Entre le suspense insoutenable du Bingo et les danses endiablées avec les copines lors des guinguettes, elle a une autre passion : le JT du midi de TF1 présenté par l’étalon Jean-Pierre Pernaut, que Colette regarde amoureusement tous les jours. Cet apport d’informations, renforcé occasionnellement par le Sept à Huit du ténébreux Harry Roselmack, lui permet d’avoir un avis sur tout qu’elle partage généreusement.
Cette série recense à travers des articles courts toutes les remarques entendues lorsqu’on évoque « Bitmachin ». J’espère qu’ils vous seront utiles dans vos débats enflammés avec vos tatas Colette.
« Bitcoin est un poison nocif ! » Charlie Munger (14/02/2018)
« Tout ça finira mal ! » Warren Buffet à propos de Bitcoin (11/01/2018)
Le jour de la St Valentin est traditionnellement placé sous le signe de l’amour mais cela n’a en rien affecté la déclaration de Charlie Munger. Pour ceux qui ne connaissent pas Warren et Charlie, ce sont les Batman et Robin de l’investissement. Ils contrôlent Berkshire Hathaway qui est considérée comme une des plus grosses réussites parmi les sociétés d’investissement : 10 000$ investis en 1964 vaudraient 125 000 000 $ aujourd’hui. Ce n’est pas Bitcoin mais en considérant qu’entre-temps ils ont plusieurs crises du pétrole, la guerre froide, la bulle internet et les subprimes, pas de quoi se plaindre.
Comme Warren et Charlie, il est difficile pour Colette d’évoquer Bitcoin sans parler de la Tulipomanie de 1636 et de tous les autres systèmes pyramidaux qui ont suivi.
Qu’est-ce qu’une pyramide de Ponzi ?
Charles Ponzi est un italien qui a vécu de 1882 à 1949. C’est lui qui a rendu célèbre l’escroquerie qui porte maintenant son nom, la « Chaine de Ponzi » ou la « Pyramide de Ponzi ». C’est un principe tout simple de redistribution de richesse : vous prenez l’argent des nouveaux entrants pour le donner aux plus anciens. Ce système marche tant que vous arrivez à recruter des nouveaux investisseurs et qu’il n’y a pas de retraits massifs. Autrement, comme en 2008 avec Madoff, toute la pyramide s’écroule.
Historique des pyramides de Ponzi
« Il faut placer son argent dans des produits garantis par le gouvernement ! C’est la sécurité, c’est garanti ! » Tata Colette
Et pourtant, si elle savait… Dans l’histoire, une grande partie de ces escroqueries ont été mis en place, ou soutenues, par les gouvernements.
« Mais tu cherches la petite bête ! Ça n’arrive que dans les pays du tiers monde »
Mais Tata Colette, regarde-moi cette liste d’arnaques soutenues par les gouvernements bien de chez nous :
- Bulle de la Compagnie du Mississippi (1718) – Le responsable, John Law, un ancien meurtrier et joueur compulsif, était soutenue par la Banque de France
- Krach de la Compagnie de la mer du Sud (1720) – Compagnie issue d’un partenariat public-privé avec la couronne d’Angleterre
- Bulle des emprunts « Poyaisiens » (1826) – Ponzi mis en place avec le soutien du gouvernement britannique qui a conduit à la première crise de la dette en Amérique Latine.
Cas d’école d’un crypto-ponzi : Bitconnect
Nous avons déjà établi une liste de critères pour repérer un Ponzi dans Bitconnect, la guerre des clones, et nous avons également publié un article détaillé démystifiant le système Bitconnect. Nous prendrons donc pour exemple Bitconnect pour établir une liste de caractéristiques d’un Ponzi.
- Des fondateurs louches – une simple recherche sur Google aurait suffi pour voir que M. Ken Fitzsimmons, fondateur officiel de Bitconnect, était un personnage fictif.
- Une stratégie peu transparente – Bitconnect avait annoncé avoir développé un algorithme de trading ultra secret qui leur permettait de garantir un retour sur investissement important.
- Une garantie de retours sur investissement constants et trop belle pour être vraie
- Difficulté à recevoir son argent – dans le cas de Bitconnect, il fallait bloquer son argent sur la plateforme pendant plusieurs mois.
- Un marketing extrêmement agressif
- L’affiliation – le fait de gagner de l’argent en amenant d’autres investisseurs
Et Bitcoin alors ? Ponzi ?
Appliquons les critères ci-dessus à Bitcoin :
- Fondateurs – Bon … Personne ne sait qui est Satoshi Nakamoto mais ça fait aussi une des forces du réseau. Dans plusieurs projets antérieurs à Bitcoin, les fondateurs avaient une tendance à être mis en prison et le projet arrêté. Nous avons aussi pu constater qu’à chaque fois qu’une personne clamait être Satoshi, elle avait toujours droit à une visite de la police. Bitcoin a pour but d’être résistant au gouvernement et l’anonymité de son fondateur participe à cette résistance.
- Stratégie / Retour sur investissement – Il n’y a pas de stratégie Bitcoin pour vous faire gagner de l’argent : Dans le whitepaper publié en 2008, il n’y a aucune mention de retour sur investissement. Le but de Bitcoin n’a jamais été d’être un investissement rapportant de l’argent. C’est un projet open source dont le code est accessible à tous et dont toutes les transactions sont visibles.
- Difficulté à retirer son argent – Il n’y a aucune promesse sur un quelconque gain futur lorsque vous achetez un bitcoin. Au cours d’aujourd’hui, si vous me donnez 10 000$, je vous donne un Bitcoin. Le prix peut monter ou descendre par la suite, mais en attendant je vous ai donné ce pour quoi vous avez payé. Si vous voulez récupérer votre argent, c’est une transaction classique : Vous trouvez un acheteur qui accepte de payer le prix que vous demandez et le tour est joué !
- Importance du marketing – c’est la communauté de fans qui fait vivre le Bitcoin, souvent de façon bénévole. Il n’y a pas une autorité qui décide de faire de la publicité ou de distribuer des lambos.
- Gagner de l’argent en amenant des gens – Bitcoin ne génère pas de revenus, c’est juste un programme informatique. Son prix est corrélé à l’offre et la demande, comme sur tout marché classique. Dans un schéma pyramidal, plus vous entrez tôt et plus vous êtes riches car vous avez profité de l’argent de ceux qui sont arrivés derrière. Pour Bitcoin, il n’y a pas cette corrélation. C’est vrai pour ceux qui ont HODL depuis le début mais comme sur un marché classique, tout dépend de votre stratégie d’investissement.
Conclusion : Bitcoin n’est pas une pyramide de ponzi
Les « experts » (Tata Colette y compris) qui considèrent Bitcoin comme un Ponzi sont nombreux. Si nous remontons quelques années en arrière, c’était le cas aussi dans les débuts de l’Internet. Où sont ces experts aujourd’hui ? Plus personne en 2018 n’aurait l’idée de dire qu’Internet ne sert à rien et n’apporte rien à la société.
« L’ennui dans ce monde, c’est que les idiots sont sûrs d’eux et les gens sensés pleins de doutes » Bertrand Russel
Je n’ai rien contre ces gens (souvent d’un certain âge) car je pense que pour la plupart il n’y a pas de malveillance. C’est le résultat de l’ignorance et l’incapacité à voir sur le long terme. Nous devons regarder droit devant nous et continuer à développer la technologie et l’écosystème pour les générations futures. Bitcoin a commencé en 2008. En 10 ans les cryptomonnaies sont devenues un marché évalué aujourd’hui à 435 milliards de dollars, et ce n’est que le début. Des investisseurs entrent sur le marché tous les jours, des entreprises se développent sur la blockchain et des milliers d’emplois sont créés. Bitcoin n’est pas un Ponzi ; Bitcoin n’est pas une mode passagère ; Bitcoin est le futur et est là pour rester.