BRI : Bitcoin ne menace pas la stabilité du système financier
La BRI (Banque des Règlements Internationaux – BIS pour les anglophones) a récemment publié un rapport se penchant sur la régulation des cryptomonnaies par les institutions. Dans ce rapport, la « Banque des Banques » (comme on aime à l’appeler) étudie les possibilités de réglementation, les causes de la volatilité qui paraît inhérente au marché ainsi que l’impact que pourraient avoir les cryptomonnaies sur la finance « traditionnelle ». Le ton est nettement moins incisif que ce à quoi l’institution nous avait habitué, puisque il est affirmé que « les cryptomonnaies ne posent pas – pour l’instant – de risque réel. ».
BRI et cryptomonnaies : « je t’aime, moi non plus »
Ce n’est pas la première fois que la BRI se prononce sur le sujet des cryptomonnaies. Évidemment, l’entité n’a jamais été très favorable au concept, comme le montre leur rapport précédent sur le sujet (daté du 17 juin). Quand on est aux commandes de la plupart des banques centrales, les cryptomonnaies peuvent être considérées comme des concurrentes directes. On se souvient encore d’Augustin Carstens – le directeur général de la BRI – qui prenait la parole il y a tout juste deux mois à ce sujet.
« Les jeunes gens devraient utiliser leurs nombreux talents et capacités au profit de l’innovation, pas pour réinventer la monnaie. C’est une erreur de penser que la monnaie peut être créée à partir de rien. Regardez dans le passé, et vous verrez que créer de l’or ou des monnaies à partir de rien a régulièrement été une obsession. Ça n’a jamais marché. Donc, mon message aux jeunes générations serait : arrêtez d’essayer de créer des monnaies ! » Augustin Carstens
Pauvre Augustin. Voir un monopole préservé depuis si longtemps lui échapper peu à peu, on comprend, c’est difficile. Pourtant, alors qu’on pensait que la BRI finirait par sortir la grosse artillerie afin de s’attaquer aux cryptomonnaies, ce nouveau rapport tempère grandement le point de vue que l’on attribuait à la banque. Pas une seule mention du « désastre écologique » (qui était pourtant leur cheval de bataille), plus une seule trace de l’argument (profondément ironique venant de la BRI) « les cryptomonnaies n’ont aucune valeur intrinsèque ».
Il est clair que l’institution ne porte pas les cryptos dans son cœur, mais cette fois, le rapport comporte moins d’énormités que le précédent.
« Le marché est encore jeune… »
…Et c’est sans doute ça le problème ! En effet, la capitalisation totale sur le marché crypto ne dépasse que rarement les 300 milliards de dollars. Somme conséquente, certes, mais on est encore loin de l’adoption générale. Cette somme ne représente même pas 1/3 de la capitalisation totale sur l’or, par exemple.
Cette « faible » capitalisation joue un rôle essentiel dans l’évolution des prix. Une bonne partie du rapport se concentre sur l’impact qu’ont eu certaines news sur le prix, par exemple lors du refus de l’ETF des Winklevoss.
- La ligne verticale marque 21h04, le 10 mars 2017 (gros titre : « La SEC refuse la demande d’ETF Bitcoin »)
- La ligne verticale indique 07h17, le 22 juin 2018 (gros titre : « La FSA ordonne à 6 exchanges crypto d’améliorer leurs pratiques concernant des mesures AML laxistes »)
Ainsi, alors que le principe des cryptos est de s’absoudre des réglementations financières trop autoritaires, la plupart des news au sujet de la réglementation impactent paradoxalement le prix.
Cette analyse est assez valable, mais, si vous êtes day trader, vous avez bien dû vous rendre compte que le prix ne suit pas toujours l’actualité de façon logique. Ainsi, on peut difficilement « standardiser » la façon de prévoir l’impact d’une news sur BTC & cie, mais la BRI s’essaye quand même à la pratique au sein de son rapport.
Finalement, la conclusion du rapport argue que les cryptomonnaies ne posent « pas de risques pour l’instant », et qu’une intervention politique est encore envisageable. Il est en effet relevé que, pour la plupart des acteurs, il est nécessaire de passer par des institutions « traditionnelles » pour récupérer ses gains, par exemple. Cela donne donc une porte d’entrée aux régulateurs, et leur permet d’avoir un minimum d’influence sur les crypto-enthousiastes.
« Ces résultats suggèrent que les marchés cryptos s’appuient sur les institutions financières réglementées pour fonctionner et que ces marchés sont cloisonnés d’une juridiction à l’autre, ce qui met les cryptomonnaies à la portée de la réglementation nationale. » Extrait du rapport
L’autre point intéressant de cette conclusion, c’est le lien qu’elle fait entre une éventuelle perte de confiance dans les cryptomonnaies qui, si la situation se présentait, serait probablement annonciatrice d’une perte de confiance dans le système financier « conventionnel ».
« Cela dit, de nouveaux types de produits-cryptos, comme les fonds d’investissement et les produits dérivés, créent des liens supplémentaires avec le système financier. Qui plus est, les cryptomonnaies et crypto-actifs peuvent se greffer sur le système financier conventionnel. Une perte de confiance du public dans les marchés des crypto-actifs pourrait se traduire par une perte de confiance à l’égard du système financier en général, ainsi qu’à l’égard de ses organismes de réglementation. » Extrait du rapport
La BRI semble donc prête à changer de posture face aux cryptos. Ce rapport est tout de même plutôt étoffé, et ne comporte pas de déclarations chocs tirant vers le FUD. La majorité de l’analyse est d’ailleurs concentrée sur la façon de « prédire » les variations de prix, ce qui prouve bien que la banque y voit un intérêt.
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Sources : AMBcrypto ; CCN ; Coindesk ; Bitcoinist ; Bis|| Images from Shutterstock